Troisième rail - Définition

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Rame électrique britannique  de la Classe 442 alimentée par troisième rail dans le Dorset.
Rame électrique britannique de la Classe 442 alimentée par troisième rail dans le Dorset.

Le troisième rail est une technique d'alimentation en énergie électrique d'un système de transport ferroviaire, utilisé en particulier dans les réseaux de métro ou de trains de banlieue.

Parmi les nombreux réseaux utilisant un système d'alimentation par troisième rail, on peut citer aux États-Unis les métros de New York, Los Angeles et de Washington, le BART de San Francisco et le MBTA de Boston. Au Royaume-Uni, le troisième rail est utilisé par le métro de Londres (qui nécessite même un quatrième rail), le réseau de la banlieue sud de Londres ainsi que certains services à plus longue distance. En Allemagne les réseaux de métro du type U-Bahn et les réseaux de banlieue S-Bahn de Hambourg et Berlin emploient aussi le troisième rail. Il en est de même des métros d'Amsterdam aux Pays-Bas, de Varsovie en Pologne, de Moscou et Saint-Pétersbourg en Russie. En France, ce système est encore en usage dans le métro de Paris ainsi que sur quelques ligne secondaires comme la ligne Saint-Gervais-Vallorcine.

Ce troisième rail d'alimentation électrique n'a rien à voir avec le troisième rail employé dans les voies à double écartement.

Histoire

Sur le Chemin de fer Martigny-Châtelard, à droite le 3e rail d'alimentation électrique, et au centre des rails de roulement, la crémaillère de ce chemin de fer de montagne
Sur le Chemin de fer Martigny-Châtelard, à droite le 3e rail d'alimentation électrique, et au centre des rails de roulement, la crémaillère de ce chemin de fer de montagne

Si l'on excepte les systèmes de batteries à bord des trains, l'alimentation par troisième rail est le plus ancien système d'alimentation électrique utilisé dans les chemins de fer. Un train électrique expérimental utilisant cette technique d'alimentation a été mis au point par la firme allemande Siemens & Halske et exposé à la foire de Berlin en 1879. L'emploi du troisième rail dans les transports publics a commencé dans les années 1880 pour les tramways et les chemins de fer traditionnels. Le premier réseau de métro souterrain à utiliser le troisième rail fut le City & South London Railway, mis en service en 1890.

En 1901, Granville Woods, un éminent inventeur afro-américain, obtint un brevet couvrant diverses améliorations du troisième rail. Bien qu'il soit parfois considéré comme l'inventeur du troisième rail, de nombreux autres brevets sur ce sujet ont été déposés depuis cette époque, notamment par Thomas Edison en 1882.

Aspects techniques

Frotteur fixé au bogie par l'intermédiaire d'une poutre en bois, sur une rame Classe 313 du réseau Silverlink (nord-ouest de Londres).
Frotteur fixé au bogie par l'intermédiaire d'une poutre en bois, sur une rame Classe 313 du réseau Silverlink (nord-ouest de Londres).
Système à quatre rails du métro de Londres avec deux rails électriques, le rail positif ayant une tension double de celle du rail négatif. Des arcs électriques se produisent couramment à la fin des sections de rail.
Système à quatre rails du métro de Londres avec deux rails électriques, le rail positif ayant une tension double de celle du rail négatif. Des arcs électriques se produisent couramment à la fin des sections de rail.

Le troisième rail est placé soit entre les rails de roulement, soit, le plus souvent, à l'extérieur. Le courant électrique est transmis au train par l'intermédiaire de " patins " glissants, maintenus en contact avec le troisième rail. Dans beaucoup de cas, un système de couverture isolante est fixé au dessus du rail pour protéger le personnel travaillant près des voies ; dans certains cas, le patin frotte sur le côté ou sur le dessous du rail, permettant ainsi de monter la protection directement sur le sommet du rail. Lorsque le patin glisse sur la face inférieure du rail, cela présente en outre l'avantage de ne pas être gêné par la présence de neige ou de feuilles mortes.

Le troisième rail est une alternative au système d'électrification par caténaire qui transmet le courant au train par l'intermédiaire de pantographes fixés sur le toit des véhicules. Dans certains cas, métros ou lignes régionales, le système d'alimentation est mixte, partie par troisième rail et partie par caténaires, les véhicules devant être équipés des deux systèmes de captage de courant. Cest le cas par exemple du métro de Rotterdam ou de celui de Milan (ligne M1). Tandis que les systèmes de caténaires peuvent fonctionner sous des tensions allant jusqu'à 25 kV ou plus, en courant alternatif, la plus faible distance d'isolement autour du rail sous tension impose un maximum d'environ 1200 V (réseau de banlieue de Hambourg) et c'est le courant continu qui est employé.

