La faute à l'avion ou aux pilotes ?Malheureusement, cette vision simpliste des choses est encore trop souvent utilisée. Hors, l'erreur de conception et la faute directe du pilote sont deux causes d'accidents en réalité plutôt rares. Il existe de nombreuses causes possibles à des catastrophes aériennes :
- maintenance
- contrôle aérien
- procédures de la compagnie erronées
- oiseaux
- ...
Erreur de pilotage et faute des pilotesIl en a été question à travers diverses hypothèses dans les différents médias et il en sera question dans ce dossier. L'erreur de pilotage est une piste que l'on ne peut écarter même si elle n'est guère élégante, notamment du fait que les pilotes morts dans la catastrophe ne sont plus là pour se défendre. Cependant, toute analyse qui écarterait à priori cette hypothèse serait forcément incomplète. Une mise au point est donc nécessaire.
Erreur de pilotage ne signifie pas « faute du pilote »
Le terme « erreur de pilotage » couvre toutes les actions effectuées par un pilote qui contribuent à sortir un avion de son domaine de vol normal ou qui contribuent à un incident voire un accident. Cependant, des erreurs de pilotage peuvent avoir plusieurs causes différentes dont voici une liste pas forcément exhaustive :
- mauvaise formation
- mauvaise indication d'un instrument
- mauvaises conditions de vol
- mauvaise ergonomie des commandes
- non respect des temps de pause et des cycles de sommeil induisant une baisse de la vigilance
- pressions de la part de l'employeur
- imprudence, négligence
- suicide
Seuls les deux derniers points cités constituent une faute de la part du pilote. Dans la suite de ce document, lorsque nous parlerons d'erreur de pilotage, ce terme sera à comprendre au sens large et non pas au sens de la responsabilité directe.
Facteur humain, management, communication, rôle dans une équipeCes termes sont depuis longtemps habituels dans les pays anglo-saxons. Ce n'est pas toujours le cas dans de nombreux pays où les pilotes jouissent d'un grand prestige. On peut citer le cas de la catastrophe de Charm el-Cheikh où les enquêteurs égyptiens ont longtemps rechigné à étudier la possibilité d'une erreur de pilotage car il leur était culturellement impossible d'impliquer un ancien pilote de l'armée de l'air, héros de guerre, dans un accident d'avion de ligne.
La France fait partie de ces pays et la prise en compte des facteurs humains, pourtant nécessaire à l'amélioration de la sécurité des transports aériens, est encore en retard. Le problème est que cette prise en compte passe d'abord par la description d'une erreur de pilotage.
Or, le simple fait d'invoquer une telle éventualité déclenche des réactions d'hostilités. Le fait de mettre en cause un pilote, surtout si ce dernier est décédé dans l'accident, ne se fait pas. C'est même devenu une question d'honneur, voire chez certains le combat d'une vie.
Les facteurs humains, mieux étudiés en France ? (illustration Air France) Pourtant, la prise en compte d'une erreur humaine est la première étape pour découvrir les éléments qui ont pu causer cette dernière. Un pilote reste un être humain et peut être influencé voire induit en erreur par un certain nombre de facteurs parfois complexes, c'est ce qu'on appelle les facteurs humains.
L'affaire du vol AF 447 va sans doute être l'un des premiers cas où le facteur humain sera très sérieusement étudié en France suite à un accident aérien. Le BEA a d'ailleurs annoncé un groupe de travail spécialement adapté à l'étude des facteurs humains.