Pétrole - Définition

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Histoire

Temple du feu de Surakhany, à proximité de Bakou.
Feu grégeois, qui contenait peut-être du kérosène, obtenu à partir de la distillation du pétrole.
Source et ruisseau bitumeux du Puy de la Poix, sur la commune de Clermont-Ferrand (France)

Le pétrole est connu et utilisé depuis la plus haute antiquité. Il forme des affleurements dans les lieux où il est abondant en sous-sol ; ces affleurements ont été utilisés de nombreuses façons : calfatage des bateaux, ciment pour le pavage des rues, source de chauffage et d'éclairage, et même produit pharmaceutique. Sa distillation, décrite dès le Moyen Âge, donne un intérêt supplémentaire à ce produit pour les lampes à pétrole.

À partir des années 1850, le pétrole fait l'objet d'une exploitation et d'une utilisation industrielles. Il est exploité en 1857 en Roumanie, et en 1859 aux États-Unis, dans l'État de Pennsylvanie. À partir de 1910, il est considéré comme une matière première stratégique, à l'origine de la géopolitique du pétrole. La période 1920-1970 est marquée par une série de grandes découvertes de gisements, particulièrement au Moyen-Orient, qui fait l'objet de toutes les convoitises. Les marchés des produits pétroliers se développent également ; outre les carburants comme l'essence, le gazole et le fioul lourd, qui accompagnent l'essor des transports dans leur ensemble, l'industrie pétrolière génère une myriade de produits dérivés, au nombre desquels les matières plastiques, les textiles et le caoutchouc artificiels, les colorants, les intermédiaires de synthèse pour la chimie et la pharmacie. Ces marchés permettent de valoriser la totalité des composants du pétrole. En 1970, la production de pétrole des États-Unis atteint un maximum, qu'avait prédit le géophysicien Marion King Hubbert.

Production mondiale de pétrole depuis 1900

La période 1973-1980 marque l'histoire du monde avec les premier et deuxième chocs pétroliers. A partir de 1985, le contre-choc pétrolier voit le prix du baril s'effondrer. En 2003, le prix du baril remonte, en dépit d'une production toujours assurée et d'une relative paix mondiale, à cause de la spéculation sur les matières premières en général ; quand cette spéculation s'arrêtera brutalement en 2008, le prix du baril suivra cette évolution spectaculaire.

Perspectives

Production

L'avenir de la production pétrolière mondiale dépendra d'un niveau technologique plus élevé et d'investissements plus importants, ainsi que de la prospection de territoires pour le moment inaccessibles. Ces points convergent pour aboutir à un pétrole plus cher.

Le taux de récupération du pétrole sur un plan mondial est en 2008 de l'ordre de 35% ; ce taux, en augmentation lente, joue considérablement sur la production, et les techniques modernes de pétrole visent à jouer sur ce taux.

Certains territoires, comme l'Arctique, sont actuellement inaccessibles à l'exploration/production pour toutes sortes de raisons : politiques, climatiques, zones enclavées, etc. Une augmentation éventuelle du cours du baril pourrait rendre rentable l'exploitation de ces régions.

Le pétrole offshore, popularisé en Europe par la mise en exploitation des gisements de Mer du Nord dans les années 1970, a été exploité par des profondeurs d'eau croissantes depuis cette époque ; en 2008 on atteint couramment 2000 m d'eau. Cette profondeur d'eau devra elle aussi augmenter pour permettre l'exploitation de gisements actuellement inaccessibles. Dans le même domaine, certaines conformations géologiques qui rendaient les instruments d'exploration classiques "aveugles", font l'objet de recherches fructueuses, ainsi que l'a démontré la découverte du gisement géant de Tupi en 2006.

Réserves pétrolières mondiales conventionnelles estimées.
Évolution de la production pétrolière hors OPEP et ex-URSS estimée par le gouvernement des États-Unis (2004).

Une méthode prédictive a été mise au point par le géologue Marion King Hubbert pour déterminer le moment où la production d’un champ pétrolifère atteint son point culminant. En 1956, il avait ainsi annoncé le pic pétrolier des États-Unis d’Amérique en 1970.

Selon le modèle de Hubbert, la production d’une ressource non renouvelable, à condition qu’elle ne soit pas trop perturbée par des évènements externes, suit une courbe qui ressemble d’abord à une croissance exponentielle, puis plafonne et diminue.

