Un pansement bio

Publié par Isabelle le 15/10/2013 à 00:00
Source: Université de Laval - Jean Hamann
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Des chercheurs de la Faculté de médecine viennent de démontrer qu'il est possible de soigner des ulcères réfractaires aux traitements courants en ayant recours à des pansements faits de feuillets de peau cultivée in vitro. Une étude pilote, dont les résultats sont rapportés dans un récent numéro de la revue scientifique Advances in Skin and Wound Care, montre que cette approche a permis de soigner les ulcères de cinq personnes aux prises depuis des mois avec des plaies ouvertes sur les jambes.


La peau fabriquée par les chercheurs du LOEX contient un épiderme (en rouge) et un derme (en bleu).
Elle sécrète des molécules qui activent les mécanismes naturels de guérison des ulcères.
Photo: LOEX

Les ulcères aux membres inférieurs frappent environ 1% de la population. Il s'agit de plaies souvent accompagnées d'infection et d'inflammation qui peinent à cicatriser. Ils sont associés au vieillissement, au diabète et aux problèmes de circulation sanguine comme les varices et les phlébites. "Les personnes obèses et celles qui travaillent debout y sont particulièrement vulnérables. Les ulcères peuvent durer des années. C'est une forme d'enfer", souligne le responsable de l'étude, François Auger.

Le traitement usuel des ulcères comprend le nettoyage méthodique des plaies et le recours à des pansements de compression. Des médicaments ont fait leur apparition il y a une vingtaine d'années, mais ils sont chers et leur efficacité est limitée. L'autogreffe cutanée peut constituer une solution au problème, mais, par définition, elle nécessite le prélèvement de peau sur des surfaces appréciables du corps.

C'est ce qui a donné l'idée aux chercheurs du Laboratoire d'organogénèse expérimentale (LOEX) d'utiliser leur expertise en culture de peau in vitro pour créer des pansements cutanés ne contenant aucun biomatériau. La recette paraît simple, mais elle a exigé des années de peaufinage: prélever 1 cm2 de peau du patient, séparer les cellules, les cultiver in vitro et fabriquer un substitut cutané comprenant un derme et un épiderme. Après huit semaines de culture, les feuillets cutanés sont placés sur les ulcères comme un pansement. Au besoin, ils sont remplacés chaque semaine. "Ce pansement biologique est plus qu'une barrière physique, assure François Auger. Ses cellules sécrètent des molécules qui accélèrent la guérison. Il favorise la mise en marche des mécanismes naturels de guérison. C'est le modèle le plus physiologique qu'on puisse imaginer."

Les tests menés sur cinq personnes par les médecins Olivier Boa et Chanel Beaudouin Cloutier ont été concluants. Il a quand même fallu sept semaines en moyenne pour venir à bout des 14 ulcères qui accablaient ces patients depuis plus de six mois. "C'est une intervention de dernier recours, lorsque toutes les autres options ont échoué", précise le professeur Auger.

Le directeur du LOEX envisage un autre usage pour ces pansements biologiques. "Nous avons fait la preuve du concept avec des personnes souffrant d'ulcères aux membres inférieurs, dit-il. Nous voulons maintenant faire une étude clinique pour montrer qu'il est possible de traiter les grands brûlés avec le même type de substituts cutanés."
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