Place Stanislas - Définition

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Introduction


Le pavillon de l'Opéra en mars 2007
Coordonnées 48° 41′ 37″ Nord
       6° 11′ 00″ Est
/ 48.69361, 6.183333
Pays France France
Subdivision
Région** Europe et Amérique du Nord
Type Culturel
Critères (i) (iv)
Numéro d'identification 229
Année d’inscription 1983
(1) Statue Stanislas - (2) Neptune - (3) Amphitrite

La place Stanislas est une place appartenant à un ensemble urbain classique situé à Nancy, dans la région Lorraine, en France, qui est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Voulue par le duc de Lorraine Stanislas Leszczyński, elle a été construite entre 1751 et 1755 sous la direction de l'architecte Emmanuel Héré. Son nom et sa statue centrale ont évolué au gré des bouleversements de l'histoire de France ; elle porte ce nom depuis 1831.

Appelée familièrement par apocope place Stan', elle est souvent qualifiée de « plus belle place du monde » par les habitants. Quoique de belles proportions (106 mètres sur 124 mètres), ces dimensions restent modestes par rapport aux 12 hectares du record français de la place des Quinconces à Bordeaux et, à Nancy même, la place de la Carrière ou le cours Léopold, par exemple, sont plus étendus. Ce ne sont donc pas ses dimensions qui font l'originalité de la place Stanislas mais son aménagement et son rôle dans l'urbanisme de la cité, reliant deux quartiers autrefois indépendants. L'architecture et les monuments sont plus typiques d'une capitale moderne que d'une simple cité de province. Ainsi la planification urbaine d'une grande cohérence architecturale affirme la persistance du pouvoir du duc de Lorraine, qui bénéficie encore de nombreuses institutions indépendantes.

Localisation

La place est située à la limite nord-est du centre-ville. Bien plus qu'une simple place Royale, elle est en fait au centre d'un plan d'urbanisme unique en Europe, regroupant les grandes institutions de l'époque tout en faisant l'union entre la Ville-Vieille (médiévale) et la Ville-Neuve (transition XVIe ‑ XVIIe siècles).

Architecture

La configuration des lieux respecte l'ordonnance de l’architecture classique héritée de Mansart. On y retrouve des bâtiments à étages et façades régulières comme par exemple sur les places Vendôme ou de la Concorde à Paris ou encore la place Gambetta de Bordeaux. Mais ce classicisme est tempéré d'apports ponctuels relevant d'un répertoire rococo et baroque.

L'architecte en est Emmanuel Héré. Elle est entourée de six grilles monumentales en fer forgé rehaussées de feuilles d'or, signées par Jean Lamour. En son centre est située la statue en pied de Stanislas, en lieu et place de celle de Louis XV qui y a trôné de 1755 jusqu'à sa destruction lors de la Révolution française. La statue actuelle date de 1831 et fait suite à une souscription des départements de la Meuse, de la Meurthe et des Vosges. Un arc de triomphe en l'honneur de Louis XV sépare la place de Stanislas de la place de la Carrière.

Les pavillons de la place sont répartis ainsi :

  • l'hôtel de ville, le plus impressionnant des bâtiments ;
  • les quatre grands pavillons : l'hôtel de la Reine, le pavillon Jacquet, l'Opéra-théâtre (ancien hôtel des fermes puis évêché) et le Musée des Beaux-Arts (ancienne Académie de médecine) ;
  • deux petits pavillons, moins hauts qui ouvrent la perspective, depuis l'hôtel de ville, sur l'arc de triomphe et la place de la Carrière.
Panorama après la rénovation 2004-2005

Bâtiments

Les bâtiments qui ceinturent la place ont tous été créés par Emmanuel Héré.

L'architecture néoclassique présente un style d'ordre corinthien. Les façades sont ornées d'agrafe et de balcons. Elles sont surmontées d'une balustrade servant de support à des sculptures d'enfants et de pots-à-feu.

Le rez-de-chaussée, percé d'ouvertures en plein cintre, est séparé des étages par un bandeau mouluré.

Hôtel de ville

Façade de l'hôtel de ville

C'est le plus grand des bâtiments. D'une longueur de 98 mètres, il occupe tout le côté sud de la place. Également nommé Palais de Stanislas, il sert de mairie depuis sa construction.

