Schizophrénie - Définition

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Schizophrénie et criminalité violente

Le sujet est particulièrement sensible du fait de la forte médiatisation dans les années 2000 des homicides commis par des sujets souffrant de schizophrénie. Il existe néanmoins des études sérieuses faites sur le sujet, particulièrement sur la population suédoise grâce à l’existence de registres bien documentés en matière de santé et de criminalité.

La Suède possède plusieurs bases de données sur sa population permettant le croisement de données diagnostiques et criminologiques sur plus de trois décennies entre 1973 et 2006 ce qui permet de s’intéresser à la part respective de la schizophrénie et de l’abus de substances toxiques dans la surreprésentation des sujets souffrants de schizophrénie parmi les auteurs de crimes violents. L'interprétation des données montre que cette maladie est corrélée avec la violence criminelle mais que cette corrélation est fortement atténuée si l'on tient compte des différentes addictions associées. D'après le même registre et sur 13 ans, 45 crimes ont été commis pour 1000 habitants dont 2,4 sont attribuables aux sujets souffrants de schizophrénie ou autres psychose, soit 5 %. Ces conclusions sont retrouvées dans d'autres études: le risque de violence chez les personnes atteintes de toxicomanie (mais sans psychose) est similaire à ceux des individus souffrant de psychose avec toxicomanie. Le risque est plus important pour les sujets souffrant de toxicomanie que pour les sujets souffrant de psychoses, indépendamment de la comorbidité.

L’association schizophrénie et dépendance à une substance est fréquente, autour de 30 %.

Le risque de passage à l'acte criminel est donc réel mais semble essentiellement en rapport avec une toxicomanie associée et équivalent à celui du toxicomane non schizophrène.

Épidémiologie

Les schizophrénies touchent 1 % de la population mondiale, sans variations notables d'un pays, d'une culture ou d'une époque à l'autre. Dr. Lin Mei, Medical College of Georgia : « La schizophrénie est un trouble de la perception de la réalité qui touche environ 1 % de la population mondiale, dans tous les pays et toutes les cultures, elle s’accompagne de désordres cognitifs, et de dysfonctionnements sociaux et comportementaux plus ou moins importants. En France, c’est le trouble psychiatrique le plus répandu. Pourtant par bien des aspects la schizophrénie reste encore mystérieuse et son traitement imparfait. »

L’hérédité (facteur de milieu psycho-affectif, npc génétique) est un facteur qui accroît le risque. Ainsi, l’enfant naissant voit son risque augmenter de :

  • 5 % s’il a un parent du deuxième degré (oncle, tante, cousin, cousine) qui souffre de schizophrénie ;
  • 10 % s’il a un parent du premier degré (père, mère, frère, sœur) ;
  • 10 % s’il a un jumeau différent qui souffre de schizophrénie ;
  • 40 % s’il est enfant de deux parents schizophrènes ;
  • 50 % s’il a un jumeau identique qui souffre de schizophrénie.

Certaines études laissaient penser que le risque augmente dans les grandes villes. Plus de 200 études avaient aussi déjà suggéré que le risque de schizophrénie augmentait de 5 à 8 % chez les enfants nés en hiver ou au printemps. Une explication pourrait venir d'une étude qui conclut que le risque de schizophrénie augmente chez les adultes dont la mère a été infectée par un virus grippal lors de sa grossesse (idem pour le risque de trouble obsessionnel-compulsif, d'autisme et d'autres maladies du cerveau).

En 2004, Alan S. Brown (psychiatre de l'université Columbia) avait étudié des sangs congelés, échantillonnés de 1959 à 1966 chez 189 femmes enceintes, dont 64 ont ensuite donné naissance à des enfants devenus schizophrènes. Ces femmes ont donné leur sang plusieurs fois durant leur grossesse, ce qui a permis de comparer rétrospectivement si et quand elles avaient été exposées à la grippe. L'étude a montré que quand elles avaient contracté la grippe dans la première partie médiane de la grossesse, le risque de schizophrénie a été multiplié par 3, et par 7 si l'exposition s'était faite dans les 3 premiers mois. Jusqu'à un cinquième de tous les cas de schizophrénie pourraient avoir pour cause une infection prénatale.

Selon Christopher L. Coe, psychologue à l'université de Wisconsin-Madison, plusieurs études suggèrent que ce n'est pas le virus lui-même qui affecte le développement cérébral du fœtus, mais plutôt la réponse immunitaire au virus. Les cytokines émises par le système immunitaire pourraient être en cause car elles jouent aussi un rôle dans le développement du cerveau, au moins in vitro (sur des cultures cellulaires) où, à des taux élevés, comme lors d'une infection grippale, elles empêchent le développement normal des neurones. En temps normal, le placenta ne filtre ni les hormones ni les nutriments qui passent de la mère au fœtus. Quand la mère subit une infection grippale, le placenta se comporterait différemment, pouvant parfois inviter le fœtus à produire ses propres cytokines même s'il n'est pas en contact avec le virus. Des études ont montré que l'interleukine 8 a notablement augmenté dans le sang de mères ayant donné naissance à des enfants schizophrènes.

Deux gènes qui semblent associés au risque de schizophrénie, sont également impliqués dans la production de cytokines.

Une expérience a consisté à injecter à des souris enceintes, non pas un virus grippal mais une molécule à base d'ARN viral, non dangereuse, mais reconnue comme étrangère par l'organisme, pour obtenir une réponse immunitaire sans infection. Les souris nées de ces mères se sont comportées comme la progéniture de mères infectées par une grippe (anormalement et beaucoup plus craintives que les souris normales, moins enclines à explorer et à interagir avec d'autres souris), suggérant que c'est bien la réponse immunitaire et non le virus (ni un gène de prédisposition activé par l'infection virale) qui affecterait la formation du cerveau (l'autopsie a montré que les neurones de ces souris étaient anormalement distribués). Ceci laisse penser que certaines schizophrénies pourraient avoir des causes environnementales (comme certaines maladies auto-immunes) et des origines pré-natales à des infections de la mère durant la grossesse, mais peut aussi provenir de troubles digestifs.

Paradoxalement, ces résultats posent aussi la question de la recommandation des CDC américains de vacciner les femmes enceintes (car la vaccination provoque une réaction immunitaire, qui pourrait parfois aussi durablement agir sur le cerveau du fœtus) et les précautions à prendre en cas de pandémie grippale.

Une infection dans la prime enfance voire chez l'adulte pourrait parfois aussi être cause de maladie mentale, non directement mais via une réaction auto-immunitaire, mais ceci reste à confirmer.

Ina Weiner étudie si des antipsychotiques pourraient prévenir des schizophrénies d'origine environnementale de ce type. Des souris choisies dans un lot exposé in utero à un toxique chimique qui a conduit beaucoup d'entre elles à développer des symptômes et des anomalies cérébrales évoquant à la schizophrénie chez l'Homme (avec de premiers signes de déclin cognitif à la puberté, avant développement de symptômes proches d'une schizophrénie) ont été traitées par des antipsychotiques dès les premiers symptômes. Ce traitement les a protégées des symptômes de type schizophréniques et de modifications cérébrales associées (diminution du poids de l'hippocampe, qui accompagnent la schizophrénie).

Il semble exister une cause génétique commune avec les troubles bipolaires, ce qui fait poser la question par certains de la réalité de la distinction entre les deux syndromes.

Ces maladies, qui apparaissent le plus souvent chez des sujets âgés de 15 à 35 ans, sont un problème majeur de santé publique. En France, 500 000 personnes sont concernées et 300 000 sont prises en charge.

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