La lutte pour sauver les abeilles... ça continue encore et encore

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Victor
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La lutte pour sauver les abeilles... ça continue encore et encore

Message par Victor » 20/06/2017 - 20:02:54

Reçu ça sur mon courriel personnel aujourdh'ui

Chère amie, cher ami,

C’est un tour de force magistral que les lobbies de l’agrochimie sont en passe de réussir à Bruxelles, pour balayer d’un revers de la main les années de combat des apiculteurs, des scientifiques et des associations de citoyens, et continuer à vendre à grands coups de milliards leurs pesticides tueurs d’abeilles partout en Europe…
…alors même qu’en France, les députés et les sénateurs ont voté leur interdiction !
Je vais vous détailler dans quelques instants comment s’y sont pris les lobbies pour convaincre la Commission européenne de s’opposer à une décision prise l'été dernier par des parlementaires – les élus du peuple ! – au profit d’un petit groupe de multinationales bien placées.
Ils ont déployé un arsenal de méthodes très élaborées, et ont utilisé tous les rouages du système à leur disposition pour s’assurer que l’interdiction des tueurs d’abeilles votée en France ne soit jamais appliquée – ni en France, ni ailleurs.
Face à une telle déferlante de moyens – juridiques, humains, matériels et financiers – on pourrait se sentir découragé, et se dire qu’ils ont définitivement gagné la partie...
Laissez-moi vous dire qu’il n’en est rien : si des failles existent pour eux, elles existent pour nous aussi !
Et il ne tient qu’à nous, citoyens, apiculteurs, agriculteurs, défenseurs de l’environnement, de nous rassembler et de nous organiser pour mener la bataille aussi efficacement que les lobbies de l’agrochimie.
Alors, si vous le pouvez, donnez à POLLINIS les moyens d’organiser ce grand rassemblement des défenseurs des abeilles et de la nature !
Grâce à des années de combat acharné, nous avons réussi à convaincre les parlementaires français de voter enfin cette interdiction : nous ne pouvons pas laisser les lobbies de l’agrochimie démolir cette victoire !
Depuis des semaines, nous travaillons d'arrache-pied pour comprendre et analyser ce qu'il s’est passé depuis le vote de l'interdiction des tueurs d'abeilles en juillet dernier. Notre association POLLINIS est la première à tirer la sonnette d'alarme face au risque de voir l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes votée en France censurée par Bruxelles.
Ce que nous avons découvert est sidérant :
La « consultation » à Bruxelles
Après des années de lutte et de mobilisations, la France a interdit tous les néonicotinoïdes tueurs-d'abeilles à partir de 2018 – une victoire magistrale des citoyens et de la raison pour enrayer le déclin des abeilles et pollinisateurs sauvages et commencer enfin à sortir les agriculteurs du tout-chimique dans lequel ils se retrouvent enfermés.
C'est un précédent historique pour l'Europe, et pour le reste du monde - car d'autres pays suivront nécessairement la voie tracée par la France...
...Une catastrophe pour les multinationales de l'agrochimie et leurs armées de lobbyistes qui sont en train de s'y opposer coûte que coûte. Ils ne peuvent plus rien faire en France ? Alors ils déplacent la bataille à Bruxelles, pour empêcher que la loi soit appliquée !
Voilà pourquoi, à peine connue l'interdiction des néonicotinoïdes en France, la Commission a immédiatement lancée en catimini une « consultation » invitant tous les pays membres de l'Union européenne et les acteurs concernés à se prononcer pour ou contre l'interdiction.
Et tenez-vous bien : aucune association, ONG, et autres représentants de la société civile n'a été tenue informée de cette consultation !
Résultats : sur 75 participants, pas un seul représentant des citoyens ou de la société civile !
Sans surprise, on retrouve en revanche parmi les participants : Bayer, Syngenta, les lobbies de l’agro-industrie, les lobbies phytopharmaceutiques, les lobbies de l’agriculture intensive… (1)
L’instrumentalisation des agriculteurs
Mais ce n’est pas tout : pour enfoncer le clou et crédibiliser cette consultation-fantoche, on trouve aussi des « témoignages » d'agriculteurs dépendants à 100% des produits chimiques : l’agrochimie n’hésite pas à les effrayer en faisant planner le spectre de la « misère » qui les guette si leurs cultures, faute de chimie, sont ravagées par les bioagresseurs…
Alors même qu’ils peinent déjà à joindre les deux bouts, et que leurs exploitations, de plus en plus dépendantes des règlements, des subventions et de produits chimiques de plus en plus coûteux, sont au bord de la faillite à cause du système dans lequel ils sont enfermés !
Et pour l’agrochimie, le plan n’est pas terminé…
L’intervention des autorités sanitaires hongroises
Pour empêcher le plus longtemps possible l'application de l'interdiction des néonics en France, les lobbies se sont appuyés sur une procédure prévue en cas de différend entre États européens : si un seul pays de l’UE émet un avis négatif pendant la consultation sur la décision française, l’ensemble du processus est bloqué…