Il a été construit de 1752 à 1755, à la place des hôtels de Gerbéviller et de Juvrécourt qui durent être détruits. Puis l'hôtel de Rouerke, un hôtel particulier voisin, a été démoli en 1890 pour lui permettre de s'agrandir.

Trois avant-corps, au centre et à chacune des extrémités, brisent la monotonie. Le fronton est orné des armes de Stanislas et du blason de la ville de Nancy. L'horloge centrale est encadrée de deux statues allégories de la justice et de la prudence. Plus bas, un bas-relief montre une jeune fille tenant un chardon, symbole de la ville depuis la victoire sur Charles le Téméraire. La rambarde du balcon reproduit les armoiries de la famille Leszczynski. L'intérieur a été réaménagé au fil des ans et seuls subsistent le vestibule, l'escalier et le salon carré du bâtiment d'origine.

Projet de façade tracé par Emmanuel Héré

L'entrée se fait par un vestibule à deux rangs de colonnes. Il abrite un escalier à deux courbures fait par Lamour, la cage et le plafond ont été peints par Jean Girardet. Le décors est inspiré des peintres italiens et allemands, il représente un bosquet et une architecture en trompe l'œil qui semble la continuité naturelle de l'escalier. Le mur du fond a été percé au XIXe siècle lors de l'installation d'un musée dans le bâtiment. Au rez-de-chaussée se trouvait également des bureaux et la salle des Redoutes où l'on donnait des bals.

Au premier étage, l'escalier débouche sur le salon carré, qui hébergeait autrefois l'Académie de Stanislas. Il est habillé de panneaux encadrés de pilastres de stuc dans un style corinthien. Les panneaux sont surmontés par des fenêtres s'ouvrant sur un balcon et des fresques. Quatre peintures murales de Girardet évoquent les œuvres de Stanislas : Apollon pour la création de société des sciences et belles-lettres, Jupiter pour la justice, Esculape pour le collège de Médecine et Mercure pour le soutien au commerçants. Au plafond, Stanislas a été représenté conduisant le char d'Apollon. Le salon carré servait autrefois d'antichambre aux appartements royaux. Ils ont été transformés en Grand Salon en 1866 pour le centième anniversaire du rattachement de la Lorraine à la France. Celui-ci est décoré de peintures de Émile Friant, Aimé Morot et Victor Prouvé.

Le bâtiment a été classé aux monuments historiques par arrêté du 12 juillet 1886.

Hôtel de la Reine

Façade initiales des pavillons latéraux

Ce bâtiment est situé sur le côté droit de l'hôtel de ville, au no 2 place Stanislas.

Autrefois pavillon de l'Intendant Alliot, du nom de François-Antoine-Pierre Alliot, conseiller aulique et intendant de Stanislas. Ensuite nommé hôtel de l'Intendance, il hébergea l'administration départementale et la préfecture jusqu'à son transfert en 1824 au palais du Gouverneur situé place de la Carrière.

Il a également abrité une école de musique. Marie-Antoinette s'y rendit en 1769 pour y écouter des poésies de Nicolas Gilbert, ce qui inspira le nom actuel de l'établissement. Il devint en 1814 la résidence de l'empereur de Russie.

La façade et la toiture ont été classés aux monuments historiques par arrêté du 18 septembre 1929

On y trouve aujourd'hui le Grand hôtel de la Reine, un hôtel 4 étoiles comprenant 42 chambres et un restaurant.

Opéra-théâtre

L'Opéra-théâtre

Au no 4 place Stanislas, le pavillon situé près de la fontaine Amphitrite abrite l'Opéra national de Lorraine.

Il a été érigé en 1753 par Jean-François de La Borde.

Autrefois hôtel des fermes, il a été vendu comme bien national en 1798. Il abrite l'évêché de 1802 (décret de messidor an VIII) à 1906.

La même année, le Théâtre de la Comédie, situé de l'autre côté de la place dans l'actuel pavillon du Musée des Beaux-Arts est détruit dans un incendie. Un concours d'architecte couronne Joseph Hornecker pour un projet de inspiré du théâtre à l’italienne. L'État prend possession du bâtiment en 1909 et les travaux sont lancés. Le 14 octobre 1919, l'inauguration donne lieu à une représentation du Sigurd d'Ernest Reyer. L'architecture en béton est masquée derrière un décors inspiré de l'Opéra Garnier.

