La cartographie désigne la réalisation et l'étude des cartes. Elle mobilise un ensemble de techniques servant à la production des cartes. La cartographie constitue un des moyens privilégiés pour l'analyse et la communication en géographie. Elle sert à mieux comprendre l'espace, les territoires et les paysages. Elle est aussi utilisée dans des sciences connexes, démographie (La démographie (en grec...), économie dans le but de proposer une lecture spatialisée des phénomènes.
À l'époque moderne, les cartes se veulent une reproduction fidèle d'un paysage (Étymologiquement, le paysage est l'agencement des traits, des caractères, des formes d'un...), d'une portion de l'espace terrestre : tous les éléments constitutifs d'un paysage sont représentés selon des conventions, avec des symboles. Chaque élément est représenté à l'échelle de la réalité ; les éléments trop petits en surface (Une surface désigne généralement la couche superficielle d'un objet. Le terme a...) plane (La plane est un outil pour le travail du bois. Elle est composée d'une lame semblable à celle...) sont remplacés par des symboles d'une taille proportionnelle à leur importance relative (noms des villes de plus en plus grands selon leur population ou leur fonction administrative).
Cela n'a pas toujours été le cas. Au IXe siècle, l'Église (L'église peut être :) représente le monde (Le mot monde peut désigner :) de façon cosmogonique: les cartes en T. Jérusalem est au centre, seules existent l'Europe (L’Europe est une région terrestre qui peut être considérée comme un...), l'Afrique (D’une superficie de 30 221 532 km2 en incluant les îles,...) et l'Asie (L'Asie est un des cinq continents ou une partie des supercontinents Eurasie ou Afro-Eurasie de la...), entourées d'un océan (Un océan est souvent défini, en géographie, comme une vaste étendue d'eau...). Ces représentations sont directement inspirées des connaissances de la période biblique. Ce type de cartes ne servait pas à se repérer. Elles étaient un support à la réflexion philosophique et religieuse Les premières représentations cartographiques naissent au XIIe siècle. La Table de Peutinger (La Table de Peutinger (Tabula Peutingeriana ou Peutingeriana Tabula Itineraria), appelée aussi...) sert alors d'itinéraire entre plusieurs villes et/ou régions, de façon linéaire.
Vers la fin du XIIIe siècle, un nouveau type de carte apparut : le portulan (Un portulan, au XIVe siècle ou plus tard, était une sorte de carte nautique servant...), très utile aux marins. Il représentait les ports de commerce, les amers (objets fixes et visibles servant de point (Graphie) de repère en mer (Le terme de mer recouvre plusieurs réalités.) ou sur la côte), les îles et les abris, etc. ; mais l'intérieur des côtes restait vierge.
En 1553, la première carte de France est dressée par Oronce Fine (Oronce Fine, ou encore Oronteus Finæus, Oronce Finé, Orontij Finaei, Oronce Fineo, (1494,...) (disponible sur le site de la Bibliothèque nationale de France). Elle témoigne de la volonté du pouvoir politique de marquer sa présence sur le territoire (La notion de territoire a pris une importance croissante en géographie et notamment en...), de s'affirmer, de se construire des limites, des frontières, pour aménager son territoire, entre autres par la fiscalité et la consolidation des marchés économiques internes. À la même époque apparaissent les premiers plans terriers, ancêtre du cadastre (Le terme cadastre (terme provençal venant du grec...) actuel.
Au XVIe siècle apparait à Dieppe une importante école de cartographie (La cartographie désigne la réalisation et l'étude des cartes géographiques. Le...). Menée par Pierre Desceliers, celle-ci permet la réalisation de nombreuses cartes et mappemondes, basées à la fois sur les portulans des marins portugais et sur les dernières connaissances acquises par l'exploration (L'exploration est le fait de chercher avec l'intention de découvrir quelque chose d'inconnu.) du Canada à laquelle les marins dieppois participaient activement.