Cette hypothèse s’applique au pétrole et une cinquantaine de pays ont déjà passé leur pic de production. Néanmoins, il est très difficile d’estimer quand ce pic aura lieu au niveau mondial : vers 2010 pour les uns, dans plusieurs décennies pour les autres.

Dans le premier groupe, un certain nombre de chercheurs en géologie et d’anciens experts géologues en prospection pétrolière des grandes compagnies productrices se sont regroupés en association, l’ASPO, pour dénoncer la surévaluation des stocks estimés des pays producteurs. Les raisons d’une telle surévaluation sont multiples :

  • pour un pays producteur, il s’agirait d’attirer les investisseurs pour construire des infrastructures d’extraction et de transport coûteuses ;
  • pour un pays consommateur, il s’agirait de forcer les pays producteurs à maintenir un prix bas en agitant la menace d’aller se fournir ailleurs ;
  • pour les compagnies pétrolières, il s’agirait de rassurer leurs investisseurs sur leur valeur à terme et de négocier à bas prix les achats de gisements (si les réserves mondiales sont élevées, un nouveau gisement vaut moins cher car il est moins rare). Certains dirigeants de Shell, ayant surévalué les stocks récupérables de la compagnie, ont été remerciés en 2004, entraînant à l’époque une lourde chute des actions de la société.

La conséquence principale de la surévaluation des stocks est une prise de risque pour l’économie mondiale, qui repose majoritairement sur le pétrole pour ses besoins en énergie et qui n’anticipe pas la pénurie prévisible à moyen ou court terme : une crise à court terme pourrait déstabiliser à la fois l’économie et la politique sur le globe. À la mi-2005, de nombreux experts de l’ASPO annonçaient un baril à 100 USD dans les deux années à venir. Ce seuil symbolique n'aura finalement été atteint « que » le 2 janvier 2008. Le baril a ensuite atteint un plus haut historique de 145$ le 3 juillet pour repasser sous les 100$ le 12 septembre, puis s'effondrer sous les 40$ en 2009.

Les détracteurs de la thèse de Hubbert rappellent que plusieurs alertes se succèdent depuis les années 1950 et que, depuis, il n’y a toujours pas eu de tel pic. Cela dit la question n’est pas de savoir si le pic aura lieu, mais simplement quand il aura lieu. Une fourchette de dates comprises entre 2020 et 2030 est de plus en plus largement admise, par les pays producteurs, les compagnies pétrolière et les instances internationales telles que l’AIE. La grave crise économique amorcée en 2008 jouera bien entendu sur ces évaluations.

Le rapide développement industriel de la Chine rend le sujet encore plus pressant, en pesant sur la demande. Plusieurs pays producteurs ont récemment connu des controverses internes sur l’importance de leurs réserves.

Si évaluer la date du pic de production est difficile, anticiper ses conséquences sur l’économie mondiale l'est encore plus. Il existe en effet quelques solutions pour remplacer des quantités variées de pétrole, chacune ayant ses limites.

Alternatives

L'approvisionnement en pétrole pose aux pays importateurs de nombreux problèmes, principalement politique (dépendance), financier (devises), environnemental (émissions de CO2). De nombreux pays (européens entre autres) ont donc engagé une politique de réduction de leur dépendance au pétrole depuis les chocs pétroliers de la décennie 1970. Le tableau ci-dessous montre un certain succès de cette politique, avec une décroissance de la consommation sur la période 1973-2008, malgré l'augmentation démographique et l'élévation du niveau de vie.

Consommation pétrolière, Europe-Eurasie, milliers de barils par jour
1973 1978 1983 1988 1993 1998 2003 2008
22 582 24 587 22 344 23 167 20 693 19 831 19 915 20 158

Les différentes pistes sont :

Citons pour mémoire la fusion nucléaire et l'exploitation des hydrates de méthanes, deux sources d'énergie aux réserves bien plus vastes, mais pour lesquelles nous ne disposons pas de technologie fonctionnelle. Jusqu'à récemment, on considérait la géothermie profonde à haute et très haute température comme peu rentable. Or l'augmentation du prix de l'énergie et surtout les progrès réalisés en font une option intéressante, car elle est inépuisable, non polluante et très puissante.