L'immeuble a été classé aux monuments historiques par arrêté du 26 décembre 1923.

En 1995 des travaux de restauration sont mis en œuvre sous la direction de Thierry Algrain.

Pavillon Jacquet

Bâtiments initialement alloué à un bourgeois de Nancy, il est demeuré depuis une propriété privée.

Sur la façade à l'angle de la rue Gambetta se trouve une méridienne, sorte de cadran solaire qui indique midi. Elle est l'œuvre de l'horloger de Stanislas, Michel Ransonnet.

Situé au no 1 place Stanislas, il héberge aujourd'hui deux brasseries : Le Foy et le Commerce.

La façade et la toiture ont été classés aux monuments historiques par arrêté du 25 juin 1929.

Musée des Beaux-Arts

Situé au no 3 de la place, près de la fontaine Apollon, on y trouve aujourd'hui le Musée des Beaux-Arts de Nancy.

Le pavillon accueillait, à l'époque de Stanislas, le Collège de médecine et de chirurgie. Puis il hébergea le Théâtre de la Comédie, construit en 1758 et qui fut totalement détruit par un incendie dans la nuit du 4 au 5 octobre 1906. On y trouvait aussi le café de la comédie et le café du commerce.

Il a ensuite accueilli le Musée de Beaux-Arts à partir de 1793. Une première extension a été réalisée en 1936 par les fils d'Émile André et une seconde en 1995 par Laurent Beaudouin. Le bâtiment actuel a été inauguré le 5 février 1999.

L'immeuble a été classé aux monuments historiques par arrêté du 27 décembre 1923.

Basses faces

Les petits pavillons et l'arc de nuit

En face de l'hôtel de ville se trouvent deux petits pavillons, les basses faces ou trottoirs, moins hauts qui ouvrent la perspective sur l'arc de triomphe et la place de la Carrière.

La place ne devait au départ être bâtie que sur trois côtés seulement, et il fallut l'insistance de Stanislas pour que le quatrième côté soit équipé d'immeubles. Situé au niveau des remparts sur la courtine qui reliait les bastions de Vaudémont et d'Haussonville, ils ont dû être limités à un seul étage pour des impératifs militaires, pour autoriser les tirs croisés d’artillerie depuis les bastions. Ils sont séparés par la rue Héré qui conduit à l'arc de triomphe.

Leur construction a été supervisée par Claude Mique et Claude-Thomas Gentillâtre (1712-1773) et comme le pavillon Jacquet les bâtiments furent alloués à des bourgeois de Nancy.

Ils ont hébergé l'office du tourisme, aujourd'hui dans le pavillon de l'hôtel de ville. La brasserie Jean Lamour au no 7 est partiellement sur l'emplacement du café royal qui existait en 1755 à la création de la place. On trouve également aujourd'hui une galerie Daum vendant des œuvres de cette cristallerie.

Les façades et toitures donnant sur la place ainsi que leur perpendiculaires dans la rue Héré ont été classées aux monuments historiques le 2 avril 1928.

Arc Héré

Arc Héré

Il est situé sur le côté nord de la place, à l'extrémité d'une courte rue qui s'ouvre entre les petits pavillons, dans la perspective de la place Carrière et du palais du gouverneur.

Il est construit sur l'emplacement de l'ancienne Porte Royale construite par Louis XIV. Celle-ci est détruite en 1752 par Stanislas et les travaux d'édification de l'arc se déroulent de 1753 à 1755. Le thème principal du décor est la guerre et la paix, symbolisées par des branches de laurier et d'olivier, allusions à la Bataille de Fontenoy (1745) et au Traité d'Aix-la-Chapelle (1748).

À l'origine l'arc était relié aux remparts par des galeries, le sommet de l'arc faisait partie du chemin de ronde pour satisfaire aux exigence du gouverneur militaire le Maréchal de Belle-Isle. Ayant lui-même un rôle de fortification, l'arc est très large. La muraille qui l'entourait a été abattue vers 1772 à l'est (Pépinière) et en 1847 à l'ouest (place Vaudémont) ; isolée, la porte devient alors un véritable arc de triomphe.