Ensuite la cartographie progressera de plus en plus, par la mise au point de nouvelles techniques et par la volonté des pouvoirs politiques de maîtriser leurs territoires, en témoigne le soutien que recevaient les missions cartographiques des toutes puissantes sociétés géographiques de la fin du XIXe siècle (Un siècle est maintenant une période de cent années. Le mot vient du latin saeculum, i, qui...).
Deux étapes décisives ont été l'élaboration des techniques de détermination de la longitude (La longitude est une valeur angulaire, expression du positionnement est-ouest d'un point sur Terre...) et de la latitude (La latitude est une valeur angulaire, expression du positionnement nord-sud d'un point sur Terre...). À ce sujet, lire ces deux passionnants ouvrages: Florence (Florence (en italien Firenze) est une ville d'Italie, capitale de la région de Toscane et...) Trystram, 2001, Le procès des étoiles. Récit de la prestigieuse expédition de trois savants français en Amérique (L’Amérique est un continent séparé, à l'ouest, de l'Asie et...) du Sud (Le sud est un point cardinal, opposé au nord.), 1735-1771, Paris (Paris est une ville française, capitale de la France et le chef-lieu de la région...), Petite Bibliothèque Payot ; Dava Sobel, 1996, Longitudes, Paris, Lattès
En France, la première carte générale du territoire fut dressée par la famille Cassini (La mission Cassini-Huygens est une mission spatiale automatique réalisée en collaboration par le...) au XVIIIe siècle, à l'échelle de une ligne pour cent toises, autrement dit une échelle de 1/86 400. Un centimètre (Un centimètre (symbole cm) vaut 10-2 = 0,01 mètre.) sur la carte correspond à environ 864 mètres sur le terrain.
Cette carte constituait pour l'époque une véritable innovation et une avancée technique décisive. Elle est la première carte à s'appuyer sur une triangulation (En géométrie et trigonométrie, la triangulation est une technique permettant de...) géodésique (En géométrie, une géodésique désigne le chemin le plus court, ou l'un des...) dont l'établissement prit plus de cinquante ans. Les quatre générations de Cassini se succédèrent pour achever ce travail. Cette carte, encore dénommée Carte de Cassini ou carte de l'Académie, est toujours consultée de nos jours par les chercheurs (géographes, historiens, généalogistes, etc.). Le travail des Cassini laissa même son empreinte sur le terrain : on trouve encore aujourd'hui des toponymes dits Signal de Cassini, qui révèlent les lieux où s'effectuèrent les mesures de l'époque. Ces points de repères correspondent aux sommets des quelques mille triangles qui formaient la réseau (Un réseau informatique est un ensemble d'équipements reliés entre eux pour échanger des...) géodésique de la carte de Cassini.
En 1808, Napoléon Ier décida l'établissement d'une carte destinée à remplacer celle de Cassini ; sa mise en œuvre se fera entre 1817 et 1866 en essayant plusieurs échelles différentes. C'est une carte à l'usage (L’usage est l'action de se servir de quelque chose.) des militaires : la carte de l'état-major, à l'échelle du 1/80 000. Cette désormais célèbre carte d'état-major fut levée et dessinée par le Dépôt de la Guerre, devenu ensuite le Service géographique de l'armée, et remplacé plus tard par l'Institut (Un institut est une organisation permanente créée dans un certain but. C'est...) géographique national (IGN).
Les cartes au 1/80 000 se présentaient le plus souvent sous la forme d'une mosaïque de carrés de papier (Le papier (du latin papyrus) est une matière fabriquée à partir de fibres...) collés sur une toile, elle-même pliée et protégée par une couverture cartonnée et entoilée très dure ; elle pouvait ainsi répondre aux contraintes de terrain des militaires et des gendarmes.
Dès le début de la Première Guerre mondiale (1914-1918), les difficultés de lecture à cette échelle amenèrent l'état-major à réaliser une carte au 1/50 000, plus commode, sur laquelle apparaît un quadrillage kilométrique très pratique sur le terrain.
C'est sur la base de cette carte au 1/50 000 que sera créée la carte au 1/25 000 de l'IGN, appelée aujourd'hui carte de randonnée mais que les Français ont appelé longtemps, par habitude, carte d'état-major.
