Quels sont les secrets d'une belle dentition ?

Bien que toutes les publicités des produits d'hygiène dentaire mettent l'accent sur des dents étincelantes, la blancheur des dents est loin d'être le principal critère d'évaluation de l'esthétique d'un sourire. Ce sont l'état des dents et leur position qui sont les principaux repères. La largeur du sourire, qu'on croirait être également l'un des critères déterminants de l'esthétique du sourire, arrive au dernier rang.

La dentisterie esthétique - orthodontie et prosthodontie - est un secteur en pleine expansion, mais les spécialistes de ce domaine n'ont que très peu d'information objective leur permettant de savoir à partir de quels éléments un non-spécialiste juge qu'un sourire et les dents qu'il dévoile forment un ensemble esthétique ou non. Manuel Grégoire vient de réaliser l'une des premières études sur ce sujet en y consacrant ses travaux de maitrise à la Faculté de médecine dentaire de l'Université de Montréal.

"Les dentistes ont leurs propres critères d'évaluation et sont plus sévères que le public en général, affirme le jeune dentiste. L'objectif de cette recherche est d'amener la profession à offrir des traitements qui vont satisfaire les patients plutôt que les dentistes."

Usure et position des dents

Dans un premier temps, le chercheur a demandé à 263 étudiants de disciplines autres que la médecine dentaire de placer par ordre d'importance quatre éléments pouvant influer sur l'esthétique du sourire. L'usure des dents vient au premier rang pour 40 % des sujets, suivie de la position des dents (36 %), de la teinte des dents (18 %) et de la largeur du sourire (6 %).

Ces qualificatifs non spécialisés peuvent recouper plusieurs critères utilisés par les dentistes. Ce que le public nomme "position des dents", par exemple, inclut ce que les dentistes appellent "arrangement des dents", "inclinaison du plan incisif" et "angulation de la médiane dentaire supérieure". Chacun de ces termes regroupe à son tour des éléments entrant dans une définition très précise (voir l'encadré).

Pour savoir à quoi se réfère le public, Manuel Grégoire a par la suite présenté 28 photos de sourires illustrant les repères utilisés par les spécialistes. Ces photos excluent les dents manquantes, cariées ou ayant subi des réparations visibles.

Les nombreux recoupements et comparaisons effectués par le chercheur montrent que l'arrangement des dents (espacement, inclinaison et chevauchement) est l'élément le plus déterminant de l'appréciation de l'esthétique d'un sourire. "Cet élément ressort toujours et de façon très nette", affirme-t-il. Viennent ensuite l'inclinaison du plan et l'angulation de la dentition.

Dents blanches, mais pas trop !

Avant d'entreprendre cette recherche, Manuel Grégoire s'attendait à ce que la teinte des dents soit un facteur important, mais cet élément n'est pas ressorti, conformément à ce qu'il a pu constater par la suite dans d'autres travaux sur le sujet.

"La culture nord-américaine semble accorder trop d'importance à ce facteur, affirme-t-il. Tout le marketing de l'hygiène dentaire se fait sur l'esthétique de la couleur des dents, mais des dents ultrablanches, ça ne fait pas naturel et ça peut ressembler à un dentier."

L'usure des dents, qui venait en première place dans les réponses subjectives au questionnaire, n'est par ailleurs pas ressortie comme étant le principal élément d'évaluation objective à partir des photos. "C'est peut-être parce que les photos sont celles de jeunes dans la vingtaine et que l'usure n'était pas apparente, estime le dentiste. Le jeune âge des modèles a peut-être aussi influé sur la teinte des dents exemptes de tartre."

Les résultats sont les mêmes quel que soit le sexe du répondant, mais les sourires féminins sont plus appréciés à la fois par les hommes et par les femmes. "Près de 70 % des sourires féminins se retrouvent dans les sourires préférés même si les dents ne sont pas droites, ce qui n'est pas le cas pour les hommes."

Pour Manuel Grégoire, la correction de l'arrangement des dents, c'est-à-dire celles qui sont trop espacées, inclinées ou qui se chevauchent, apparait donc comme le principal facteur à prendre en considération par la dentisterie esthétique.