Qu’à cela ne tienne : les lobbies sont allés dépêcher la Hongrie, et les représentants de son Agence de sécurité sanitaire, connus pour être de fervents défenseurs des intérêts de l'agrochimie, pour déposer auprès de la Commission européenne un Avis confidentiel s'opposant à la décision de la France. (2)
Et voilà l’interdiction de France bloquée de facto par Bruxelles…
Le coup de grâce : l’argument juridique
Le but de toutes ces manœuvres, c'est de gagner du temps en repoussant le plus longtemps possible l'application de l'interdiction en France et de démarrer un bras de fer avec la France pour l'obliger à renoncer à l'interdiction des néonics qui violerait selon eux le règlement européen....
La pression est énorme :
Pour verrouiller le débat et s’assurer que la Commission européenne ne laissera pas passer l’interdiction des tueurs d’abeilles en France – ce qui pourrait créer en Europe un précédent beaucoup trop dangereux pour leur business… – les lobbies ont actionné leurs bataillons de juristes et d'avocats pour démonter les arguments de la France. Ils parlent tous de « violation du règlement européen » sur la libre circulation des marchandises en Europe, ou sur la réglementation des molécules toxiques en Europe... et sous-entendent clairement qu'ils pourraient attaquer la France devant la Cour de Justice de l'Union Européenne dès qu'elle fera mine de retirer l'un de leurs poisons du marché.
… Des arguments repris quasiment mot pour mot dans l’avis final tenu secret que la Commission européenne a envoyé à la France – et qui la somme de renoncer à l’interdiction des tueurs d’abeilles…(3)
Pourtant, c'est clairement la France qui a raison. Et ce n'est pas pour rien qu'elle a interdit les néonicotinoïdes.
Faut-il encore le rappeler ?
• Les néonicotinoïdes, avec d'autres produits sophistiqués, maintiennent dangereusement les agriculteurs dans un état de dépendance totale vis-à-vis de produits très coûteux et de moins en moins efficaces pour protéger les cultures face à des insectes, des plantes et des maladies qui deviennent résistants aux produits censés les éradiquer ;
• Résultat : les néonicotinoïdes sont pour certains jusqu'à plus de 7 000 fois plus toxiques pour les pollinisateurs que le redoutable DDT utilisé contre les insectes il y a encore quelques décennies, et aujourd'hui retiré du marché pour de très bonnes raisons !
• Selon les études, 85 à 98% (!) des néonicotinoïdes utilisés en Europe passent directement dans les sols, se diluent dans l'eau et détruisent les animaux et organismes auxiliaires, nécessaires aux cultures ;
• On les retrouve dans les nappes phréatiques et les cours d'eau, détruisant au passage des maillons clés de la chaîne alimentaire et réduisant dramatiquement la biodiversité.
Tout cela est maintenant suffisamment documenté (4) et même admis par les agences de sécurité sanitaires. Mais les lobbies continuent à verrouiller le système : chantages en sous-main, arrangements entre technocrates et lobbyistes, responsables de direction à la Commission qui partent travailler pour l’industrie puis reviennent à la Commission, « associations-écran » et sites « d’information » qui diffusent leur propagande pour les faire passer pour de bons samaritains quand ils démolissent à coups de chimie notre environnement, les pollinisateurs et l’agriculture que nous laisserons à nos enfants…
Je vous avais prévenu : les multinationales agrochimiques disposent de moyens tentaculaires pour imposer leur loi à toute la population. Mais ce n’est pas une raison pour leur laisser le champ libre pour sacrifier impunément les abeilles, notre santé et notre environnement !
Depuis maintenant cinq ans, notre association POLLINIS sonne le tocsin et rassemble les citoyens à chaque nouvelle attaque de l’agrochimie sur les pollinisateurs. Parce que la première façon de faire barrage aux plans des lobbies, c’est de les rendre publics, d’en informer le plus grand nombre, et d’être nombreux à alerter les politiques pour les mettre dos au mur et exiger qu’ils défendent l’intérêt général face aux intérêts de quelques multinationales agrochimiques.
Si l’interdiction des néonicotinoïdes que la Commission s’apprête à saboter a été votée en France, c’est notamment parce que nous avons pu mobiliser les citoyens par cinq vagues successives pour faire pression sans discontinuer sur les députés et les sénateurs français.
Avec plus d’1,2 million de personnes qui suivent nos actions, en France, en Belgique, en Suisse et partout en Europe, notre force de frappe est colossale.
Mais ce n’est pas tout : petit à petit, grâce au soutien sans faille des membres donateurs de POLLINIS, nous avons pu développer l’expertise nécessaire pour contrer le plus efficacement possible les lobbies sur leur terrain – à Bruxelles.
