Le Soleil serait-il plus gros que prévu par les modèles ?

Publié par Adrien le 08/06/2018 à 00:00
Source: CNRS-INSU
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En 2015, l'Union Astronomique Internationale (UAI) a adopté une nouvelle valeur nominale du rayon solaire fixée à 695 700 km et qui doit être utilisée lorsque l'on exprime la taille d'un objet observé en unité de rayon solaire. La précédente valeur adoptée par l'UAI, 696 000 km, correspondait au rayon photosphérique qui peut être mesuré directement par le point d'inflexion dans la courbe donnant la diminution de l'intensité lumineuse au bord du disque solaire mesurée dans le continuum. La nouvelle valeur nominale choisie revient à changer la définition (Une définition est un discours qui dit ce qu'est une chose ou ce que signifie un nom. D'où la...) du rayon solaire (En astrophysique, le rayon solaire est l'unité de longueur conventionnellement utilisée pour...) en considérant que la "surface" du Soleil est le lieu où la température (La température est une grandeur physique mesurée à l'aide d'un thermomètre et...) atteint la température effective du rayonnement solaire (En plus des rayons cosmiques (particules animées d'une vitesse et d'une énergie extrêmement...). La détermination de ce niveau dépend de la modélisation et n'est donc pas mesurable directement. Il correspond cependant au "rayon sismique" qui peut être évalué indirectement par l'héliosismologie (L'héliosismologie est la discipline de l'astrophysique qui étudie les mouvements sismiques du...). Les calculs de transfert radiatif sur lesquels sont basés la résolution de l'UAI prédisent un rayon photosphérique supérieur de 333±8 km au rayon nominal. En utilisant les mesures dans le continuum photosphérique de l'instrument SODISM de la mission spatiale PICARD et les mesures au sol de SODISM II, une équipe de chercheurs du LATMOS et de l'OCA montre que les mesures directes les plus précises du rayon solaire photosphérique sont supérieures aux prédictions déduites du transfert radiatif et de la valeur nominale actuelle.


Figure 1: Instrument PICARD/SODISM à bord du satellite PICARD.Crédits: CNES.

Détermination absolue du rayon solaire

En 2012, l'instrument SODISM à bord du satellite PICARD a observé le passage de Vénus. Cet événement astronomique a permis une détermination précise du rayon photosphérique à 535.7, à 607.1 et à 782.2 nm. Depuis le sol, sur le site de Calern de l'Observatoire de la Côte d'Azur, des observations (L’observation est l’action de suivi attentif des phénomènes, sans volonté de les...) systématiques sont menées depuis 2011 en utilisant le modèle de qualification de l'instrument SODISM, appelé SODISM II. Ce télescope (Un télescope, (du grec tele signifiant « loin » et skopein signifiant...) de type Ritchey-Chrétien opère dans les mêmes longueurs d'onde que SODISM mais aussi dans le proche infra-rouge à 1025 nm où les effets de la turbulence (La turbulence désigne l'état d'un fluide, liquide ou gaz, dans lequel la vitesse...) atmosphérique sont moindres. Un moniteur de turbulence diurne a par ailleurs été développé pour compléter l'interprétation des images au sol de SODISM II. L'analyse statistique (Une statistique est, au premier abord, un nombre calculé à propos d'un échantillon....) d'environ 5000 images par an et par longueur (La longueur d’un objet est la distance entre ses deux extrémités les plus...) d'onde acquises au sol a permis d'atteindre des niveaux de précision comparables à ceux obtenus dans l'espace sur une période plus courte. Ces analyses montrent que l'ensemble (En théorie des ensembles, un ensemble désigne intuitivement une collection...) des mesures dans le continuum sont compatibles, indépendamment de la longueur d'onde utilisée, avec la valeur estimée à 607.1 nm soit 696 156 ±145 km.

Ce résultat reste marginalement compatible à un écart-type avec la valeur nominale adoptée par l'UAI si l'on prend en compte la différence entre rayon sismique et rayon photosphérique prédite par la modélisation et le transfert radiatif. Elle tend cependant à montrer une différence avec le rayon sismique systématiquement supérieure à celle prédite, ce qui pourra motiver de nouvelles modélisations plus réalistes de la photosphère par exemple avec des codes magnéto-hydrodynamique 3D.


Figure 2: Instruments de la mission PICARD SOL - Calern. Crédits: LATMOS et OC

Perspectives

La comparaison entre les séries de mesures acquises au sol depuis 7 ans et celles obtenues dans l'espace sur une courte période (2010-2013) montre que l'analyse statistique des données (Dans les technologies de l'information (TI), une donnée est une description élémentaire, souvent...) sol permet d'atteindre une précision équivalente à celle obtenue hors atmosphère (Le mot atmosphère peut avoir plusieurs significations :). Cela justifie la poursuite sur le plus long terme de la surveillance solaire au sol d'un point de vue astrométrique pour étudier notamment les variations relatives des rayons photosphériques et sismiques au cours du cycle d'activité (Le terme d'activité peut désigner une profession.) magnétique et sur le plus long terme.

L'équipe du LATMOS et de l'OCA qui mène ce programme s'associe à l'Observatoire de Meudon pour développer en parallèle un suivi temps-réel de l'activité magnétique observée dans la chromosphère avec un moniteur H-alpha. Ce programme nommé METEOSPACE viendra compléter le programme de surveillance solaire entamé dès 1974 par Francis Laclare sur le plateau de Calern pour ce qui concerne l'astrométrie (L'astrométrie est la partie de l'astronomie qui s'occupe de la position des étoiles et des autres...) et depuis plus de cent ans à Meudon avec notamment les images du spectro-héliographe pour ce qui concerne l'imagerie H-alpha de la chromosphère.
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