Roland Moreno - Définition

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Roland Moreno est un inventeur français né le 11 juin 1945 au Caire, célèbre notamment pour avoir breveté la carte à puce en 1974.

Biographie

Né le 11 juin 1945 au Caire, il est le fils de Charles Moreno, et de Fernande Bahbout.

Il fréquenta les lycées Montaigne et Condorcet à Paris.

Il a épousé le 31 décembre 1976 Mlle Stephany Stolin avec qui il a eu 2 enfants : Marianne et Julia.

Parcours professionnel

Passionné d'électronique, il crée dans sa jeunesse différents gadgets (la machine à tirer à pile ou face, une calculatrice expérimentale dont le résultat d'une multiplication est toujours supérieur d'une unité à ce qu'il devrait être etc.), le Radoteur (logiciel basé sur un algorithme de génération automatique de "mots" nouveaux à partir d'une ou plusieurs listes de mots issus du dictionnaire - une tentative pour automatiser la création de néologismes ou de noms de marques), inspiré d'une idée de Claude Shannon qu'a fait connaître Léon Brillouin et dont Walter Lewino s'inspirera d'ailleurs pour un jeu minitel (sans citer la paternité de Shannon !). On voit aussi Roland Moreno faire une brève apparition dans le film Les Choses de la vie, où il joue un peu son propre rôle (Boby Lapointe, à l'esprit aussi délié, apparaît également dans ce film).

Après quelques " petits boulots " (il fut successivement employé de bureau à la Mutuelle nationale des étudiants de France entre 1965 et 1966, employé aux écritures au ministère des Affaires sociales en 1966, monteur de luges à la CIMS de 1966 à 1967, journaliste-reporter à Détective de 1967 à 1968, garçon de courses à l´Express entre 1968 et 1969, éditorialiste à l´Echo de la presse et de la publicité en 1969, chroniqueur au Bulletin du péri-alpinisme entre 1969 et 1970, secrétaire de rédaction à Chimie actualités de 1970 à 1972), il décide de " vendre des idées " et crée pour cela la société Innovatron. Cette société commercialisera d'abord essentiellement des noms de marques ou de produits créés par Roland Moreno pour des sociétés en manque d'identité, avec l'aide du Radoteur (et, quelquefois, de quelques retouches aussi humaines que stratégiques apportées aux résultats fournis par ce dernier). Depuis un quart de siècle maintenant, le Radoteur est exploité commercialement sous licence par NOMEN, leader international du nommage. Roland Moreno a d'ailleurs décrit l'algorithme du Radoteur étape par étape dans la Théorie du Bordel Ambiant (1990) et plusieurs amateurs en ont réalisé une version Windows, notamment le fameux Bla-Bla (Bordélisateur Lexicographie Ambiant), de JL Piedanna.

Ayant breveté son invention de la carte à puce (imaginée initialement comme une blague, baptisée TMR du nom du film de Woody Allen Take the Money and Run (Prends l'oseille et tire-toi)) en 1974 et par le biais de trois brevets dits "historiques" (dont la rédaction est due en grande partie à Jean Moulin), il se lance dans la promotion de cette nouvelle invention. Ses brevets décrivent un objet portable à mémoire revendiquant " des moyens inhibiteurs " (permettant la protection des données stockées) , " un comparateur avec un compteur d’erreurs " (utilisé par exemple pour la saisie du code secret associé à la carte) et " des moyens de couplage avec le monde extérieur " (autorisant les échanges avec un lecteur de cartes à mémoire). Comme le rappelle Louis Guillou[1], il convient de souligner le rôle essentiel du rédacteur de ces brevets, Jean Moulin, dans l'importance qu'acceptera de leur reconnaître tout un secteur industriel, auquel revenait encore la responsabilité de sélectionner les technologies microélectroniques, les méthodes cryptographiques, et les protocoles d'entrée-sortie, afin de parvenir à construire concrêtement une carte à puce en ordre de marche.

Les applications les plus universelles allaient quelques années plus tard être la carte téléphonique, la carte de crédit bancaire, la carte Vitale, mais aussi la petite carte SIM utilisée dans tous les téléphones portables, la carte Navigo, tandis que la carte de monnaie électronique Moneo – rencontre un succès plus limité. Cette invention a depuis peu été réutilisée à travers les puces lisibles à distance comme celle que contient la carte Navigo pour les transports publics parisiens (d'ailleurs créée initialement par Innovatron lors d'un partenariat avec la RATP), celle-ci ayant observé que dès son premier brevet (25 mars 1974), Roland Moreno avait décrit clairement le couplage électromagnétique de la carte et du lecteur, cette fameuse "carte sans-contact".