Il a été dessinée par Emmanuel Héré. Élevé sur un piédestal et d'ordre corinthien, il est inspiré de l'arc de Septime Sévère à Rome. Il reproduit l'arc de porte Saint-Antoine à Paris dressé en 1660 par Jean Marot. Le monument est percé par une grande arcade en plein cintre encadré par deux porches plus bas, chacun étant est encadré de colonnes. La baie centrale présente une avancée sur la façade.

La face visible depuis la place Stanislas est la plus richement décorée. Sur la corniche, reprenant le thème de la guerre et de la paix, on trouve des statues de Cérès, de Minerve, d'Hercule (copie l'Hercule Farnèse) et de Mars. Au centre de la corniche se trouve un acrotère supportant un groupe de trois personnages en plomb doré et orné d’un médaillon de Louis XV. Le médaillon est soutenu par un génie et par une femme assise représentant la Lorraine. Au-dessus du génie se trouve la Renommée tenant dans une main une trompette et dans l'autre une couronne de lauriers. Toutes ces statues ont été faites par Guibal.

Détail du groupe de la Renommée

Un premier médaillon de Louis XV en marbre blanc avait été réalisé par Jean Baptiste Walneffer. Présentant un profil du roi à l'antique, il a été détruit à la Révolution. Il a ensuite été remplacé par un médaillon en plomb doré représentant le portrait du souverain. En 1830, le nouveau médaillon est retiré de l'arc pendant la révolution de Juillet et conservé dans un dépôt. Il retrouvera sa place le 26 mars 1852.

Sous la corniche, se trouvent trois bas-reliefs en marbre blanc. Le plus à gauche représente Apollon tirant une flèche contre un dragon ailé qui enlace un homme. Le bas-relief principal montre Mercure et Minerve sous des dattiers et celui de droite Apollon jouant de la lyre accompagné de muses. Ces trois bas-reliefs ont été repris de l'ancienne porte Royale, en considérant Apollon comme une allégorie de Louis XV.

On trouve enfin trois inscriptions écrites sur des tables de marbre noir. Sur la face de l'acrotère portant le groupe de la Renommée, on lit « HOSTIUM TERROR / FŒDERUM CULTOR / GENTISQUE DECUS ET AMOR » (« Terreur des ennemis, artisan des traités, gloire et amour de son peuple »). Sous le bas relief de gauche : « PRINCIPI VICTORI » et sous celui de droite « PRINCIPI PACIFICO ». En 1830, à la place de chacune de ces deux inscriptions, on avait peint en jaune « LIBERTÉ ÉGALITE » et « LIBERTÉ FRATERNITÉ » (devise française). En 1876 les anciennes inscriptions seront restaurées.

Il a été classé monument historique le 27 décembre 1923.

Statue centrale

Au centre de la place se trouve une statue de Stanislas réalisée en 1831. Elle a remplacé une statue de Louis XV qui avait été détruite à la Révolution.

Statue de Louis XV

Gravure de Dominique Collin (1725-1781)

En 1744 le roi Louis XV de France tombe gravement malade et on le croit perdu. Plusieurs villes décident de construire des statues à l'effigie du roi Louis XV : de Bordeaux (1739-1741), Rennes (1756-1751), Paris (1748), Rouen (1758), Reims (1758), Valenciennes (1749-1752).

La statue réalisée en bronze faisait 7 500 kg pour 4,66 m de haut. Son bras droit tenait un bâton royal dirigé vers le pavillon de l'hôtel des fermes. Sa main gauche appuyée au côté, il regardait vers Paris. Victorieux, il était vêtu à la romaine, cuirassé et drapé dans un manteau royal.

Elle était sur un socle en marbre de Gênes, lui-même posé sur un emmarchement de trois degrés qui sera modifié en 1958. La dédicace de la face principale portait l'inscription ; « LUDOVICO XV / TENERRIMI ANIMI / MONUMENTUM » (« à Louis XV monument d'un cœur affectueux »). Sur le socle, quatre médaillons représentaient le mariage du roi, la réunion de la lorraine, la paix de Vienne et la fondation de Stanislas. Le duc avait composé lui-même les sujets allégoriques qui devaient orner les quatre côtés du piédestal. On en trouve trace dans un manuscrit conservé à la bibliothèque de Nancy. Quatre statues en plomb, allégories de vertus, étaient accoudées à chaque angle du monument. La Prudence et la Justice étaient des œuvres de Guibal, la Valeur et la Clémence étant dues à Cyfflé. Ces mêmes vertus étaient représentées sur le socle du Louis XV à cheval de Bouchardon qui était érigé à Paris. Un piédouche surmontait le socle, il portait un hexamètre sur chaque face :

