Nous venons de vivre le 11 novembre

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macland
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Nous venons de vivre le 11 novembre

Message par macland » 18/11/2013 - 11:55:27

Commémoration de toutes les guerres depuis la « belle époque » et de toutes leurs victimes…
Les vraies raisons de la première guerre mondiale comme on le fera peut-être un jour à nos-petits enfants.

Elle recélait le meilleur et le pire cette « belle époque » qui déroula le faste ses expositions universelles et coloniales entre 1880 et 1914.
Le progrès d’une belle pensée globale et unitaire qui découvrait l’union possible entre les nations, un « internationalisme » attisé par l’émulation, par l’enthousiasme du progrès des arts, des sciences et des techniques, et d’une certaine forme d’humanisme.
Les enfants du XIXème siècle avaient fait des petits.
Victor Hugo, en léguant des manuscrits et ses dessins « A la Bibliothèque Nationale de France qui deviendrait un jour la Bibliothèque Nationale des Etats Unis d’Europe », semblait avoir été entendu par les peuples.
Les grandes capitales de l’Europe telles que Paris, Vienne, Berlin, Saint-Pétersbourg, Londres, étaient des incubateurs où régnait la synergie des intelligences et des cultures.

Mais certains, parmi ceux qui gouvernaient les Nations, ne l’entendaient pas ainsi.
Il y avait d’abord des contextes nationaux.
Essayons de ne pas perdre le nord.
A notre gauche, la Troisième République Française toute neuve, née sur les décombres du second empire, avait besoin de se légitimer, de se forger, de se stabiliser, de rayonner.
Comment unir le vieux peuple gaulois où chacun veut être vizir à la place du vizir, où le tout à l’Ego tient lieu de sport national ?
A notre droite, le nouvel Empire Fédéral Allemand créé par Guillaume 1er dans la Galerie des glaces du château de Versailles, au lendemain de la déconfiture française, avait besoin de légitimité, de cohérence et d’expansion.
Comment unir les Autrichiens et les Prussiens qui se faisaient la guerre depuis si longtemps ?
De part et d’autre naquit secrètement, presque inconsciemment l’idée d’un conflit salvateur ou en tout cas de la fabrication d’une effroyable potion magique dans laquelle en versant quelques doses de nationalisme et d’esprit de revanche, quelques doses d’ostracisme, quelques doses de populisme, quelques doses d’antisémitisme, quelques victimes expiatoires soigneusement diabolisées, quelques doses d’amnésie faisant oublier que l’ennemi héréditaire des Français était l’Anglais et non l’Allemand, on arriverait peut-être à enrayer une certaine aspiration à l’union des peuples.

Il y a avait ensuite une planète qui basculait déjà dans la mondialisation.
Un vieil empire colonial, celui des Britanniques, qui cherchait un second souffle.
Une colonie émancipée, les Etats Unis d’Amérique, et aussi certaines puissances Européennes, à l’instar de l’Allemagne et de la France qui songeaient à créer de nouveaux empires coloniaux.
Il fallait donc et de toute urgence redéfinir un partage du grand fromage mondial afin de mettre la main sur les véritables enjeux stratégiques : ces pays cornes d’abondance riches en pétrole, en gaz, en or, en diamants, en matières premières…
La France excella dans ce domaine : si l’on excepte le hors d’œuvre que constituaient l’Algérie, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane, elle arriva à bâtir le deuxième empire colonial du monde en moins de 30 ans, entre 1880 et 1910.

Là sont les vraies raisons qui conduisirent certaines élites de la belle époque à enfumer les peuples de la planète, à les manipuler, à les conditionner, à les formater pendant quarante ans pour que les cavaliers de l’Apocalypse puissent ravager le globe par deux fois, au cours de la première moitié du XXème siècle tout neuf.
Stefan Zweig a tout résumé au début des années 30 dans Le Monde d’hier.
Souvenirs d’un Européen, une autobiographie ébauchée en 1934 lorsqu’il décidera de fuir la persécution nazie : « À la fin de ce siècle de paix, (le XIXème siècle), les choses s’amélioraient d’une façon toujours plus visible, toujours plus rapide. […]
On croyait aussi peu à la perspective d’une rechute dans la barbarie, à des guerres entre peuples européens, qu’aux fantômes ou aux sorcières ; les gens de cette époque croyaient sincèrement que les frontières de différences entre nations allaient peu à peu se fondre dans une humanité commune, et que, de cette façon, la paix et la sécurité, le plus précieux des biens, seraient accordés à toute l’humanité.
Tout ce que nous avons appris sur les bancs de l’école est à relativiser.
On a oublié de nous dire que l’abcès de l’Alsace et de la Lorraine, ou que l’assassinat de l’Archiduc, n’étaient que des gouttes d’eau qui firent déborder un vase que remplissaient depuis longtemps quelques apprentis sorciers.
On n’a pas assez souligné la montée des sectarismes, des égoïsmes, du populisme, des racismes à la fin de la belle époque. « Le nationalisme » disait il y a quelques jours notre Président de la République, qui a lu Charles de Gaulle et Romain Gary, « c’est la haine des autres ».
Il opposait ce concept au « patriotisme » qu’il définissait comme « l’amour des siens ».
On n’a pas assez évoqué la création des bataillons scolaires et des championnats de tir dans les écoles dès les années 1880, et qui avaient pour but de militariser les petits français dès l’école primaire.

On n’a pas assez souligné le fait que l’affiche qui mobilise plusieurs millions de poilus gaulois le dimanche 2 août 1914 a été imprimée dès 1904 ! Et que l’appareil de la censure a été mis en place en France 3 jours avant la mobilisation générale, et avant-même l’assassinat de Jaurès.

