Sur les traces des premières migrations humaines hors d'Afrique

Publié par Redbran le 11/09/2017 à 12:00
Source: CNRS-INEE
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Première datation uranium-plomb en Europe sur l'un des plus vieux sites préhistoriques de France par une équipe de chercheurs internationale.

La datation par la méthode uranium-plomb (U-Pb) des stalagmites de la grotte du Vallonnet à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes, France) a permis de donner un âge de 1,2-1,1 Ma aux niveaux archéologiques du site qui ont livré des outils taillés et des restes de grands mammifères dont certains présentent des traces de découpe, attestant la présence des homininés à cette époque dans le sud de l'Europe (L’Europe est une région terrestre qui peut être considérée comme un...). Cette étude a été menée par le Laboratoire Cultures et Environnements Préhistoire, Antiquité, Moyen-Age (CEPAM, CNRS, Université (Une université est un établissement d'enseignement supérieur dont l'objectif est la...) Côte d'Azur, Nice), en collaboration avec le Laboratoire High-Precision Mass Spectrometry and Environment Change (HISPEC) de Taipei (Taiwan ROC), le Laboratoire Isotope (Le noyau d'un atome est constitué en première approche de protons et de neutrons. En physique...) Geochemistry de l'Université de Melbourne (L' université de Melbourne (en anglais, The University of Melbourne) est une université...) (Australie), le Laboratoire Géoazur (CNRS, OCA, IRD, Université Côte d'Azur), le Département de Préhistoire (HNHP, CNRS/MNHN, IPH) et le Musée de Préhistoire Régionale de Menton. Les résultats sont publiés le 30 août 2017 dans la revue Scientific Reports.


Grotte du Vallonnet © Pierre-Elie Moullé
Les premières migrations humaines hors d'Afrique (D’une superficie de 30 221 532 km2 en incluant les îles,...) représentent un évènement majeur dans l'histoire de l'humanité. Aux portes de l'Europe, les plus anciens homininés sont enregistrés en Géorgie à 1,8 million (Un million (1 000 000) est l'entier naturel qui suit neuf cent quatre-vingt-dix-neuf...) d'années à Dmanisi. Cependant la carte de leur migration à travers le continent (Le mot continent vient du latin continere pour « tenir ensemble », ou continens...) européen reste incomplète. La grotte du Vallonnet (Alpes-Maritimes, France) est un des plus vieux sites préhistoriques d'Europe ayant livré des traces d'activité (Le terme d'activité peut désigner une profession.) humaine: des outils lithiques et des traces de découpe sur des os d'animaux. Il s'agit d'une petite caverne de quelques mètres carrés comprenant un remplissage archéologique de 1,5 m d'épaisseur, fouillée dès 1962 par le Professeur Henry de Lumley puis par Pierre-Elie Moullé (Musée de Préhistoire Régionale de Menton). La grotte était occupée alternativement par des carnivores de grande taille tels que la hyène géante (Une étoile géante est une étoile de classe de luminosité II ou III. Dans le...), l'ours des cavernes (L'ours des cavernes (Ursus spelaeus) est une espèce d'ours de grande taille qui a vécu au...), le tigre à dents de sabre, la panthère qui s'en servaient de repaire ou de tanière et par des homininés qui s'en servaient de bivouac. Ces derniers y ont laissé une industrie archaïque composée principalement de galets aménagés et d'éclats. Ils ont charogné les carcasses des grands herbivores (Bison schoetensacki, Praemegaceros cf. verticornis, Pseudodama nestii vallonnetensis) abandonnées par les carnivores. Le paysage (Étymologiquement, le paysage est l'agencement des traits, des caractères, des formes d'un...), très découvert, était occupé par une steppe faiblement arborée, parsemée de pins et d'essences méditerranéennes.

Le laboratoire australien à Melbourne dirigé par le Professeur Jon Woodhead et le laboratoire taïwanais (HISPEC) à Taipei dirigé par le Professeur Chuan-Chou Shen en relation étroite avec une équipe de chercheurs français dont le projet a été conduit par Véronique Michel (CEPAM, Géoazur, CNRS) sont parvenus à dater pour la première fois un site préhistorique en Europe par la méthode uranium-plomb (U-Pb), par spectrométrie de masse (La spectrométrie de masse (mass spectrometry ou MS) est une technique physique d'analyse...) couplée à un plasma ( En physique, le plasma décrit un état de la matière constitué de particules chargées (d'ions...) inductif. Ils ont pu dater de manière très précise, à la lumière (La lumière est l'ensemble des ondes électromagnétiques visibles par l'œil...) des dernières avancées technologiques, la calcite (La calcite est un minéral chimique ou biochimique (biominéralisation) composé de...) des formations stalagmitiques de la grotte. En effet, les progrès récents de la méthode U-Pb ont ainsi permis de dater présisément les stalagmites trop anciennes pour l'application de la méthode uranium-thorium (U-Th, jusqu'à 800 ka) et relativement "jeunes" pour l'application de la méthode U-Pb car la calcite du site contient une teneur en Pb extrêmement faible (de l'ordre du ppb = ng/g).

Les niveaux archéologiques étant intercalés entre deux de ces formations stalagmitiques composées de calcite pure et bien cristallisée, la datation U-Pb a permis ainsi de leur donner un âge. Les âges obtenus sur les échantillons de calcite situés en dessous et au dessus des niveaux archéologiques ont permis d'attribuer un âge de 1,2-1,1 Ma. L'âge obtenu a été comparé à des mesures du paléomagnétisme dans le site qui concordent également d'un point de vue chronologique ainsi qu'avec la biochronologie.

Le site du Vallonnet est contemporain des sites préhistoriques de la Sima del Elefante en Espagne daté à ~1,2 Ma par la méthode des cosmogéniques (Al/Be) et de Bois-de Riquet (Lézignan-La-Cèbe) en France daté par la biochronologie entre 1,1 et 1,3 Ma. Cette nouvelle étude de datation du site du Vallonnet par la méthode radioisotopique (U-Pb), comparée au paléomagnétisme et à la biochronologie, permet d'affiner la carte de répartition des plus anciens sites préhistoriques d'Europe.

Référence publication:
New dating evidence of the early presence of hominins in Southern Europe - Véronique Michel, Chuan-Chou Shen, Jon Woodhead, Hsun-Ming Hu, Chung-Che Wu, Pierre-Elie Moullé, Samir Khatib, Dominique Cauche, Marie-Hélène Moncel, Patricia Valensi, Yu-Min Chou, Sylvain Gallet, Anna Echassoux, François Orange, Henry de Lumley, 2017. Scientific Reports.

Contacts chercheurs:
- Véronique Michel – Cultures et Environnements. Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge - CEPAM (CNRS, Géoazur, Université Côte d'Azur)
- Pierre-Elie Moullé – Musée de Préhistoire Régionale de Menton
- Patricia Valensi – Musée de Préhistoire de Tourrette-Levens, Histoire naturelle de l'Homme préhistorique - HNHP
- Marie-Hélène Moncel – Histoire naturelle de l'Homme préhistorique - HNHP (CNRS, Département de Préhistoire, MNHN, Paris)
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