Une capitelle est une cabane construite en pierre sèche, c’est-à-dire sans mortier, dans les anciennes garrigues des villes du département du Gard.
Le terme " capitelle " est la francisation du nom languedocien féminin capitello (en occitan normalisé capitèla), désignation morphologique à rapprocher du français chapiteau, pris dans le sens de couverture mobile de moulin à vent ou de grande tente de cirque, ou encore du forézien chapitella, désignant une étable, une cabane, un hangar.
Le terme désignait à l'origine une cabane de vigne édifiée par un membre du petit peuple des villes gardoises dans une parcelle conquise sur la garrigue péri-urbaine, aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Le mot tend actuellement à dépasser les strictes frontières du département du Gard et son emploi se généralise dans la littérature touristique pour désigner la même construction en d'autres départements du Languedoc : Ardèche, Hérault, Aude.
Les noms attribués aux cabanes en pierre sèche changent selon la région, l'aire géographique ou paysagère, voire simplement la commune. On trouve par exemple :
Beaucoup d'autres appellations existent encore (voir l'article Cabane en pierre sèche).
En dehors des frontières de l'hexagone, on trouve entre autres appellations :
Pour en savoir plus : Terminologie des cabanes en pierre sèche
La capitelle est rarement un habitat permanent, c'est plutôt un abri destiné à accueillir temporairement outils, matériaux, ou personnes.
Construite sur un terrain souvent ingrat aux époques de grands défrichements (garrigue, maquis, taillis…), le matériau de construction provient normalement du défonçage et de l'épierrement du lieu. Il s'agit très souvent de calcaire mais on trouve aussi, selon la géologie locale, du schiste, du grès, du granit, ou même du basalte.
Les pierres ramassées à terre rendent ainsi le lieu propre à la culture (vigne, oliviers, etc.) ou à l'élevage et sont entassées aux abords du terrain en monticules parfois encore visibles aujourd'hui, que l'occitan désigne sous le terme de " clapas ". Certaines pierres sont sélectionnées et mises à part en vue de l'édification de murets de clôture, terrasses, ou abris.
Toutes les pierres destinées à la construction de la cabane ne sont pas laissées à l'état brut : elles peuvent être dégrossies dans un but fonctionnel ou esthétique, mais il ne s'agit pas d'une véritable maçonnerie de pierres taillées.
Sur un sol éventuellement aménagé pour bloquer l'édifice, les murs sont montés en empilant les pierres sans aucun mortier, et une voûte (qui peut parfois commencer dès le sol) est élaborée pour couvrir le tout.
Différentes techniques très précises et abouties entrent en jeu. Par exemple :
La cabane de pierre sèche offre peu de confort mais peut, selon le savoir-faire de son constructeur, recevoir quelques aménagements :
On observe aussi des décorations sur les cabanes les plus sophistiquées : une frise de pierres obliques courant en haut du corps de l'édifice, une couverture conique exagérée sans fonction pratique évidente, voire plus rarement la date de construction gravée sur le linteau ou sous la dalle faîtière (dalle fermant la voûte).
La capitelle est assez souvent accompagnée d'autres constructions liées à l'activité du propriétaire : cuve (tine en français local) en pierre sèche aménagée dans le sol ou solidaire de l'abri, enclos, terrasse, puits, siège (dont les prétendus " fauteuils de berger " abrités du vent dominant), four à chaux, ou encore trace brûlée d'une ancienne charbonnière.
Les cabanes en pierre sèche prennent des formes variées suivant la région, le matériau, et peut-être l'" école " du bâtisseur :
Les cabanes de pierre sèche actuellement debout ne sont pas d'époque préhistorique, ni attribuables aux Gaulois, aux Romains ou aux hommes du Moyen Âge. Elles datent d'une période qui s'étend à peu près du XVIIe siècle au début du XXe siècle.
Elles sont l'œuvre de paysans, vignerons, cultivateurs, charbonniers, voire simples ouvriers accédant à la propriété de quelques arpents d'une pauvre terre à défricher. Certains sont devenus des spécialistes connus et sollicités, des sortes de maçons à pierre sèche, et ont pu user de ce savoir-faire comme activité secondaire.
Cette architecture populaire, œuvre de bâtisseurs sans diplôme, n'est pas une architecture improvisée ni approximative. Elle est le témoin d'une maîtrise technique très précise.
Actuellement, en France comme dans d'autres pays d'Europe, s'affirme de plus en plus la volonté de conserver, restaurer, en un mot sauvegarder ce patrimoine fragile. Des associations, en général issues du monde rural, naissent et mènent une action pédagogique, même en direction des plus jeunes.
Gard : cabane au couvrement tronconique, à façade rectiligne |
Gard : cabane en forme d'ogive tronquée |
Gard : cabane rectangulaire, coiffée d'une pyramide tronquée |
|
Aubais, Gard : cabane en forme de bonbonnière, au linteau double soulagé par une bâtière de dalles |
Aubais, Gard : cabane en forme de parallélépipède surmonté d'une tourelle en retrait |
||
Gard : cabane en forme de pain de sucre, avec marches volantes sur le couvrement |
Hérault : abri sous une terrasse de culture |
||
Deaux, Gard : édifice moderne (lucarne carrée surdimensionnée, chappe de ciment au sommet) |
Idem : le rôle dévolu est celui de simple ornement de rond-point de la route de Méjannes-lès-Alès |