Frontière - Définition

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Les frontières de l'espace aérien

L'espace aérien est la projection verticale des frontières nationales d'un état.

Le droit de l'espace extra-atmosphérique est géré par le Traité de l'espace. Néanmoins, la limite verticale entre l'espace aérien et l'espace extra-atmosphérique n'a jamais été défini par une convention internationale. Ce serait probablement 100 km, qui définit la limite de l'espace selon la Fédération aéronautique internationale.

Facteurs ayant déterminé le tracé actuel des frontières

Les rapports de force

Si les frontières sont aujourd'hui garanties par le droit international, elles n'en sont pas moins, dans leur genèse et à titres divers, le produit de rapports de force. Elles sont en grande partie le produit de l'avancée des armées et des calculs stratégiques de la part des puissances politiques. Dans son ouvrage Géographie des frontières (1938), le géographe Jacques Ancel définit ainsi la frontière comme « un « isobare politique » qui fixe, pour un temps, l’équilibre entre deux pressions ; équilibre de masses, équilibre de force ».

Au XIXe siècle, Friedrich Ratzel, considéré comme le précurseur de la géopolitique, développait, et acceptait comme légitime, cette conception de la frontière. Pour lui, les États les plus dynamiques s'étendent aux dépens des plus faibles. Des lois naturelles analogues à celle de la biologie décident du développement des États : « L'État subit les mêmes influences que toute vie. Les bases de l'extension des hommes sur la terre déterminent l'extension de leurs États. [...] Les frontières ne sont pas à concevoir autrement que comme l'expression d'un mouvement organique et inorganique. »

Le rôle des rapports de force est crucial dans la formation des frontières, mais il peut se manifester de diverses manières. Il peut s'agir directement de la confrontation de deux puissances voisines, par exemple lorsque Napoléon annexe l'Italie du Nord. Il peut s'agir aussi du produit de calculs stratégiques plus complexes. Cela est particulièrement vrai dans les régions dominées par des puissances distantes. L'Afrique fut ainsi pour l'essentiel « partagée » entre États européens à la fin du XIXe siècle en fonction des rapports de force qui existaient en Europe. La situation est un peu différente dans les cas où deux États faisaient partie d'un même ensemble colonial, comme l'Empire colonial espagnol où les frontières ont été révisées après les indépendances.

La volonté des peuples

Poste frontière franco-italien à Menton.

La majorité des frontières mondiales ont été tracées sans demander l'avis des populations locales. Cependant, à partir de la Révolution française essentiellement naît l'idée de l'État-nation, selon laquelle les limites étatiques doivent correspondre au territoire d'un peuple. Dans les faits, c'est surtout depuis la Première guerre mondiale, le droit à l'autodétermination est devenu un principe structurant du système politique mondial, du moins au point de vue théorique. Sous la pression américaine, la carte de l'Europe fut redessinée en 1918-1919 pour mieux prendre en compte le principe des nationalités. Dans certaines zones au statut indécis, un référendum auprès de la population locale est prévu par le traité de Versailles

La dissolution de l'Empire austro-hongrois destinée à remplacer un empire multinational par des États-nations a donné naissance à des États multinationaux plus petits :

  • La Yougoslavie était peuplée de Serbes, de Bosniaques, de Croates, de Slovènes et de Macédoniens sans compter des minorités albanaises, hongroises, roumaines et italiennes.
  • La Tchécoslovaquie (dont le nom lui-même indique sa multinationalité) était peuplée de Tchèques, de Slovaques, de Ruthènes, de Hongrois, d'Allemands et de Polonais.

En effet, le principe de l'État-nation s'est parfois révélé difficile à mettre en œuvre sur le plan pratique. Dans certaines régions, il n'a pas été possible de créer des États-nations homogènes. Les signataires des traités de l'Après Première Guerre mondiale se sont trouvés confrontés aux raisons pour lesquelles ces populations n'avaient justement pas d'État-nation : les populations y étaient très diverses et imbriquées avec des territoires non viables économiquement par eux-mêmes.

Une autre stratégie a été adoptée pour atténuer les dissensions au sujet des frontières : non plus faire correspondre les frontières aux nationalités mais à la géographie et à la complémentarité économique avec l'espoir de créer un sentiment national dans des entités étatiques au contours a priori arbitraire. C'est un peu la stratégie adoptée par l'Organisation de l'unité africaine en déclarant intangibles les frontières héritées de la période coloniale (Résolution de l'OUA adoptée en 1964 au Caire). Si un sentiment national semble s'être progressivement créée dans des pays africains, des tensions indépendantistes subsistent de par le monde chez des populations qui ne se reconnaissent pas dans l'État auquel elles sont rattachées.

La géographie physique

Les géographes ont aujourd'hui abandonné l'idée, très forte en France au XIXe siècle selon laquelle, les États avaient vocation à être délimités par des données physiques. À grande échelle cependant, on constate que beaucoup de frontières actuelles suivent les données de la géographie physique. Cela s'explique par plusieurs raisons :

Les montagnes ou les fleuves offrent des possibilités défensives importantes et ont souvent été utilisés pour construire des fortifications.

Plus radicalement, des accidents géographiques particulièrement visibles permettent de légitimer l'existence de frontières, voire d'être lus comme des signes permettant de délimiter l'extension d'un État. C'est la “doctrine” des « frontières naturelles » exprimées le 13 janvier 1793 par Danton à la tribune de la Convention nationale. « Les limites de la France sont marquées par la nature, nous les atteindrons des quatre coins de l’horizon, du côté du Rhin, du côté de l’Océan, du côté des Alpes. Là doivent finir les bornes de notre République. » Les discontinuités naturelles toutefois ne se superposent pas nécessairement avec les limites ethnographiques et culturelles (les Basques par exemple habitent de part et d'autre des Pyrénées) et la théorie des frontières naturelles a été très critiquée au XXe siècle, mais elle a eu une grande influence sur le tracé des frontières.

Les données physiques ont en outre l'avantage d'être déterminées à l'avance, et donc de faciliter le travail de délimitation. On remarque en ce sens que les frontières d'Amérique du Sud, situées généralement dans des régions très peu peuplées, ont souvent un support hydrographique. Dans le même esprit, des lignes géométriques, souvent des méridiens ou des parallèles, ont été utilisées pour tracer des frontières. C'est la cas dans le Sahara ou dans le nord-ouest des États-Unis.

De nombreuses frontières cependant n'ont pas de justification physique évidente, celle entre la France et la Belgique par exemple. C'est généralement un signe que ces frontières ont une longue histoire.

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