  • « Vive Diu Lothari saecla precantur » (« Vis longtemps Louis, les lorrains demandent pour toi des siècles »)
  • « Artificem ducebat amor praestantiae arte » (« L'amour qui l'emporte sur l'art a dirigé l'artiste »)
  • « Principis ex animo plaudit lotharingia votis » (« La Lorraine applaudit de tout cœur aux vœux de son prince »)
  • « Reddit amor soceri muta baec spirantia signa » (« L'amour du beau père a rendu vivante cette statue »)

Lorsque Stanislas lance un appel aux artistes, Barthélemy Guibal présente une ébauche en cire de 29 pouces de hauteur, une fois le projet accepté il réalise un modèle de 2 pieds 9 pouces.

Un premier essai de fonte de la statue échoue. Jean-Joseph Söntgen, qui deviendra le sculpteur de Stanislas après la mort de Guibal, est appelé en Lorraine pour préparer la fonte. La statue est coulée en trois minutes dans le jardin de Guibal à Lunéville le 15 juillet 1755 à 7 heures du soir. L'opération est réalisée par le fondeur Perrin assisté de deux ouvriers. On dit que Basile-Benoît Mathis (1736-1805), le gendre de Guibal qui supervisait la coulée, était tellement inquiet que ses cheveux devinrent tout blanc.

On dit que Stanislas, qui assistait aux opérations, aurait jeté des pièces d'or dans le métal en fusion mais Nicolas Durival dans sa Description de la Lorraine et du Barrois affirme que celui-ci se trouvait alors à Commercy et qu'il ne fut averti sur succès de la coulée que le lendemain matin.

La statue est transportée à Nancy le 16 novembre par un véhicule construit exprès et tiré par 36 chevaux (ou 32 ?) ; le pont sur la Meurthe à Saint-Nicolas-de-Port doit être consolidé. Le 18 novembre à midi, elle est posée sur son piédestal qui déjà accueille trois des quatre vertus. Elle reste masquée par un drap jusqu'à l'inauguration du 26 novembre.

Il a existé une controverse autour du ou des auteurs de la statue. Lors de la présentation du modèle de cire, Stanislas propose à Guibal de se faire assister par Paul-Louis Cyfflé, jeune artiste de 25 ans. Celui-ci refuse dans un premier temps, proposant que Cyfflé se limite aux bas relief du piédestal, puis accepte. Selon Guibal, Cyfflé s'occupa du coulage et négligea les autres opérations, pris par d'autres occupations. Aussi quand Cyfflé demande à ce que soit inscrit la dédicace « GUIBAL ET CYFFLE FECERUNT », Guibal s'y oppose et envoie un courrier à Stanislas. Le duc tranche pour « GUIBAL FECIT COOPERANTE CYFFLE » et finalement Cyfflé fait retirer les deux derniers mots pour n'avoir plus que l'inscription « GUIBAL FECIT ». Après la mort de Guibal, Cyfflé se revendique comme l'auteur de la statue. Il prétend que Stanislas voulait faire inscrire au bas « Fait par Guibal d'un coup de Cyfflé » et se présente comme auteur au roi du Danemark en visite à Nancy en 1769. Il le fait même publier dans les journaux.

Pour défendre le point de vue de leur aïeul plusieurs descendants de Guibal vont prendre la plume. On trouve ainsi une lettre de sa fille Mme Mathis (alors à Moscou) à Nicolas Durival en mars 1786 à propos de la notice sur la statue dans sa Description de la Lorraine et du Barrois. Son fils, notaire à Lunéville mort en 1818, a écrit un mémoire en 1814. Un exemplaire en est conservé à la bibliothèque de Nancy. Son petit fils Charles-François Guibal (1781-1861), magistrat à Nancy et membre de l'Académie de Stanislas, a également publié une notice en 1860.

On trouve cependant traces de Cyfflé comme co-auteur, par exemple dans le livre de comptabilité ; « La somme de 41 000 livres aux sieurs Guibal et Cyfflé pour la main-d'œuvre de la dite statue, bas-reliefs et ornements, relativement à la convention faite avec eux et suivant le certificat de M. Héré, mandement et quittance ».