*** surveillance des instances d'homologation des pesticides : comme nous l'avons fait avec le Sulfoxaflor il y a deux ans (5) – ce pesticide nouvelle génération nocif pour les abeilles que l'agrochimie voulait imposer en catimini, avec la complaisance de l'UE - nous assurons une veille permanente pour déjouer, dénoncer et tuer dans l'œuf toute tentative de l'industrie d'imposer de nouvelles molécules nocives pour les abeilles, la nature ou la santé ;
*** mise en place d’une cellule de contre-lobbying, au plus près des institutions, pour surveiller les mouvements des lobbies, et exercer une influence citoyenne permanente sur les décideurs politiques et les technocrates européens ;
*** maintenir la pression sur les élus, européens et nationaux, pour leur rappeler sans cesse qui sont leurs électeurs : ils tirent leur légitimité et leur mandat des citoyens qu'ils sont censés représenter, et nous devons faire en sorte qu'ils ne l'oublient pas un seul instant ;
*** utiliser tous les recours juridiques et institutionnels possibles en faisant travailler des juristes, des avocats et des experts pour faire valoir le droit des citoyens à protéger leur environnement, leur santé et leur alimentation face aux attaques à répétition de l'industrie ;
*** diffuser massivement l'information pour dénoncer de nouveaux scandales, révéler les manœuvres des lobbies sur les institutions, alerter les médias et les citoyens de toute l'Europe sur les menaces imminentes qui pèsent sur leur santé ou leur sécurité alimentaire ;
Aujourd’hui, nous devons plus que jamais continuer et développer tout ce travail primordial pour contrer la mainmise des lobbies sur les décisions européennes et sur notre mode de vie.
C’est la raison d’être de notre association : nous représentons les citoyens, et estimons que chaque personne, en Europe, a le droit d’être informée et de s’opposer aux décisions qui vont à l’encontre de sa santé ou sa sécurité alimentaire.
Pour garantir la totale indépendance de l’association, nous refusons tout financement public ou de grosse entreprise. Tout notre travail repose entièrement sur la générosité et l’engagement des donateurs de POLLINIS - et croyez-moi, nous prenons grand soin à ce que chaque euro soit bien utilisé !
Aujourd’hui, je voudrais vous proposer de rejoindre les rangs des 20.000 donateurs de POLLINIS – ceux grâce à qui notre combat avance au quotidien.
C'est grâce à nos donateurs, et uniquement grâce à eux, que l'équipe de POLLINIS peut mener ses actions au jour le jour, à Paris et à Bruxelles. Sans eux, nous n'aurions jamais pu déjouer le coup de la « consultation » organisée par la Commission pour les lobbies, et faire pression sur le gouvernement avant qu’il soit trop tard – il reste encore quelques mois avant la décision finale, et nous le lâcherons pas le morceau !
Dans les mois qui viennent, nos grandes priorités de bataille sont :
- maintenir la pression sur le gouvernement pour qu’il ne cède pas un pouce de terrain face aux lobbies et la Commission européenne sur l’interdiction des néonics tueurs d’abeilles – le Conseil constitutionnel, en France, a lui-même validé cette interdiction, la jugeant conforme à la loi : il n’y a aucune raison de laisser les lobbies avoir le dernier mot !
- monter un dossier juridique béton pour contrecarrer les arguments des lobbies qui menacent désormais d’attaquer l’interdiction devant les tribunaux, européens ou nationaux ;
- libérer les agriculteurs des pressions honteuses des lobbies en leur présentant les centaines de publications scientifiques et initiatives de terrain de cultures sans ou avec peu de pesticides : aussi rentables, moins coûteuses, et qui permettent aux agriculteurs de vivre dignement et indépendamment de leurs récoltes !
Par exemple, une étude menée sur 12,6 millions d’exploitations adoptant des pratiques agronomiques alternatives dans 57 pays en voie de développement a montré que la mise en place de modèles alternatifs augmentait en moyenne les rendements de 79% ! C’est possible ailleurs, alors pourquoi pas chez nous ? (6)
Sans compter que l’argument du champ dévasté par les ravageurs faute de protection chimique commence sérieusement à sonner creux, avec un nombre croissant de chercheurs qui montrent qu’on peut tout autant diminuer les risques rien qu’en diversifiant les cultures (7) !
Et remobiliser les citoyens, aussi souvent que nécessaire, à chaque nouvelle attaque des lobbies de l’agrochimie mettant en danger les abeilles, notre santé ou notre alimentation, pour qu’ils nous trouvent systématiquement sur leur chemin.
Nous avons déjà gagné beaucoup de terrain en cinq ans de bataille. Mais pour permettre à l'équipe de POLLINIS de continuer tout son travail, et surtout, de commencer sans tarder les prochaines actions pour saper l’influence des lobbies à Bruxelles, nous devons étoffer nos rangs.
C'est pour cela que je fais appel à vous aujourd'hui : voulez-vous, par votre don, rejoindre les rangs de POLLINIS, et faire partie des membres engagés qui permettent à l'association de mener le combat au quotidien ?
Il n'y a pas de minimum de contribution : vous pouvez donner 15 euros, 30 euros, 50 euros, 100 euros, 200 euros... La plupart du temps, les gens qui rejoignent l'association donnent 35 euros.

