Beagle - Définition

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Histoire

Ancêtres du beagle

Le chien courant du Sud est peut-être un ancêtre du beagle.

Des chiens courants de petite taille, similaires au beagle moderne, sont présents dès l’époque de la Grèce ancienne : Xénophon, au Ve siècle av. J.-C., décrit dans le Cynegeticus de petits chiens courants chassant le lièvre et suivis à pied par le chasseur. Ces chiens sont probablement importés en Bretagne romaine par les Romains, bien qu'aucun document ne l'atteste. On retrouve la trace de ces petits chiens de chasse dans les lois de la forêt royale de Knut Ier d'Angleterre : ils sont alors exemptés d’une ordonnance qui exigeait de mutiler une patte aux chiens pouvant courir derrière un daim. Si les lois de Knut sont authentiques, cela confirme que des chiens ressemblant aux beagles sont présents en Angleterre avant 1016 ; toutefois, celles-ci ont été peut-être inventées au Moyen Âge.

Au XIe siècle, Guillaume le Conquérant introduit le talbot en Grande-Bretagne. C’est une race au pelage presque entièrement blanc, lente, à la gorge profonde, proche du chien de Saint-Hubert. Un croisement avec des greyhounds, effectué dans le but d'accroître leur vitesse, donne naissance au chien courant du Sud (southern hound) et au chien courant du Nord (north country beagle) : au XVIIe siècle, ces deux races sont développées pour chasser le lièvre et le lapin.

Le chien courant du Sud, un chien grand, lourd, avec une tête carrée et de longues oreilles soyeuses, est commun au sud de la rivière Trent. Bien que lent, il est endurant et possède un odorat développé. Le chien courant du Nord est surtout élevé dans le Yorkshire et est commun dans les comtés du nord. Il est plus petit et plus rapide que le chien courant du Sud, moins lourd avec un museau plus pointu, mais son odorat est moins développé.

Au XVIIIe siècle, la chasse au renard devient de plus en plus populaire et ces deux races tendent à diminuer en nombre. Ces chiens typés beagle sont croisés avec des races plus imposantes, spécifiques à la chasse au cerf, pour produire le foxhound anglais. Les effectifs des chiens courants du gabarit du beagle diminuent et ces chiens sont alors proches de l’extinction : quelques fermiers assurent leur survie au travers de petites meutes spécialisées dans la chasse au lapin.

Développement de la race moderne

Les meutes fondatrices

Cette image du XIXe siècle montre un beagle au corps plus lourd que l’actuel.

Le révérend Phillip Honeywood établit une meute de Beagle dans l’Essex dans les années 1830, formant la base de la race du beagle. Bien que les détails des lignées de cette meute ne sont pas enregistrés, des chiens courants du Nord et des chiens courants du Sud forment probablement la majeure partie de l’élevage. William Youatt suggère qu’une majorité de cette lignée de beagle est issue du harrier, mais l’origine de cette race est elle-même obscure. Quelques écrivains suggèrent encore que le sens pointu de l’odorat du beagle viendrait d’un croisement avec le kerry beagle.

Les beagles d’Honeywood sont petits (25 cm à l’épaule environ) et totalement blancs. Le prince consort Albert et lord Winterton, un joueur de cricket connu, ont aussi des meutes de beagles, et l’intérêt royal porté à cette race a probablement permis son retour, bien que la meute de Honeywood fut de meilleure qualité parmi les trois.

On attribue le crédit de développeur de la race à Honeywood, mais celui-ci produit des chiens pour la chasse uniquement : Thomas Johnson travaille à l’amélioration de la race afin d’avoir des chiens à la fois beaux et bons chasseurs.

Une race hétérogène

La race est d'abord fortement hétérogène. Des différences morphologiques, au niveau de l'attache des oreilles ou de la forme du museau et des lèvres, existent entre les meutes. En 1800, dans le Sportsman's Dictionnary, deux variétés sont distinguées selon leur taille : le beagle du Nord, de taille moyenne et le beagle du Sud légèrement plus petit.

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En plus des variations de taille, différents types de robes existent au milieu du XIXe siècle : il existe une variété à poil dur, présente au pays de Galles, et une à poil lisse. La première survit jusqu’au début du XXe siècle, et il reste des traces de sa présence lors d’expositions canines jusqu’en 1969, mais cette variété est à présent éteinte et a probablement été absorbée dans la lignée principale des beagles. Les couleurs sont elles-aussi très variées : du beagle totalement blanc, au beagle blanc et noir ou blanc et orange en passant par le beagle blue mottled, moucheté gris et noir.

Quelques images des premiers beagles (dans le sens des aiguilles d'une montre, en partant d'en haut à gauche) : 1833, 1835, beagle de Stonehenge (1859) et beagle Élisabeth (1859).

