Le cerveau devient plus économe avec l'âge

Publié par Adrien le 07/09/2011 à 00:00
Source: Université de Montréal
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La tâche consiste à associer le mot "poignée" à l'un des quatre de la série du haut. La règle d'association, qui change au cours de l'exercice, est la catégorie sémantique ("cadran"), la rime ("araignée") ou le début du mot ("poivron").
On croit souvent que le vieillissement du cerveau s'accompagne inévitablement d'une diminution de sa capacité cognitive. Il s'agit là d'un préjugé à repousser, selon ce que montrent les travaux du Dr Oury Monchi, professeur au Département de radiologie, radio-oncologie et médecine nucléaire de l'Université de Montréal et chercheur au Centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal.

Une recherche effectuée avec son doctorant Ruben Martins dévoile que le cerveau âgé d'une soixantaine d'années performe tout aussi bien que celui de 20 ans dans des tâches lexicales, mais qu'il utilise des stratégies cognitives différentes.

À l'aide de l'IRM fonctionnelle, les chercheurs ont mesuré l'activation cérébrale dans des zones du cortex frontal et des aires sous-corticales correspondantes (les boucles fronto-striatales) afin de vérifier si cette activation variait selon l'âge.

"Mes travaux portent sur la maladie de Parkinson et nous savons que cette maladie réduit l'activité neuronale ainsi que le taux de dopamine dans ces zones du cerveau, explique le Dr Monchi. Une légère baisse du nombre de neurones est aussi observée dans la même région chez les personnes âgées et en bonne santé. Nous avons voulu savoir comment s'activent ces zones lorsque les sujets exécutent des tâches cognitives."

Ne pas s'inquiéter inutilement

L'expérience a donc porté sur deux groupes de sujets, le premier constitué de gens âgés de 18 à 35 ans et le second formé de personnes de 55 à 75 ans, tous en bonne santé et actifs. L'exercice consistait à associer diverses séries de mots par catégorie sémantique, par terminaison ou par début du mot (voir l'exemple ci-contre). Au fil du déroulement de l'exercice, la règle d'association changeait et les sujets, informés qu'ils venaient de se tromper, devaient découvrir la nouvelle règle à appliquer.


Oury Monchi
"L'idée était de voir comment réagit le cerveau lorsqu'on se trompe et qu'il faut trouver une solution, précise le professeur. Cela nous permet de savoir comment une personne peut s'adapter à un environnement changeant."

Alors que les chercheurs s'attendaient à une diminution d'activité chez le groupe plus âgé, ils ont plutôt noté un profil d'activation différent selon l'âge. Quand les jeunes étaient informés de leur erreur à la suite d'un changement de la règle, une boucle fronto-striatale associée à la réflexion s'activait avant même qu'une nouvelle série de mots leur soit proposée; une seconde boucle, liée à l'action, s'activait pendant l'exécution de la tâche. Chez les personnes plus âgées, les deux boucles ne s'activaient que lorsque la nouvelle tâche était présentée, donc au moment de l'action.

"Cela nous montre qu'avec l'âge nous n'ajustons le tir que lorsque c'est absolument nécessaire, affirme Oury Monchi. Ça ne se fait pas consciemment, mais le cerveau plus expérimenté cherche à économiser ses énergies et à optimiser ses ressources. C'est une bonne stratégie de vie qui nous permet d'être moins angoissé et plus sage alors que les jeunes cherchent à anticiper ce qui va arriver. Cette tendance est encore plus forte chez les enfants."

D'aussi bonnes performances

Les résultats indiquent que les sujets du groupe plus âgé ne commettaient pas plus d'erreurs que ceux du groupe plus jeune, bien que le temps d'exécution ait été un peu plus long dans le premier groupe.

"Vieillir n'implique pas automatiquement un déclin cognitif, conclut le Dr Monchi. Le déclin est plutôt lié à la mauvaise santé et nous savons que l'activité physique et mentale de même qu'une saine alimentation nous aident à rester en santé."

Pour le chercheur, ces travaux qui nous éclairent sur le fonctionnement cérébral ouvrent la voie à des thérapies cognitives destinées à assurer un vieillissement optimal tant chez les personnes souffrant de maladies neurodégénératives que chez celles en santé.

Ces travaux paraitront dans le prochain numéro de Cerebral Cortex et sont présentement accessibles sur le site Web de la revue.

Daniel Baril

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