Efficacité énergétique

Faire preuve d'efficacité énergétique consiste à produire les mêmes biens et services avec moins d'énergie, et dans notre cas, de produits pétroliers. C'est de loin la méthode la plus intéressante, puisqu'elle répond correctement aux trois problèmes évoqués ci-dessus. Les moyens de l'efficacité énergétique ont en plus l'avantage d'être fréquemment intuitifs et connus de tous :

  • utiliser des automobiles aux moteurs plus économes
  • construire des habitations mieux isolées
  • favoriser les transports en commun et alternatifs
  • limiter les gaspillages, favoriser le recyclage

Ces méthodes font lentement des progrès dans les pays développés où l'énergie est rendue artificiellement chère (taxes, subventions aux méthodes vertueuses). Entre autres, l’isolation se présente de plus en plus comme l'alternative du futur dans les pays tempérés (BedZED), mais peine à pénétrer le marché.

Charbon, gaz naturel, sables bitumineux

Le charbon ne répond pas aux critères ; cependant, son prix plus faible en fait une réponse évidente pour les pays gros consommateurs où il est abondant (États-Unis, Chine, Inde). Il bénéficiera certainement d'un regain d'intérêt dans les pays importateurs dès qu'une solution de séquestration du dioxyde de carbone sera disponible. La consommation de charbon augmente de 37,4 % entre 2002 à 2008.

Consommation mondiale de charbon, MTep
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
2 405,2 2 597,6 2 766,2 2 907,4 3 042,3 3 194,5 3 303,7

Le gaz naturel est un peu une solution intermédiaire : plus propre que le charbon, mais moins abondant, il exige des installations compliquées et coûteuses (gazoducs, méthaniers, terminaux gaziers, sites de stockage), ainsi que des contrats à très long terme ; son expansion est ralentie par ces difficultés.

Le procédé Fischer-Tropsch permet depuis longtemps d'obtenir des hydrocarbures liquides (et en particulier de l'essence) à partir du charbon ; modernisé, son application s'étend au gaz naturel, et l'on parle maintenant de CtL (Coal to Liquids) et GTL (Gas to Liquids).

Les sables bitumineux sont un mélange naturel de bitume brut, de sable, d'argile minérale et d'eau. Le gisement le plus connu est celui de l'Alberta ; déjà exploité, il fournit actuellement 1 à 2 millions de barils par jour, permettant ainsi au Canada d'être le deuxième fournisseur de pétrole des États-Unis. Leur extraction pose de gros problèmes environnementaux ; ce gisement géant équivaut à la moitié des réserves de l'Arabie saoudite.

Energie solaire

Pour le chauffage, l'emploi du chauffe-eau solaire est généralisé dans de nombreux pays (Méditerranée, Asie du Sud-Est). Cette méthode commence à se répandre en Europe.

Biocarburants

Les biocarburants se sont développés récemment en Europe et aux USA, mais ont suscité des inquiétudes. À part de rares exceptions telles que l'huile de Jatropha, ils entrent en compétition avec l’agriculture pour l’alimentation et avec les milieux naturels pour l’occupation des sols. Leur rendement énergétique est actuellement insuffisant. De petites quantités de biocarburants peuvent être produites à partir de déchets de l’industrie agro-alimentaire, dans ce cas le bilan est bien meilleur. La production de biodiesel à partir d’algues attire un intérêt croissant : elle ne réclame ni eau douce, ni terres cultivables.

Énergie nucléaire

L'énergie nucléaire répond à l'essentiel des critères ; en revanche, elle pose des problèmes supplémentaires (sécurité des populations environnantes, contrôle des matériaux fissiles) qui empêchent cette solution de se généraliser.

Géothermie profonde à haute et très haute température

Cette option propre et inépuisable constitue un des grands enjeux à venir. Elle permet en outre une plus grande indépendance énergétique, à laquelle même le nucléaire ne peut répondre, du fait de la nécessaire importation de l'uranium. Les avancées et résultats obtenus dans certains pays (tels la Nouvelle-Zélande ou les États-Unis) sont encourageants, mais témoignent aussi du retard pris par certains pays, comme la France, malgré l'importance stratégique, économique et sociale de l'énergie (avec le problème de son coût, surtout quand la croissance est en berne) et malgré le potentiel naturel qu'offre son territoire (conditions géologiques favorables, en particulier dans la plaine d'Alsace et la plaine de la Limagne).

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