Fonte des glaces: pas d'autoroute maritime au pôle Nord

Publié par Adrien le 12/04/2011 à 12:00
Source: Yvon Larose - Université Laval
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"Les scénarios de développement du trafic maritime dans l'Arctique sont largement hypothétiques. Les inconvénients, notamment les risques de délais, sont jugés trop importants pour des gains perçus comme relativement mineurs."
Photo: Jonathan Hayward Presse Canadienne
Selon Sébastien Pelletier, la plupart des compagnies de transport maritime montrent peu d'intérêt pour un océan Arctique libéré de ses glaces en été.

Le rêve d'une route maritime plus courte entre l'Europe et l'Asie par l'océan Arctique enflamme à nouveau l'imagination grâce à la fonte accélérée de la banquise, l'été. Un tel parcours permettrait notamment de raccourcir d'environ 8 000 km le trajet actuel entre Londres et Yokohama, au Japon, via le canal de Panama, en Amérique centrale. Est-ce à dire qu'un important trafic de transit sillonnera bientôt des autoroutes maritimes sur l'océan Arctique canadien? "Les scénarios de développement du trafic maritime dans l'Arctique sont largement hypothétiques, répond Sébastien Pelletier, doctorant en sciences géographiques. Et ils ne correspondent pas à l'analyse des perceptions des armateurs."

Le 22 mars, à l'occasion du 7e Colloque étudiant de l'Institut EDS au pavillon Gene-H.-Kruger, Sébastien Pelletier a livré les principaux résultats d'une enquête empirique menée avec son directeur, le professeur Frédéric Lasserre, jusqu'à l'été 2010 auprès de 142 sociétés de transport maritime uniquement actives dans l'hémisphère Nord. Ces entreprises exploitent 8 148 navires. Sur les 98 répondants, 17 ont dit souhaiter développer leurs activités dans l'Arctique, 10 ont répondu peut-être et 71 non.

"Sur les 17 entreprises intéressées, 3 font déjà le transport du vrac dans l'Arctique et 5 transportent des marchandises générales, explique Sébastien Pelletier. Elles ont toutes manifesté le désir de renforcer leur offre." La desserte des populations locales et l'exploitation des minéraux constituent présentement le moteur de la croissance du trafic maritime dans l'Arctique. "Mais cette croissance s'annonce limitée, indique-t-il. Un nombre réduit de navires suffira pendant longtemps pour desservir les entreprises minières sur place. On peut penser à la mine de fer de Mary River, sur l'île de Baffin. L'exploitation de cet immense gisement de 365 millions de tonnes de minerai ne devrait nécessiter que huit navires."

Les armateurs du secteur du transport de conteneurs ont exprimé le refus le plus net avec 37 non et 3 peut-être. "Ce secteur n'est pas du tout intéressé, souligne Sébastien Pelletier, entre autres à cause des contraintes du mode juste-à-temps. Les navires doivent livrer leur cargaison à tel jour et à tel port, sinon le client risque un épuisement provisoire de son stock. Les inconvénients, notamment les risques de délais, sont jugés trop importants pour des gains perçus comme relativement mineurs."

Puisque les routes de transit ne pourraient fonctionner que l'été, les transporteurs de conteneurs devraient refaire leurs horaires deux fois l'an. En outre, ils auraient beaucoup de difficulté à prévoir à quel moment la glace se reformera à l'automne et quand elle se disloquera au printemps. Et que dire des menaces à la sécurité des navires en raison de la présence de glace dérivante et de bancs de brouillard, en raison de la rareté des infrastructures portuaires ou d'aide à la navigation, sans parler de l'imprécision des cartes marines? "La vitesse des navires devra constamment varier, soutient Sébastien Pelletier. Elle devra être réduite, notamment au commencement de la fonte annuelle de la banquise s'il y a un risque notable de rencontrer de petits blocs de glace très dure d'un à deux mètres d'épaisseur qui surnagent à peine au-dessus de l'eau. Ces blocs peuvent parfaitement couler un navire à coque non renforcée lancé à pleine vitesse."
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