Evolution: ça plane pour le lézard

Publié par Michel le 27/12/2009 à 00:00
Source: CNRS (Journal)
Illustration: © R.Boistel
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Pas d'écailles en forme de volets, pas de larges membranes à offrir en résistance à l'air. Et pourtant il plane ! Comment, sans ces attributs morphologiques dont jouissent certains de ses cousins volants, le petit lézard africain Holaspis guentheri fait-il pour ralentir sa chute ?

Une collaboration européenne vient de percer ce mystère. "Tout d'abord, une équipe de l'université d'Anvers a analysé les performances du lézard africain car elles n'avaient été mentionnées que brièvement dans des publications à la fin des années 1950", explique Renaud Boistel, du laboratoire "Mécanismes adaptatifs: des organismes aux communautés" (Unité CNRS / Muséum national d'histoire naturelle). Résultat de l'expérience belge: s'élançant d'une hauteur de 2 mètres, notre lézard réduit en effet sa vitesse de descente et parcourt une distance de 80 centimètres. Une sorte d'effet parachute lui permet ainsi d'infléchir sa trajectoire au lieu de tomber à la quasi-verticale comme une pierre. Le lézard des murailles, spécimen bien connu de nos contrées et lui aussi dépourvu de tout aileron, parvient également à le faire mais ne parcourt, lui, que 50 centimètres. "Le lézard africain aplatit fortement son corps, il offre donc une surface portante plus grande. Mais cela ne suffit pas à expliquer sa performance par rapport au lézard des murailles", reprend le chercheur français, appelé à la rescousse dans cette étude. Sa mission: chercher l'explication à l'intérieur du lézard, ou plutôt dans son squelette, fortement soupçonné d'une légèreté hors norme.


Modèle 3D du squelette du lézard africain Holaspis guentheri
réalisé grâce au synchrotron de l'ESRF de Grenoble.

Grâce à la technologie synchrotron de l'ESRF (European Synchrotron Radiation Facility) de Grenoble, il réalise donc des images en rayons X de différents types de lézards et en particulier des deux espèces citées plus haut. Dans la multitude de vues en coupe obtenues, il distingue tissus mous et tissus osseux avant de les assembler en un modèle 3D du squelette complet. L'analyse morphométrique (mesure de longueurs, de volumes, etc.) est en cours. Quoi qu'il en soit, chez Holaspis, la finesse des os et les nombreux foramens (trous), notamment dans le crâne, ne laissent d'ores et déjà aucun doute: "Si on ramène les deux lézards à des dimensions identiques, donc à des surfaces portantes identiques, Holaspis présente clairement un poids plus faible que le lézard des murailles", conclut Renaud Boistel. Ces résultats, publiés en septembre dans The Journal of Experimental Biology, livrent donc la clé d'une vieille énigme. Ils apportent aussi des données nouvelles pour la connaissance de ces espèces, notamment pour l'étude de leur évolution.
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