La gloire de Napoléon

Lors de la Révolution française, un décret du 14 août 1792 oblige les municipalités à faire disparaître les emblèmes royaux. Le 2 septembre 1792, 118 citoyens se réunissent à l'église des Carmes. À l'initiative de l'avocat André, ils rédigent une pétition adressée au maire André Dusquesnoy lui demandant d'intercéder auprès de l'Assemblée nationale pour suspendre les travaux de démolition de la statue. Celle-ci recueille 672 signatures mais la statue doit tout de même être descendue de son piédestal et enterrée dans une fosse au milieu de la place.

Le 13 novembre un bataillon de fédérés (appelés les Marseillais) prend la relève de la garde national parisienne qui stationnait à Nancy. Ils entreprennent de détruire nombre d'œuvres faisant allusion à la monarchie ou à Stanislas. Le 14, ils déterrent la statue et la soumettent au feu pour pouvoir la séparer en morceaux ; des fragments sont éparpillés. Le 26 novembre 1792 elle est totalement exhumée et déposée à l'hôtel de ville. Le 23 janvier 1793 elle est vendue au poids à la fonderie de Metz. Une réduction en bronze de cette statue, autrefois destinée au château de Chanteheux, est aujourd'hui conservée au musée lorrain.

Le 25 messidor an VIII (14 juillet 1800), le préfet Jean Joseph Marquis inaugure la construction de la « colonne de la Meurthe », pour obéir à l'ordonnance du 12 juin qui réclame l'érection d'un monument en honneur des défenseur de la patrie dans chaque département. La ville de Nancy manque d'argent; la colonne ne sera jamais achevée et le socle de la place du peuple reste vide.

Le 12 septembre 1808 la municipalité commande au sculpteur Joseph Labroise une représentation du Génie de la France réalisée en pierre de Savonnières. Elle représente une femme ailée distribuant des couronnes. Sous l'Empire, l'œuvre de Labroise est renommée Gloire de Napoléon. Elle est à nouveau modifiée sur ordre de Louis XVIII et est finalement inaugurée le 25 août 1814.

Statue de Stanislas

Détail du buste

Sous le Consulat, la société académique de Nancy projette d'ériger un monument en l'honneur de Stanislas. Les circonstances ne permettront pas de l'exécuter.

Un premier projet de statue de Stanislas est accepté par le préfet Jean Paul Alban de Villeneuve-Bargemon. Le monument est prévu pour la place de la Carrière. Louis XVIII approuve le projet en 1823, sur les conseils de Corbière.

Un arrêté préfectoral du 12 mars 1823 fixe les condition d'une souscription dans les départements de la Meurthe, des Vosges et de la Meuse. Elle est placée sous l'autorité du commandant de la deuxième subdivision de la troisième division militaire : Marie-Jacques Thomas, marquis de Pange. En août 1824, 40 686 francs ont été récoltés, bien moins que les 90 000 escomptés.

Depuis l'hôtel de ville

Dans une lettre du 31 mai 1823 Charles-François Guibal propose de dresser la statue sur le socle de la place Royale. La commission choisit Georges Jacquot, un jeune sculpteur. Il présente deux esquisse en argile, l'une représentant un Stanislas guerrier l'autre, plus conforme au cahier des charges, en habits polonais vêtu du manteau royal. La seconde esquisse est choisie le 13 décembre 1825. Un modèle en plâtre est réalisé par Jacquot puis exposé au salon de l'hôtel de ville.

Le 12 mai 1826, la commande est passée pour 6 000 francs payables en cinq fois au fur et a mesure de l'avancement des travaux, qui devaient durer deux ans au plus.

En septembre 1827, un modèle en plâtre est achevé. La statue de Labroise, qui occupait le socle, est détruite en 1830. La statue finale, coulée par le fondeur Soyer, n'est réceptionnée que le 22 octobre 1831. Elle pèse 5 400 kg et mesure 4,13 m.

Le piédouche de marbre blanc qui surplombait le socle est retiré. Il est utilisé depuis 1830 comme stèle sur le caveau de la famille Antoine, visible au cimetière de Préville.

Les inscriptions du socle ne furent décidées que le 20 octobre 1831 à la suggestion du recteur Jean-Joseph Soulacroix et de Charles Haldat directeur de l'école de médecine ; « À / STANISLAS LE BIENFAISANT / LA LORRAINE RECONNAISSANTE / 1831 MEURTHE - MEUSE - VOSGES ». La statue est inaugurée le 6 novembre 1831 par le préfet Lucien Arnault.

