L'architecture vernaculaire étudiée avec des maquettes

Publié par Isabelle le 29/04/2011 à 00:00
Source: Pascale Guéricolas - Université Laval
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Cette maquette d'une maison innue de la Côte-Nord a été conçue par Johannie Dubé et Louis-Xavier Gadoury.
Comment les humains habitent-ils leur planète et comment tissent-ils des liens avec leur environnement et le milieu qu'ils habitent ? C'est ce qu'ont tenté de comprendre les étudiants du cours d'architecture vernaculaire d'André Casault, en fabriquant, en équipe de deux, des maquettes représentant des habitations de pierre de l'île de Santorin en Grèce, les premières maisons sédentaires des Innus de Pessamit ou encore la yourte mongole adaptée pour les parcs québécois. Faire une maquette la plus réaliste possible d'un habitat innu, polynésien, québécois, yéménite, chinois ou autre leur a aussi permis de mieux comprendre comment l'architecture d'une maison ou d'un bâtiment répond à des facteurs comme le climat, le lieu de résidence, l'organisation sociale ou encore les mythes d'un peuple.

Il devient très rare pour les architectes d'aujourd'hui de produire des reproductions en miniature des maisons ou des édifices qu'on leur commande. Les dessins à l'ordinateur ou des esquisses en 3D permettent aux utilisateurs de comprendre leur création. D'où l'intérêt pour un étudiant comme John Voisine de se frotter à cette nouvelle réalité. "Pour bâtir les façades, construire les pièces de notre maison tour yéménite de Sanaa, il a fallu les comprendre dans leurs moindres détails, les dessiner en coupe, souligne ce bachelier en urbanisme. Il y a peu de chances que je construise une maison de ce type dans ma carrière, mais je pourrais utiliser certains éléments stylisés dans d'autres constructions"

En compagnie de son collègue Thomas Starc, l'étudiant a reconstitué une construction de plusieurs étages telle que les habitants de la capitale yéménite en bâtissent depuis 400 ans. Habitées traditionnellement par les riches marchands pourvus de plusieurs épouses, ces maisons tours accueillaient, à chaque étage, une femme et ses enfants, le maître des lieux se réservant les derniers niveaux pour notamment recevoir. Un ingénieux système de collecte des eaux usées permettait d'arroser le jardin intérieur. Julien Roy-Beauchamp et Carl Latulipe-Hébert ont eux aussi revisité un mode de vie traditionnel, celui des habitants de Pékin qui demeuraient dans des maisons donnant sur une cour. Les deux étudiants ont eu accès aux photos et aux dessins de leur professeur André Casault qui avaient rencontré une famille du Vieux-Pékin en 1985. Leur maquette rend compte de la vie des trois générations Huo qui partagent une cour commune en disposant chacune d'une série de pièces de plain-pied.

"À mon retour en Chine, il y a deux ans, j'ai pu rencontrer à nouveau les Huo dont la maison a été démolie, témoigne le professeur à l'École d'architecture. Ils vivent désormais en banlieue de Pékin, mais les trois générations habitent ensemble un grand appartement. Une solution qui leur convient." Selon André Casault, construire une maquette avec minutie permet à ses étudiants de plonger dans le mode de vie des gens, de s'imprégner de l'histoire d'une habitation. Une expérience qu'a vécue intensément Johannie Dubé en faisant la connaissance d'une famille innue à Pessamit sur la Côte-Nord. En compagnie de son coéquipier Louis-Xavier Gadoury, l'étudiante a minutieusement mesuré la maison de 1954, agrandie au fil des 15 enfants qui ont vu le jour et des subventions liées au logement. "Pour la maquette, nous avons pris soin de respecter les types de revêtement de plancher à l'intérieur, ou même l'usure de la neige sur le terrain, note Johannie. On voulait vraiment rester le plus proche possible de la réalité." Ce travail a conforté l'étudiante en architecture dans son désir de construire une résidence pour les gens qui vont l'habiter, en s'efforçant de prendre en compte leurs besoins et leur culture.

En construisant un refuge forestier au milieu d'un bout de forêt dans Bellechasse, Sédric Bolduc et Alexis Ruelland ont pris conscience de l'importance du site pour ceux qui l'habitent. Écologiste avant l'heure et amoureux des arbres, le grand-père d'Alexis s'est bricolé un abri proche de la source qu'il protège depuis plusieurs décennies. "Il veut profiter de la nature sans la déranger, témoigne son petit-fils. Pour lui, la beauté de l'environnement est bien plus importante que l'aménagement de son abri, construit à partir d'un ancien camion réfrigéré." En discutant de sa vision de la planète, l'étudiant en architecture a pris conscience que certains lieux génèrent chez leurs habitants une spiritualité qui transcende bien des modes et des styles de construction. De quoi donner une leçon d'humilité aux futurs bâtisseurs. Jusqu'au 8 mai prochain.
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