Mais quel que soit le montant de votre don, sachez qu'il sera une aide précieuse pour POLLINIS et son équipe pour mener les actions nécessaires à l'organisation d'un véritable contre-lobby citoyen, solide et efficace, pour faire barrage aux les attaques de l'industrie agrochimique sur nos droits et notre mode de vie.
Sur qui d'autre pourrions-nous compter pour bâtir ce contre-pouvoir, si ce n'est sur des citoyens engagés, comme vous, déterminés à ne pas laisser sacrifier impunément leur santé et leur alimentation pour faire fructifier les profits de quelques grandes multinationales agrochimiques ?
Si nous ne nous dressons pas d'urgence, tous ensemble, face à l'industrie agrochimique et son armée de lobbyistes, si nous les laissons faire la loi impunément à Bruxelles, non seulement il sera trop tard pour empêcher le verrouillage complet et définitif du système au profit de l’industrie, mais la voie sera libre pour eux pour faire passer n'importe quelle nouvelle substance dévastatrice pour les pollinisateurs, la nature ou la santé humaine !
Arrêtons le massacre, dès maintenant. Je compte sur vous, et vous remercie par avance pour votre engagement et votre soutien au combat pour protéger les abeilles et la nature, et aller vers une agriculture pérenne, respectueuse des pollinisateurs et de la terre dont elle dépend.