En 1951, elle est descendue de son socle pour le mariage de Otto von Habsburg, héritier de la maison de Lorraine. La grille en fer forgée de Lamour qui entourait le socle est retirée en 1958.

La statue du roi Stanislas était censée pointer, selon le cahier des charges du sculpteur Jacquot, le portrait de Louis XV sur l'arc de triomphe de son index démesuré. Un simple examen visuel montre que le résultat est pour le moins approximatif. Des mesures réalisées par l'IGN le 6 mai 2004, ont montré que l'index pointe vers le Nord-Ouest, en direction de Sedan et Charleville-Mézières, à l'azimut 325 °45’46.04857’’. La main de l'ancienne statue de Louis XIV, qui a été détruite à la Révolution, désignait elle l'hôtel des fermes alors que son regard était dirigé vers la ville de Paris.

Fontaines

Fontaine de Neptune

Deux fontaines symétriques représentant Neptune et Amphitrite sont disposées dans les angles qui relient les basses face aux pavillons latéraux. Elles sont dans un style rococo qui rompt avec l'architecture classique de la place.

Elles sont surmontées d'un portique en ferronnerie de Jean Lamour, qui permettaient de masquer les remparts et les fossés. Formant un profil concave, dit « en tour creuse », ces portiques présentent une arcade principale flanquée de deux baies latérales plus petites. L'ouverture des cintres est de 15,30 m et leur hauteur de 10,40 m. Ils forment un avant plan devant des massifs d'arbres.

Amphitrite (détail)

En 1750 un projet de deux fontaines présentées par Guibal à Stanislas, celui-ci étant jugé trop cher il est décidé de les réaliser en plomb plutôt qu'en bronze. Les fourneaux destinés à la fonte des statues sont construits, avec un certain cérémonial le 29 novembre 1751 sur un terrain de Guibal. La première pierre de ces édifices a été cédée au Musée lorrain par son petit fils.

Les grilles et fontaines ont été les premiers éléments de la place classés aux monument historique le 12 juillet 1886.

Du côté de l'opéra, à droite quand on regarde l'arc de triomphe, la fontaine Amphitrite est agrémentée d'une statue dont la nudité choquait l'aumônier de Stanislas. Les deux fontaines latérales ont été supprimées en 1771 (ou 1791 ?) pour ouvrir un accès vers le parc de la Pépinière.

De l'autre côté, la fontaine Neptune présente une statue du dieu brandissant un trident et surplombant des enfants à cheval sur des dauphins. Les deux baies latérales encadrent deux autre fontaines. Dans la petite fontaine de gauche, on voit un enfant qui pleure. Il avait à l'époque une écrevisse qui lui pinçait le doigt ; celle-ci a disparu aujourd'hui. Une reproduction par moulage est exposée au Musée des monuments français du palais de Chaillot.

Grilles

Chapiteau et lanterne

Les grilles réalisées par Jean Lamour, serrurier de Stanislas, sont au nombre de six. Outre les arcs au-dessus des fontaines, elles forment des sortes de portes flamandes à droite et a gauche de l'hôtel de ville et de simple panneaux entre les pavillons bordant les rues Stanislas et Sainte-Catherine. Elles valent à Nancy le surnom de « ville aux Portes d'Or ».

Lamour utilisera l’ancienne église de la primatiale comme atelier de forge pour les réaliser.

De style art rococo comme les fontaines, elles ont été réalisées en fer battu (aminci au marteau) et dorées à la feuille.

Les ferronneries imitant l'architecture sont courantes au XVIIIe siècle, par exemple les grilles de l'abbatiale Saint-Ouen de Rouen. On retrouve les chiffres du roi Louis XV sur les ouvertures latérales et ses armes décorent l'entablement. Les pilastres supportant la ferronnerie sont ornés de feuilles de chêne symbolisant la force, ils sont surplombés de chapiteaux d'ordre français décorés d'un coq gaulois regardant un soleil. On retrouve des rameaux d'olivier et des fleurs de lys.

Les vignettes qui les ornent sont de Dominique Collin (1725-1781). L'une d'elle représente Stanislas visitant l'atelier de l'artiste.

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