Malgré tout cela, certaines élites sous-estimaient encore les peuples qu’elles dominaient.
Il ne leur suffisait pas d’asservir les peuples d’Afrique et d’Asie en prétendant les émanciper, en développant le mythe des races et des civilisations dégénérées qui deviendraient si dangereuses un jour dans l’esprit National Socialiste des nazis.
Il ne leur suffisait pas de réprimer dans le sang les grandes grèves ouvrières et les émeutes paysannes des dix premières années du 20ème siècle tout en lâchant du lest dans le domaine de la durée du travail afin de ne pas aboutir à une explosion décisive.
Lorsqu’elles entraînèrent leurs peuples dans la grande barbarie que l’on sait, elles prévoyaient un taux de 12% de désertion ou de non présentation au combat des vagues de conscription qui se succéderaient.
Alors dès l’été 1914, pour terroriser les fantassins et pour entretenir les vocations guerrières, on alla jusqu’à inventer de toutes pièces des actes d’indiscipline des abandons de poste devant l’ennemi.
On fusilla pour l’exemple… une majorité d’innocents.
Injustices tellement énormes que la plupart ont été réhabilités dès les années 20…
Pauvres martyrs de Vingré. Pauvre Lieutenant Herduin.
Pauvres bretons qui signèrent des aveux créés de toute pièce dans des documents qu’ils ne comprenaient pas.
On sait depuis la lecture de mes « Paroles de poilus » il y a quinze ans que les premières fraternisations datent de décembre 1914, qu’on fusilla plus en 1914 qu’en 1917.
Que la chanson de Craonne n’est pas le fruit de la révolution Russe mais que ses paroles étaient stabilisées à 98% depuis 1915.
On sait qu’après avoir exécuté Jaurès, son assassin devait exécuter Caillaux. Jaurès et Caillaux, les deux hommes qui pouvaient encore avoir une chance infime de sauvegarder la paix…
Le premier fut éliminé physiquement, le second politiquement.

Les élites de la belle époque avaient incroyablement sous-estimé le peuple français.
Il y eut moins de 1% de désertion ou de non présentation en ligne de ces écoliers en rupture de ban, de ces adolescents et de ces jeunes pères de famille qui devinrent des poilus.

Comment expliquer ce miracle ? Comment expliquer le fait qu’ils endurèrent leur chemin de croix pendant 1570 jours, non sans broncher gravement en 1917 ?
Nationalisme revanchard ? Patriotisme obtus ? Soif de vengeance ? Que nenni.
Il y a avait une autre composante diffusée dans leurs esprits par l’école de Jules Ferry qui leur avait appris à lire et à écrire eux-mêmes leur Histoire dans leurs lettres et dans leurs carnets de tranchée. L’esprit du devoir.
Et surtout, l’esprit de fraternité, l’esprit de solidarité, le sens de l’autre.
S’ils ne remontaient pas en ligne, c’est leurs amis d’enfance, mobilisés comme eux dans le village de leur mère ou dans leur ville natale, qui « trinqueraient » à leur place.

Pour ceux qui étaient partis avec d’autres motivations, le baptême du feu fut concluant. Beaucoup comprirent très vite qu’on les avait menés en bateau.
Que ce conflit n’avait pas grand sens.
Que les véritables causes de la grande barbarie étaient essentiellement économiques.
Beaucoup découvrirent que leur vraie patrie ne se limitait pas aux frontières de leurs nations : que la vraie patrie de l’homme, c’est le monde, et que le vrai patriotisme c’est en fait l’amour, l’acceptation de l’autre, de celui qui diffère de vous et qui « bien loin de vous léser » comme le dira un jour Antoine de Saint-Exupéry, « vous enrichit ».

Voilà chers Amis, ma vision des véritables causes de la Grande Guerre.
En ces périodes de centenaire et de commémorations ne devons-nous pas la vérité aux millions d’hommes qui gisent pour la plupart dans des fosses communes, dans des ossuaires ou dans des cimetières militaires, bien loin de leur village natal ?
A ces 1 400 000 noms et prénoms de jeunes Gaulois gravés dans la pierre de 40 000 monuments aux morts et qui forment le tout premier réseau social ?
Avant « la grande barbarie » jamais les hommes du peuple n’avaient laissé une trace pérenne et collective, tous milieux, toutes origines confondus.

Le seul bilan positif de la première « grande barbarie » du 20ème siècle, n’est-ce pas qu’elle aurait dû noud faire découvrir la véritable étendue de notre véritable patrie ?
Cette fraternité universelle que le poilu Martin Vaillagou prônait à ses fils dès la fin du mois d’Août 1914, au moment des pires boucheries, lorsqu’il écrivait : « Vous travaillerez toujours à faire l’impossible pour maintenir la paix et éviter à tout prix cette horrible chose qu’est la guerre.
Jusqu'à présent les hommes n’ont appris qu'à détruire ce qu'ils avaient créé et à se déchirer mutuellement.
Travaillez, vous, mes enfants avec acharnement à créer la prospérité et la fraternité de l'univers. »

Texte de qualité relevé sur "Face-Book" ... ;)
L'homme est une espèce de singe qui a mal tourné!...
Si la tyrannie engendre des révoltes, le laxisme enfante l'anarchie…

Victor
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Re: Nous venons de vivre le 11 novembre

Message par Victor » 18/11/2013 - 14:05:50

Avec le centenaire de la guerre 1914-1918 on n'a pas fini dans toutes les commémorations jusqu'à l’écœurement
En ce qui concerne la recherche en sciences, Je dirais : Cherche encore !

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