Une nouvelle thérapie pourrait venir à bout des TOC

Publié par Adrien le 13/03/2012 à 00:00
Source: Marie Lambert-Chan - Université de Montréal
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Le trouble obsessionnel-compulsif peut conduire à des comportements à répétition qui assombrissent la vie de celui qui en est atteint. (Photo: iStockphoto)
Le célèbre aviateur et homme d'affaires américain Howard Hughes avait une peur bleue de la contamination, ce qui l'amenait à se laver les mains jusqu'au sang. Il a fini ses jours isolé de tous afin de se protéger des microbes. L'histoire de ce milliardaire est l'un des cas les plus connus de trouble obsessionnel-compulsif, communément appelé TOC.

Cette psychopathologie touche environ trois pour cent de la population et se caractérise par la forte présence de compulsions ou de rituels pour limiter l'anxiété causée par une obsession. Le traitement de choix pour cette maladie est la thérapie cognitivo-comportementale, qui se base en partie sur l'exposition et la prévention de la réponse: on exige que le patient s'habitue progressivement aux situations qui lui sont insoutenables. Le hic, c'est qu'environ 40 % de la clientèle refuse ou abandonne ce traitement, surtout les individus les plus gravement atteints qui sont incapables de tolérer l'exposition.

Depuis 1996, Kieron O'Connor met à l'épreuve une solution qui vise uniquement la cognition: la thérapie basée sur les inférences (TBI). Jusqu'à présent, ce traitement s'est révélé efficace avec tous les types et degrés de gravité de TOC.

"Les TOC exigent pareille approche parce que cette maladie se passe d'abord dans la tête, puis se traduit par divers comportements. Le problème originel n'est pas la phobie, comme on l'a longtemps cru, mais plutôt le doute obsessionnel", explique le codirecteur et fondateur du Centre d'études sur les TOC et les tics, situé au Centre de recherche Fernand-Seguin de l'Hôpital Louis-H. Lafontaine, affilié à l'Université de Montréal.

Pour les gens souffrant d'un TOC, ce n'est pas l'existence de la saleté, par exemple, qui pose problème, mais la possibilité qu'ils soient en contact avec elle. "Peut-être que mes mains sont sales. Peut-être que cette surface n'est pas propre", se disent-ils. C'est ce doute qui enclenche la compulsion.

"Ces individus ne s'appuient pas suffisamment sur leurs sens, estime M. O'Connor, qui est aussi chercheur au Département de psychiatrie de l'UdeM. Leur imagination l'emporte toujours sur leur perception. Une personne qui se demande toujours si la porte est bien verrouillée ne s'attardera pas à des détails concrets comme le bruit du loquet. Elle se fiera plutôt à un raisonnement ou une histoire interne. "Un ami n'a pas fermé sa porte à clé et s'est fait voler" en est un exemple. Avec notre thérapie, on invite les patients à se débarrasser de ces histoires internes."

En 10 étapes, le thérapeute amène peu à peu son client à distinguer le doute obsessionnel du doute normal, à reconnaitre les arguments personnels qui justifient le doute et les compulsions, à construire une autre histoire s'appuyant sur la réalité et les sens, à comprendre que le doute est issu de son imagination couplée à un raisonnement obsessionnel.

En 2009, Kieron O'Connor et son équipe ont conclu que les individus aux prises avec un TOC étaient plus influencés par des informations fondées sur des possibilités que des sujets témoins, et que cela augmentait leur niveau de doute.

Deux ans plus tard, ils ont publié une étude de cas clinique qui comparait la TBI avec d'autres approches comme celle de l'exposition et de la prévention de la réponse. La TBI s'est avérée plus efficace chez les participants les plus affectés par le doute obsessionnel.

Récemment, Kieron O'Connor et son collègue Frederick Aardema ont fait paraitre une recherche confirmant que la TBI aidait bel et bien à résoudre le doute obsessionnel et diminuait l'anxiété et l'état dépressif des sujets.

Les résultats préliminaires d'une autre étude démontrent que 70 personnes sur 100 qui ont entrepris cette thérapie ont amélioré leur état à un point tel qu'elles ne sont plus considérées comme des patients ayant besoin d'un traitement. "Elles ont encore des symptômes légers, mais une thérapie n'est plus nécessaire", affirme M. O'Connor.

D'autres recherches cliniques d'envergure sont en cours pour confirmer l'efficacité de cette thérapie. Si les résultats sont à l'image des conclusions précédentes, la TBI fera sans doute partie intégrante des traitements offerts aux individus atteints d'un TOC dans les années à venir.
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