Nicolas Laarman Délégué général Pollinis
En ce qui concerne la recherche en sciences, Je dirais : Cherche encore !

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cisou9
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Re: La lutte pour sauver les abeilles... ça continue encore et encore

Message par cisou9 » 22/06/2017 - 11:46:22

C'est fait _____ :_salut: ______________
Un homme est heureux tant qu'il décide de l'être et nul ne peux l'en empêcher.
Alexandre Soljenitsyne.

Victor
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Re: La lutte pour sauver les abeilles... ça continue encore et encore

Message par Victor » 20/08/2017 - 10:56:05

Toujours les mêmes, j'ai reçu ça hier le 19 aout dans mon courrier

Madame, Monsieur,

POLLINIS qui collabore avec l'INRA (Institut national de la recherche agronomique) dans le cadre du projet Apiformes, a besoin de votre aide de toute urgence pour recenser les populations d'abeilles sauvages et démontrer l’importance de leur service de pollinisation dans les territoires agricoles de notre pays.
Si vous le pouvez, je vous en prie cliquez ici pour nous aider.
C'est très important.
Un drame silencieux est en train de se jouer en ce moment-même. Les conséquences pourraient se révéler considérables pour notre environnement, la biodiversité et l'avenir même de nos cultures et de notre sécurité alimentaire, si nous n'intervenons pas rapidement.

Les scientifiques sont de plus en plus nombreux à penser que les abeilles sauvages (bourdons, abeilles solitaires, halictes, mégachiles, etc.) qui assurent une large proportion de la pollinisation de 80% des plantes à fleurs à travers le monde, sont en rapide déclin - notamment en France et en Europe.

Leurs morphologies variées et adaptées (poils branchus abondants pour récolter le pollen, langues de longueurs différentes pour puiser le nectar au fond des fleurs) en font des chaînons-clé de la biodiversité, et de la variété de notre alimentation. Les tomates par exemple, qui ont une pollinisation vibratile, ne sont pas pollinisées efficacement par les abeilles domestiques alors que les bourdons, eux, peuvent faire vibrer les fleurs suffisamment fort pour en libérer le pollen (1) !

Actuellement près de la moitié des espèces de bourdons d'Europe sont déjà en déclin. Et déjà plus d'une espèce de plantes à fleurs sur dix est menacée d'extinction en France (2).

Pareil aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, où une étude a révélé que plus de 20% des plantes à fleurs avaient purement et simplement disparu au cours des 20 dernières années (3).

Ce déclin est dû aux méthodes de l'agriculture intensive (monoculture et destruction des haies en particulier entraînant le recul des habitats naturels et des ressources alimentaires des abeilles), à l'utilisation de pesticides de plus en plus toxiques et à l’arrivée de nouveaux parasites et maladies, sans que l'on sache encore avec certitude lequel de ces facteurs est le plus mortifère.

Mais ce qui est certain, c'est qu'il est dangereux de continuer à l'ignorer. Il faut dresser d'urgence un panorama des populations d'abeilles sauvages qui subsistent à travers tout le territoire et dresser l'inventaire de toutes les plantes cultivées et sauvages qui en dépendent pour pouvoir prendre les mesures indispensables à leur conservation.

Ces abeilles sauvages, avec les abeilles domestiques, sont LE maillon-clé de la chaîne alimentaire.
Sans elles, pas de fleurs dans les prés et les montagnes ; pas de buisson de mûres ou d'aubépines dans les campagnes, ni de forêts d'acacias ; sans parler des dizaines de milliers d'espèces d'insectes, d'oiseaux et de mammifères qui dépendent directement de ces plantes, de leurs fruits et de leurs graines.

Sans parler des productions agricoles : une vaste étude menée par le Professeur Garibaldi et réunissant des équipes scientifiques dans 12 pays a démontré que la production d'une grande partie des fruits et graines que nous consommons régulièrement est désormais limitée parce que les fleurs ne sont pas correctement pollinisées (4).