Puisque la cartographie est un travail difficile et parfois même dangereux, il n'est pas étonnant alors que de nombreux cartographes aient copié le travail d'autres cartographes.
Au XVIIe siècle il était normal d'utiliser le travail des autres et de l'ajouter au sien; ce n'était pas perçu comme du vol. Une des premières cartes de l'Amérique du Nord (Le nord est un point cardinal, opposé au sud.) est connue sous le nom de Beaver Map (Carte du castor). Elle a été publiée en 1715 par Herman Moll, mais Nicolas de Fer (Le fer est un élément chimique, de symbole Fe et de numéro atomique 26. C'est le...) est le véritable auteur de la Beaver Map bien que ce soit Herman Moll qui en ait tiré profit. À tour de rôle, sa carte comprenait des images des chutes du Niagara et de castors qui ont été originalement publiées dans des livres par Louis Hennepin, en 1697, et par François du Creux en 1664.
Au XVIIIe siècle, les cartographes ont commencé à souligner le nom de l'auteur original. Lorsqu'ils utilisaient le travail de quelqu'un d'autre, ils écrivaient sur leurs cartes une phrase semblable à celle-ci : " d'après le croquis de M. Chose ". Aujourd'hui, des lois protègent le droit d'auteur et défendent aux gens de copier le travail des autres.[1]
Tout (Le tout compris comme ensemble de ce qui existe est souvent interprété comme le monde ou...) d'abord il faut savoir quel va être le sujet de la carte que l'on va créer, et s'inquiéter du contexte (Le contexte d'un évènement inclut les circonstances et conditions qui l'entourent; le...) dans lequel cette carte va être placée (la date aura donc son importance). Une carte présente dans un atlas va devoir être plus neutre qu'une carte thématique.
Ensuite il faut savoir à quelle échelle va devoir être cette carte, si les informations seront précises ou plus générales (1/25000 ou 1/10000 par exemple).
En général, le demandeur fait une préparation à la main (La main est l’organe préhensile effecteur situé à...) au cartographe avant que celui-ci ne commence son travail. Cependant, il arrive qu'il se repose sur le cartographe pour faire une carte avec seulement des indications écrites. Si le cartographe a besoin (Les besoins se situent au niveau de l'interaction entre l'individu et l'environnement. Il est...) de compléments, il suffit qu'il les trouve par ses propres moyens.
Sur une carte, le titre doit résumer l'information que l'on souhaite représenter, la légende être claire, l'échelle notée, et la source indiquée. L'information doit apparaître clairement et ne pas être trop importante. La typographie ne doit pas cacher, ou gacher l'information présente.
Lorsque la carte est terminée, l'auteur et le cartographe se réunissent pour apprécier les modifications à effectuer. Plusieurs reunions peuvent être organisées, jusqu'à ce que le demandeur soit satisfait. Lorsque les deux sont d'accord, la carte peut être imprimée.
Auparavant, les cartographes dessinaient les cartes pour les faire exister. De nos jours, nous nous dirigeons vers un travail non plus de dessinateur (Un dessinateur est une personne pratiquant le dessin. Le dessin résultant du travail d'un...) de cartes, mais plus orienté vers une mise à jour (Une mise à jour, souvent abrégé en MAJ ou MàJ, est l'action qui consiste à...) des cartes déjà existantes avec un apport de données (Dans les technologies de l'information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent...), des modifications de tracés. Les systèmes d'information géographique et les modèles numériques de terrain sont de plus en plus utilisés par les cartographes.
L'aménagement du territoire est un grand consommateur de cartes. C'est pour cette discipline qu'ont été conçues des cartes représentant l'occupation du territoire telles que les Corine Land Cover (Corine Land Cover est une base de données européenne d’occupation biophysique des...).
Dans la mesure où elle élabore une représentation particulière, la cartographie est aussi un instrument idéologique et politique, dont l'impact sur les consciences, pour être discret, est souvent considérable. Ce que montre particulièrement bien une étude critique et comparative des atlas.