Comme dans le cas des caténaires, le courant de retour circule en général dans l'un des deux, ou les deux, rails de roulement, la fuite vers le sol n'étant pas un problème. Lorsqu'il s'agit de métros sur pneus, comme à Montréal ou partiellement à Paris, des barres d'alimentation sous tension sont prévues pour conduire le courant. Le retour du courant de traction s'effectue par les rails de roulement traditionnels placés entre les pistes de roulement. Le système comprenant un troisième rail pour l'alimentation électrique, placé à l'extérieur des rails de roulement, et un quatrième rail, placé entre ceux-ci, assurant le retour du courant de traction (ce qui a d'autres avantages), est utilisé par quelques réseaux, dont le plus important est le métro de Londres.

Avantages du troisième rail

  • Les systèmes à troisième rail sont moins coûteux à installer que les systèmes à caténaire, moins sensibles aux intempéries (sauf en cas d'inondation ou de givre, qui créent de sérieux problèmes), et plus facile à implanter dans les tunnels à gabarit limité.
  • Les systèmes à troisième rail créent moins de gêne visuelle : ils ne nécessitent pas de lignes aériennes qui sont parfois interdites hors des tunnels (par exemple à Singapour).
  • De nombreuses lignes de chemin de fer anciennes emploient encore des troisièmes rails alimentés en courant continu, même lorsqu'un système de caténaires serait mieux adapté, à cause du coût élevé d'adaptation.

Inconvénients du troisième rail

Les systèmes à troisième rail présentent quelques inconvénients, notamment :

  • Sécurité : un rail électrifié non gardé présente un risque important. De nombreuses personnes ont été électrocutées, voire tuées, pour avoir touché ce type de rail ou avoir marché dessus en tentant par exemple de traverser les voies. La réglementation SNCF précise même, suite à des incidents intervenus lors des premières électrification au début du XXe siècle, qu'il est interdit d'uriner sur le troisième rail, le jet d'urine provoquant un arc qui électrocute la victime. Un nouveau système de tramway à Bordeaux a résolu ce problème de sécurité en utilisant un troisième rail fractionné en sections isolées. Chaque section n'est mise sous tension que lorsqu'elle se trouve couverte par la rame de tramway, si bien qu'il n'y a plus aucun risque qu'une personne ou un animal entre en contact avec le rail électrifié.
Rames Z 600 (à droite) et Z 800 (à gauche) alimentées par 3e rail sur la ligne Saint-Gervais-Vallorcine.
Rames Z 600 (à droite) et Z 800 (à gauche) alimentées par 3e rail sur la ligne Saint-Gervais-Vallorcine.
  • Puissance limitée : le troisième rail impose une tension d'alimentation relativement basse, sinon des arcs électriques risqueraient de se former entre le rail et le sol ou avec les rails de roulement. Mais ce bas voltage impose des sous-stations électriques plus nombreuses et plus rapprochées le long de la voie, et par conséquent des charges d'exploitation plus élevées. Le bas voltage implique aussi que le système est plus sujet aux surcharges, ce qui le rend inadapté aux trafics de fret ou de trains à vitesse élevée qui nécessitent des puissances électriques plus importantes. Ces limitations ont fortement restreint l'application du troisième rail à des systèmes de transport légers, à vitesse relativement basse, du type des transports collectifs urbains et suburbains, même si le troisième rail à 750 V courant continu est encore employé sur plusieurs centaines de kilomètres de ligne dans le sud et le sud-est de l'Angleterre. La capacité est aussi limitée par les restrictions de vitesse - 160 km/h est considéré comme étant la vitesse maximum pour un contact fiable entre les patins et le troisième rail.
  • Restrictions d'infrastructure : les bifurcations et croisements de voies, ainsi que les passages à niveau imposent des discontinuités du troisième rail. Ce n'est en général pas un problème, les trains ayant plusieurs patins assurant le contact avec le troisième rail, mais il peut arriver dans certaines circonstances qu'un train soit " piégé " - immobilisé du fait qu'aucun de ses patins ne se trouve en position de contact. Quand cela se produit, il faut faire venir une locomotive de secours pour le pousser et le remettre en contact avec le rail sous tension. Étant donné que ce type de problème se produit généralement dans des nœuds ferroviaires importants, ils peuvent être une source de perturbations importantes.
  • Défaut de contact : des feuilles mortes, de la neige ou du givre, ou d'autres débris tombés sur le rail conducteur peuvent réduire l'efficacité du contact entre le rail et les patins des véhicules, mettant les trains en panne faute de puissance suffisante.
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