Le programme Apiformes pour lequel je sollicite votre aide aujourd'hui a pour but d'évaluer l'état des populations d'abeilles sauvages en France et d'établir le lien avec les plantes cultivées et sauvages qu’elles pollinisent. Ce programme repose sur un protocole unique qui en fait un espoir majeur pour la sauvegarde des pollinisateurs sauvages : Apiformes réunit en effet une équipe scientifique, dirigée par Bernard Vaissière, du laboratoire Pollinisation et écologie des abeilles de l'INRA d’Avignon, et plus d'une vingtaine de lycées agricoles répartis à travers toute la France. La première phase de ce programme a déjà fait les preuves de sa pertinence (5).

L'objectif est double : dresser un tableau fidèle de l'état des populations d'abeilles sauvages et des plantes qu’elles butinent et pollinisent, et sensibiliser les futurs agriculteurs à l’importance des insectes pollinisateurs sauvages pour qu’ils réalisent l'impérieuse nécessité de les protéger en pratiquant une agriculture plus respectueuse de l'environnement et des insectes pollinisateurs dont elle dépend.

Le réseau Apiformes a été lancé en 2007. En 2013, les autorités avaient arrêté le financement de ces recherches, au risque de faire retomber sur les insectes pollinisateurs sauvages le voile qui commençait à peine à se soulever.
Cette étude des pollinisateurs sauvages étant indispensable pour notre avenir à tous, POLLINIS avait décidé de mobiliser ses membres en leur proposant de contribuer au projet. Et cela a fonctionné !

Depuis 2013, grâce au soutien des membres de POLLINIS, Bernard Vaissière et son équipe ont pu poursuivre leur travail de recensement et d'étude des insectes pollinisateurs sauvages à travers la France.
Au total, 4 574 spécimens d'abeilles sauvages ont déjà pu être identifiés. Les résultats de ces recherches ont été publiés en octobre 2016 dans la revue scientifique Journal of Insect Conservation (5). Ils montrent que l'identification des espèces est capitale pour détecter les effets des changements environnementaux sur les abeilles, et pourront guider les mesures de leur préservation dans notre pays.

Mais pour 2017, le problème se pose à nouveau. Coupes sombres dans les financements : comment continuer de payer les scientifiques, le matériel d'étude et d'observation pour les lycées, le matériel d'analyse pour les chercheurs ?...
Car sans cela, le projet tombe à l'eau. Dix ans de travail risquent d'être stoppés net. Et avec eux, tout un programme ambitieux pour connaître l'état des populations d'abeilles sauvages, démontrer l’importance du service de pollinisation qu’elles assurent, et contribuer à proposer des mesures efficaces de conservation.

Cet arrêt serait d'autant plus grave qu'Apiformes est en train d'entamer une phase cruciale qui permettra de connaître l'importance de chaque espèce sur chaque culture.
C'est pour cela que je fais appel à vous aujourd'hui. Pour vous proposer de participer, vous aussi, au sauvetage des abeilles sauvages et à une meilleure reconnaissance de l’importance de leur travail de pollinisation, en soutenant financièrement le réseau Apiformes.

Nous devons trouver rapidement 20 000 euros. Cela peut paraître beaucoup, mais il suffirait par exemple que 500 personnes comme vous donnent 40 euros chacune, et le projet pourrait aboutir.
Je comprends bien que tout le monde ne peut pas se permettre de donner autant. C'est pour ça que nous avons mis en place une sorte de cagnotte spéciale dans laquelle vous pouvez verser le don que vous voulez : 5€, 20€, 35€, 50€, 100€...
L'important, c'est que chacun puisse participer selon ses moyens.

