Les ours découplent température et métabolisme au cours de l'hibernation

Une nouvelle étude révèle que bien que l'ours noir réduise légèrement sa température durant cette période, l'activité de son métabolisme s'effondre de façon spectaculaire et tombe à environ 25 pour cent de la normale. Ceci est inattendu car on estime généralement que les processus chimiques et biologiques qui se déroulent dans un organisme diminuent d'environ 50 pour cent pour chaque baisse de 10 °C.

Les ours noirs d'Alaska n'abaissent leur température interne que de cinq ou six degrés alors que leur métabolisme ralentit bien plus qu'attendu dans ces conditions. De plus, leur métabolisme reste selon les chercheurs très réduit plusieurs semaines après que les animaux sont sortis de leur torpeur. Øivind Tøien, de l'Université de l'Alaska Fairbanks, Institut de Biologie Arctique, à Fairbanks, et ses collègues ont pu obtenir des ours du Department of Fish and Game de l'Alaska qui s'étaient aventurés un peu trop près des installations humaines et ils les ont placés dans des structures mimant leur tanière. Ces abris étaient situés dans un bois, loin de toute perturbation humaine, et équipés de caméras infrarouge, de détecteurs d'activité et d'autres appareils de mesure à distance. Les chercheurs ont aussi implanté des émetteurs radio dans chaque ours pour enregistrer la température de son corps, ses battements cardiaques et son activité musculaire.

Leur étude est la première à avoir fait la mesure en continu de l'activité métabolique et de la température corporelle d'ours noirs américains, ou Ursus americanus, au cours d'une hibernation dans des conditions naturelles. L'ours passe cinq à sept mois sans manger ni boire, uriner ou déféquer avant d'émerger dans pratiquement les mêmes conditions physiologiques que son entrée en hibernation. Ces résultats suggèrent aux chercheurs qu'à l'avenir les données recueillies dans cette étude pourront servir pour différents objectifs, de l'amélioration des soins médicaux aux voyages lointains dans l'espace.