De la compassion chez les premiers hommes modernes ?

Publié par Adrien le 28/07/2014 à 00:00
Source: CNRS-INEE
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Les tout premiers hommes modernes étaient-ils capables de compassion et d'altruisme envers leurs semblables, comme nous ? Oui, suggère une étude internationale, coordonnée par des anthropologues de l'Unité de Recherche de la Préhistoire à l'Actuel: Culture, Environnement et Anthropologie (PACEA- CNRS / Université de Bordeaux / ministère de la Culture et de la Communication / INRAP). Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé par imagerie tridimensionnelle un crâne d'adolescent datant de près de 100 000 ans. Ces résultats viennent d'être publiés dans la revue PlosOne.


A: vue supérieure du crâne (transparence) et de l'endocrâne virtuel (rose)
B: vue de détail montrant:
1: l'enfoncement antérieur de l'os frontal fracturé (embarrure)
2: dommages cérébraux visibles sous la forme d'irrégularités de surface de l'endocrâne
3: désengrènement de la suture fronto-pariétale (diastasis).
(© PACEA)

L'anthropologue Hélène Coqueugniot et ses collègues se sont intéressés au crâne d'un adolescent mort à l'âge de 12-13 ans, découvert sur le site de Qafzeh en Israël et présentant au niveau du front une légère dépression, signe d'une ancienne fracture. Afin d'en savoir plus sur ce traumatisme, les scientifiques ont réalisé une image 3D de l'intérieur du crâne (endocrâne). Cela, en recourant à une technologie utilisée en anthropologie depuis le début des années 1990: le scan CT, qui permet de reconstituer en 3D des structures anatomiques balayées par des rayons X.

Il est apparu que, contrairement à ce que laissait croire le simple examen de la surface du crâne, la blessure était loin d'être bénigne: "Nos images montrent que la fracture de l'os frontal était en fait pénétrante ; elle a donc lésé les zones cérébrales juste en dessous d'elle, impliquées dans la psychomotricité et dans la communication sociale. Par conséquent, ce traumatisme a très probablement induit des troubles neurocognitifs et de la relation sociale chez ce jeune paléolithique", précise Hélène Coqueugniot.

Or, fait intéressant, l'adolescent a bénéficié d'un traitement funéraire très particulier: deux bois de Cervidés ont été déposés sur sa poitrine, près de son crâne. Unique parmi les sépultures asiatiques du sud-ouest datées du Paléolithique moyen, ce comportement révèle la considération que le groupe a porté à cet enfant.

En croisant cette connaissance et leur découverte concernant la gravité de la fracture crânienne, les chercheurs sont arrivés à la déduction suivante: l'adolescent fortement handicapé à la suite de son traumatisme, a certainement dû avoir besoin de son groupe ; et celui-ci lui a témoigné à sa mort une attention particulière, à travers ce rite funéraire singulier.

D'où l'hypothèse que cette communauté préhistorique était capable de compassion et d'altruisme.
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