La société Innovatron se développe au début des années 1990 par le rachat et/ou intégration de petites sociétés spécialisées dans les applications liées à la carte à mémoire, telles que Hello (fondée elle aussi par Roland Moreno, et créatrice de modems pour les ordinateurs Macintosh), Logicam (qui dispose d'une gamme de lecteurs de cartes : le Minicam, le TPSCam, le PassCam, et plus tard le DigiCam), Mutacard, et, plus tard, 5 Thèses Industries. A cette époque, Roland Moreno crée RMT (Roland Moreno Technology, TMR à l'envers, ce que Moreno ne remarqua pas tout de suite !) qui est le département de recherche et développement d'Innovatron pour la partie technique de ses projets, ainsi que plusieurs autres branches du groupe (Innovatron Systèmes Urbains, Innovatron Télécommunications, Innovatron Sécurité Informatique, Innovatron Ingéniérie, etc.). Un réseau de franchise (Innovatron Data Systems) voit même le jour dans une tentative de créer des partenariats avec des entreprises à l'étranger, et de promouvoir ainsi le développement de la technologie Innovatron. Le groupe Innovatron, constitué en UES, est alors implanté au 137, boulevard de Sébastopol, dans le 2ème arrondissement de Paris.

Durant plusieurs années, Innovatron vit des projets développés (on peut citer en particulier le Piaf ou parcmètre individuel à fente, des modems sécurisés, les premiers prototypes du pass sans contact (future carte Navigo) pour la RATP et diverses applications liées à la carte à mémoire), mais surtout des importantes royalties (droits de licence) versées par les sociétés exploitant les brevets de Roland Moreno.

Roland Moreno publie, en 1990, La Théorie du Bordel Ambiant, ensemble de réflexions sur le monde qui lui donne des allures de penseur aux yeux du grand public. L'ouvrage abonde de notes et s'ouvre d'ailleurs sur la citation Il y a trop de notes, attribuée à Joseph II d'Autriche tel que le décrit le film Amadeus. Le chapitre VIII était consacré à l'argent ; l'auteur le supprime dès la première édition. Interrogé sur cette censure, il répondra laconiquement : " J'avais déjà supprimé l'argent en inventant la télécarte. Eh bien comme cela j'aurai supprimé deux fois l'argent ! " En fait, la vraie raison sembla être que les idées qui y étaient contenues, et qui étaient sans doute novatrices dans la première édition, étaient (un peu grâce à lui) passées dans le domaine public et paraîtraient dans ce contexte banales : mieux valait donc les supprimer.

À partir de 1995, les brevets historiques de la carte à mémoire tombent dans le domaine public, et Innovatron connaît de graves difficultés : suite à d'importantes erreurs de stratégie, différents pans du Groupe Innovatron sont vendus à d'autres sociétés, tandis que d'autres entreprises du secteur de la carte à mémoire (Ingenico, Gemplus et Schlumberger, par exemple) prospèrent spectaculairement. Aujourd'hui, plus de 15 000 emplois chez la nouvelle entreprise (Gemalto) née de la fusion entre Axalto (ex-Schlumberger) - Gemplus en 2006.

Aujourd'hui, la société Innovatron, située au 1, rue Danton à Paris, a pour activité la vente de licences liées à la technologie des badges sans contact, et Roland Moreno (fanatique des ordinateurs Macintosh qui avouait à la fin des années 1990 avoir mis longtemps à s'intéresser au World Wide Web au prétexte que les adresses Web lui paraissaient aussi hermétiques que les lignes de commande de MS-DOS ou Unix) ne se signale plus que rarement à l'attention des media. Le dernier épisode public mettant en scène l'inventeur date de 2002, lorsqu'une rumeur — suite à une mauvaise compréhension de la différence entre technologie, sûre, et mauvaise implémentation — laissa croire que la puce était susceptible de violation (voir l'affaire dite des " yes-cards " et les travaux de Serge Humpich). Moreno a réagi spectaculairement, en offrant une prime d'un million de francs français à quiconque parviendrait, dans un délai de trois mois, par n'importe quel moyen logique, à lire le moindre bit secret, ou à modifier l'état du moindre bit protégé par ses brevets de 1975. À l'issue du délai de 90 jours, sans réponses, Moreno annonçait sa victoire : selon lui, cela prouvait qu'il s'agissait bien d'un jugement de Salomon.

Roland Moreno rentre au Larousse en 1995, au Robert en 1996, ainsi qu'au National Museum of American History en 1997 [2].

Distinctions

  • Oscar du livre mondial des inventions (1985)
  • Grande médaille d'or de la Société d'encouragement au progrès (1993)
  • Grande médaille du développement industriel de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale (1994)
  • Prix Eduard Rhein (1996)

Inventions

  • Machine à tirer à pile ou face, 1968
  • Carte à puce, dont les premiers brevets ont été déposés par Roland Moreno en 1974
  • le Radoteur, 1975
  • les Célimènes, 2003
  • Gromo, 2006

Notes et références

  1. Louis Guillou, " Histoire de la carte à puce du point de vue d’un cryptologue ", dans Actes du Septième Colloque sur l’Histoire de l’Informatique et des Transmissions, 16-18 novembre 2004, pp. 126-154
  2. Monticello Memoirs Fellow Award, 25 juin 1997. Consulté le 05 juin 2007

Bibliographie

  • L'aide-mémoire du nouveau cordon-bleu (sous le pseudonyme de Laure Dynateur), Ed. Sofat
  • Eurêka (1988)
  • La Théorie du Bordel Ambiant (1990), ISBN 2253058955, Roland Moreno, Ed. Belfond
  • Carte à puce, l'histoire secrète (2002)
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