Dans les années 1840, on commence à développer le standard du beagle mais il reste une large variation de taille, de tempérament et de fiabilité entre les meutes. En 1856, dans le Manuel des sports ruraux britanniques (Manual of British Rural Sports), « Stonehenge » divise toujours le beagle en quatre variétés : le medium beagle, le dwarf beagle ou lapdog beagle, le fox beagle (une version plus petite et lente du foxhound) et le beagle à poil dur, ou terrier beagle, qu’il définit comme un croisement entre l’une des trois variétés et une race de terrier écossais. Il donne aussi un début de standard :

« Le beagle mesure de 25 pouces (63,5 cm), ou même moins, jusqu'à 15 pouces (38,1 cm). Leur silhouette ressemble à celle du vieux chien courant du Sud en miniature, mais avec plus d'élégance et de beauté ; et leur style de chasse ressemble aussi à celui de ce chien courant ».

En 1887, le beagle n’est plus en voie de disparition : il y a déjà dix-huit meutes en Angleterre. Le Beagle Club est formé en 1890 et le premier standard est écrit au même moment. L’année suivante, l’Association of Masters of Harriers and Beagles est formée au Royaume-Uni ; l'action de cette association combinée à celle du Beagle Club et aux expositions canines permet d'homogénéiser la race. En 1902, le nombre de meutes est de quarante-quatre.

Exportations

Le beagle est importé aux États-Unis au plus tard dans les années 1840, mais les premiers chiens sont destinés uniquement à la chasse et présentent une qualité esthétique variable : ils ressemblent à des teckels aux pattes rigides, avec une tête fragile. L’établissement d’une lignée de qualité commence dans les années 1870 quand le général Richard Rowett de l’Illinois importe quelques chiens d’Angleterre et commence un élevage. Les beagles de Rowett sont reconnus pour avoir servi de modèles au premier standard américain, écrit par Rowett, L. H. Twadell, et Norman Ellmore en 1887. Le beagle est accepté comme race par l’American Kennel club (AKC) en 1884.

En 1864, le beagle est apporté en France par Paul Caillard aux frères de Chabot. Ceux-ci offrent des individus au comte de Beauregard qui forme une meute réputée excellente à la chasse et permet le développement de la race dans tout le pays. Au XXe siècle, la race s’est répandue dans le monde entier.

Vers la popularité au XXe siècle

Dès sa formation, l’Association of Masters of Harriers and Beagles gère une exposition régulière à Peterborough qui a commencé en 1889, et le beagle club propose sa première exposition en 1896. Le beagle obtient toujours le succès jusqu’à la Première Guerre mondiale durant laquelle les expositions sont suspendues. Après la guerre, la race est à nouveau sur le point de s’éteindre : les derniers beagles Elizabeth sont probablement perdus à ce moment, et les enregistrements déclinent. Quelques éleveurs, notamment Reynalton Kennels, travaillent à faire revivre l’intérêt porté à ce chien, et au moment de la Seconde Guerre mondiale, la race se porte de nouveau mieux. Les enregistrements déclinent encore durant la guerre mais remontent immédiatement après.

Comme chien de race, le beagle a toujours été plus populaire aux États-Unis et au Canada que dans son pays d’origine. Le National Beagle Club of America est formé en 1888 et dès 1901, un beagle gagne un Best in show. Comme au Royaume-Uni, l’activité durant la Première Guerre mondiale est minimale, mais la race a repris vie plus vite en Amérique du nord. En 1928, le beagle gagne de nombreux prix à l’exposition du Westminster Kennel Club et en 1939, le champion Meadowlark Draughtsman obtient le titre de chien américain de race le plus récompensé de l’année. En 1959, Derawunda Vixen gagne le Best in Show au Crufts. Le 12 février 2008, le beagle Uno, gagne la catégorie Best in show au Westminster Kennel Club pour la première fois de l’histoire de la compétition.

En Amérique du Nord, le beagle est classé dans les dix races les plus populaires depuis plus de trente ans. De 1953 à 1959, le beagle est la race la plus enregistrée de l’American Kennel Club, et en 2005 et 2006 il est classé cinquième sur un total de 155 races. Les mêmes années, il n’est que 28e et 30e au classement des enregistrements du Kennel Club. En France, le beagle est beaucoup moins populaire malgré une croissance des inscriptions au livre des origines français depuis quatre décennies : en 2007, il n’est que la 17e race de chien en termes de nombre d'inscription (2 701 inscriptions). La population totale sur le territoire français est estimée à 40 000 beagles.

Année Inscriptions au LOF
1976 1357
1986 1417
1996 1708
2006 2723
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