Pour apporter votre contribution financière au projet de recherche Apiformes sur les abeilles sauvages, cliquez ici.
Ce que l'on sait à l'heure actuelle sur les populations des principaux insectes pollinisateurs sauvages, c'est qu'il y a en France environ mille espèces d'abeilles sauvages (6) et plus de 500 espèces de syrphes (7)... Et tout ce petit monde est indispensable à la pollinisation :
– géographiquement : la grande diversité des espèces et de leur traits de vie leur permet d'être présentes sur tous les territoires et dans tous les habitats, dans les fissures et les écorces, les feuilles ou la terre... ;
– qualitativement : certaines espèces de plantes ne peuvent pas être pollinisées par les abeilles domestiques, soit parce que leurs fleurs sont trop profondes pour la langue de ces abeilles (comme celles du chèvrefeuille), soit parce que leurs fleurs doivent être vibrées pour pouvoir être pollinisées efficacement (comme celles des cyclamens ou encore des tomates par exemple (1)) et que les abeilles domestiques ne sont physiquement pas capables de vibrer les fleurs !
La grande majorité de ces petits insectes est irremplaçable. Y compris pour l'agriculture car on sait maintenant qu’en leur présence les cultures sont mieux pollinisées et ont des productions plus abondantes et de meilleure qualité qu'avec les seules abeilles domestiques ! (4)
Leur présence dans un champ permet d'augmenter - parfois de doubler ! - le rendement de certains fruits et de légumes (8).
Et pourtant, avec l'urbanisation, et à force d’éliminer les friches, haies, et bosquets pour transformer le moindre m2 de terre en culture intensive, les habitats naturels de ces magnifiques populations d'abeilles sauvages (9) disparaissent peu à peu...
C'est une situation dramatique qui nous conduit droit dans le mur… Et tant qu'on n'aura pas établi un état des lieux des pollinisateurs sauvages, avec des preuves tangibles, scientifiques, pour mesurer vraiment l'ampleur des dégâts et démontrer l’intérêt de la préservation de ces auxiliaires naturels et discrets, notre appel aux autorités publiques continuera à résonner dans le vide.
S'il vous plait, aidez-nous dans cette tâche indispensable en apportant votre soutien financier au programme Apiformes.

Je vous en remercie par avance.
Très cordialement,
Nicolas Laarman
Délégué Général POLLINIS
________________________________________
Références :
(1) https://www.researchgate.net/publicatio ... Mayer_2000
(2) Liste rouge des espèces menacées, UICN et Museum d'histoire naturelle & https://inpn.mnhn.fr/informations/biodiversite/france
Pour un décryptage voir l'article du Monde : Liste rouge de la flore en France : plus de 500 plantes en danger (23/10/2012)
(3) Parallel Declines in Pollinators and Insect-Pollinated Plants in Britain and the Netherlands
J. C. Biesmeijer, S. P. M. Roberts, M. Reemer, R. Ohlemüller, M. Edwards, T. Peeters, A. P. Schaffers, S. G. Potts, R. Kleukers, C. D. Thomas, J. Settele, and W. E. Kunin. Science, 21 July 2006: 313 (5785), 351-354. [DOI:10.1126/science.1127863]
(4) Mutuallybeneficial pollinator diversity and crop yield outcomes in small andlarge farms. Garibaldi LA, Carvalheiro L, Vaissière BE, Gemmill-Herren B, Hipólito J, Freitas BM, Ngo HT, Azzu N, Sáez A, Aström J, An J, Blochtein B, Buchori D, Chamorro Garcia FJ, Oliveira da Silva F, Devkota K, Fátima Ribeiro M, Freitas L, Gaglianone MC, Goss M, Irshad M, Kasina M, Pacheco Filho AJS, Piedade Kiill LH, Kwapong P, Parra GN, Pires C, Pires V, Rawal RS, Rizali A, Saraiva AM, Veldtman R, Viana BF, Witter S, Zhang H. 2016. Science 352:387-391 (DOI:10.1126/science.aac7287)
(5) An expert-assisted citizen science program involving agricultural highschools provides national patterns on bee species assemblages. Le Féon V, Henry M, Guilbaud L, Coiffait-Gombault C, Dufrêne E, Kolodziejczyk, Kuhlmann M, Requier F, Vaissière BE. 2016. Journal of Insect Conservation 20:905-918.
(6) http://www.discoverlife.org/mp/20q?guid ... ea_species
(7) J.P. Sarthou, P. Fromage, B. Genet, A. Vinauger, W. Heintz & C. Monteil. 2010. SYRFID vol. 4 : Syrphidae of France Interactive Data (http://syrfid.ensat.fr/)
(8) http://science.sciencemag.org/content/339/6127/1608
(9) http://www.florabeilles.org/
________________________________________
POLLINIS Association Loi 1901
10, rue Saint Marc 75002 Paris www.pollinis.org
En ce qui concerne la recherche en sciences, Je dirais : Cherche encore !

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