Au coeur de Khéops

Publié par Redbran le 30/10/2015 à 12:00
Source: Jean Hamann - Université Laval
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Le professeur Maldague et ses collaborateurs concentreront leurs efforts sur la pyramide de Khéops. Les données qu'ils recueilleront par thermographie infrarouge pourraient révéler la présence de structures ayant servi à hisser les énormes blocs de pierre qui composent ce monument.
Une équipe de chercheurs du Département de génie électrique et de génie informatique de l'Université Laval participera à un projet international visant à étudier quatre grandes pyramides d'Égypte, dont la pyramide de Khéops. L'équipe du professeur Xavier Maldague mettra son expertise en analyse non destructive des matériaux au service de cette aventure scientifique qui pourrait livrer des informations inédites sur les techniques utilisées pour construire ces structures monumentales.

Appelé "mission Scan Pyramids", ce projet, placé sous l'égide du ministère égyptien des Antiquités nationales, est conçu et coordonné par la Faculté des ingénieurs de l'Université du Caire et par l'Institut Héritage, Innovation, Préservation de France. En plus de l'équipe de l'Université Laval, des chercheurs de l'Université de Nagoya au Japon, de la firme française LedLiquid, dirigée par Jean-Claude Barré, de KEK-Japan et d'Iconem ont été invités à participer à cet effort concerté visant à percer les secrets de ces pyramides construites il y a 4500 ans.

Pour réaliser les travaux, les chercheurs feront appel à un vaste arsenal: thermographie infrarouge, radiographie par muons - une technologie utilisée au Japon pour visualiser l'intérieur de volcans ou de centrales nucléaires -, photogrammétrie, drones, imagerie par scanneur et reconstruction 3D. Ils espèrent ainsi recueillir des informations révélant la présence de chambres, de passages ou encore de vides laissés par des rampes en bois qui auraient servi à hisser les énormes blocs de pierre jusqu'à une hauteur de 146 mètres.

La première phase des travaux commencera au début novembre, mais le professeur Maldague et ses collaborateurs - Matthieu Klein, un diplômé de son équipe, et le professionnel de recherche Clemente Ibarra Castanedo - devront patienter jusqu'au début de l'année 2016 avant d'entrer en action. Ces trois chercheurs sont des spécialistes de la thermographie infrarouge, une technique d'imagerie non invasive qui permet de "voir" sous la surface des matériaux, qu'il s'agisse de pièces d'avion ou d'oeuvres d'art. "Règle générale, nous exposons l'objet que nous étudions à une source de chaleur pendant quelques secondes, puis nous enregistrons le refroidissement de sa surface. S'il y a une discontinuité dans sa structure, des anomalies seront observées dans les images thermiques captées par caméra infrarouge pendant le refroidissement."

Cette approche ne permet toutefois pas d'étudier des blocs de pierre faisant plusieurs mètres d'épaisseur. "Pour cette raison, plutôt que d'utiliser une source de chaleur artificielle, nous allons profiter des ondes thermiques produites par le cycle annuel des saisons, ce qui nous permettra de sonder la pyramide plus en profondeur, explique le professeur Maldague. Lorsque ces ondes rencontrent un vide dans la pierre, elles sont réfléchies vers la surface et captées par notre caméra. Ce signal est toutefois très faible de sorte qu'il faudra accumuler des données pendant au moins un an afin d'obtenir des résultats assez contrastés pour révéler la présence d'anciennes structures ayant servi à construire les pyramides."

L'équipe du professeur Maldague concentrera ses efforts sur la pyramide de Khéops. L'équipement scientifique sera installé dans une roulotte donnant sur une des faces de cette oeuvre monumentale, et la prise de données sera complètement informatisée. "En théorie, nous n'aurons pas à intervenir une fois que le matériel sera installé. En pratique, nous savons que bien des choses, notamment des tempêtes de sable, pourraient compromettre le déroulement du projet. Pour cette raison, une de nos priorités est de former du personnel égyptien qui sera en mesure d'apporter les correctifs nécessaires si des problèmes devaient survenir en notre absence."

Xavier Maldague a été associé à un projet similaire qui devait se dérouler en 2011, mais les événements politiques survenus en Égypte cette année-là en avaient empêché la réalisation. Le chercheur fait donc montre de réserve quant aux résultats éventuels de la présente mission. "Pour la partie du projet qui nous concerne, il reste quelques détails à régler, mais nous avançons dans la bonne direction", conclut-il prudemment.
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