Et si un astéroïde géant frappait de nouveau la Terre

Publié par Adrien le 26/06/2018 à 00:00
Source: ESA
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Il y a plus de 60 millions d'années, les dinosaures régnaient sur la Terre. Aujourd'hui, ils ne sont plus que des reproductions et des fossiles comme les exemplaires que l'on peut voir au Muséum d'Histoire naturelle de Vienne. La cause de leur disparition ? Un astéroïde, un bloc de roche et de métal né lors de la formation du système solaire (Le système solaire est un système planétaire composé d'une étoile, le...).

"Il y a 66 millions d'années, un astéroïde percutait la Terre: il ne faisait que 10 km de long, mais le cratère qui en a résulté s'est étendu sur 200 km," explique Christian Köberl, directeur du Muséum. "Donc cela nous renseigne sur la quantité (La quantité est un terme générique de la métrologie (compte, montant) ; un scalaire,...) énorme d'énergie (Dans le sens commun l'énergie désigne tout ce qui permet d'effectuer un travail, fabriquer de la...) qu'un tel événement implique et cette énergie s'est traduite par une gigantesque explosion (Une explosion est la transformation rapide d'une matière en une autre matière ayant un...), des séismes et toutes sortes de choses effroyables, le climat a aussi changé immédiatement et de nombreux animaux et de plantes de l'époque - en fait, près de deux tiers de toutes les espèces vivantes sur notre planète (Une planète est un corps céleste orbitant autour du Soleil ou d'une autre étoile de...) - ont disparu," énumère-t-il.

Le cas de Tcheliabinsk

Rien de comparable ne s'est produit depuis. Mais le risque bien que faible est toujours présent.

En février 2013, un astéroïde de 20 mètres de long s'était fragmenté en entrant dans l'atmosphère au-dessus de la ville russe de Tcheliabinsk, faisant 1500 blessés.

Ce cas peut nous en apprendre beaucoup, en particulier grâce aux météorites retrouvées sur place. Ludovic Ferrière, conservateur des collections du Muséum, nous montre une pièce de cette météorite de Tcheliabinsk: "Sa croûte de fusion typique à l'extérieur s'est formée lors de l'entrée dans l'atmosphère et quand on la coupe, on est capable de voir l'histoire de cette météorite," dit-il. "Ici, on voit la partie qui est fraîche, qui nous renseigne sur la formation du système solaire, qui n'a pas été beaucoup affectée depuis sa formation," poursuit-il. "Et là, cette partie noire traduit un certain nombre de chocs qui ont eu lieu depuis sa formation il y a 4,56 milliards d'années et les différents impacts qu'elle a subis avant d'entrer dans l'atmosphère," précise-t-il.

À Tcheliabinsk, l'astéroïde s'était transformé en pluie de météorites. D'autres plus massifs sont capables d'atteindre la Terre.

Pour se rendre compte de leur diversité, rien de tel que ce Muséum où l'on peut voir exposé le plus grand nombre de météorites au monde. Le lieu où elles percutent le sol a son importance: si elles font la taille d'une maison, elles peuvent détruire une forêt, causer un tsunami ou modifier notre atmosphère.

"Si la météorite s'abat sur une mer peu profonde - en fonction du type de sédiments qu'il y a au fond -, le choc peut causer une vaporisation qui libère une grande quantité de gaz à effet de serre," indique Lidia Pittarello, spécialiste des astéroïdes à l'Université (Une université est un établissement d'enseignement supérieur dont l'objectif est la...) de Vienne. "Et alors, on peut vraiment avoir un effet sur le climat à long terme," affirme-t-elle.

Alerte précoce

Face à cette menace, que fait-on pour protéger notre planète ? En Allemagne, à l'ESA, cette équipe travaille sur un système d'alerte précoce qui concerne en particulier, les petits astéroïdes qui sont les plus nombreux comme celui qui a ciblé l'Afrique du Sud il y a quelques semaines.

"Le 2 juin, une boule de feu a illuminé le ciel d'Afrique," raconte Rüdiger Jehn, du segment Objets géocroiseurs de l'ESA, en nous montrant une vidéo: "On peut voir ici l'astéroïde de 2 à 3m de long entrer dans l'atmosphère, puis exploser et c'est ce qu'on veut observer parce que s'il était un peu plus gros - peut être 5m de long -, l'onde de choc pourrait causer d'importants dégâts au sol et on veut pouvoir informer les populations en amont," souligne-t-il.

Pour être mieux préparé, l'ESA construit le télescope baptisé Flyeye qui sera installé en Sicile: il aura pour mission de traquer dans le ciel, les petits objets qui se déplacent rapidement. L'Agence a déjà repéré 740 astéroïdes qui présentent un risque faible de toucher la Terre et elle en identifie sans cesse de nouveaux.

"Actuellement, on a un rythme de détection d'environ 200 astéroïdes par mois et il y en a peut-être, 3, 4 ou 5 qui pourraient toucher la Terre," déclare Rüdiger Jehn. "Il y en a aucun de notre connaissance qui constitue réellement une menace grave," assure-t-il. "Il existe énormément de choses dans l'espace que nous essayons encore de localiser; mais en l'état actuel de nos connaissances, il n'y a rien aujourd'hui qui puisse vraiment nous inquiéter," tempère-t-il.

Rendre visite aux astéroïdes

Reste qu'il est préférable de connaître son ennemi. La NASA et l'Agence spatiale (Une agence spatiale est un organisme d'État ayant pour but d'étudier l'Espace et de développer...) japonaise JAXA ont toutes deux prévu de rendre visite à des astéroïdes cette année.

L'engin japonais Hayabusa-2 orbitera prochainement autour de son astéroïde cible et larguera à sa surface un atterrisseur allemand appelé Mascot.

"On doit trouver le site pour se poser, puis, le 3 octobre, on larguera Mascot qui atteindra ensuite la surface," détaille Ralf Jaumann, planétologue au Centre aérospatial allemand (DLR). "Donc on aura des informations depuis la surface de l'astéroïde et grâce aux informations collectées, on passera à la deuxième étape: l'engin japonais se posera lui aussi sur la surface pour recueillir des échantillons, puis les rapporter sur Terre," dit-il.

La mission permettra aussi d'alimenter la réflexion sur de futures méthodes qui permettront de dévier un astéroïde potentiellement menaçant de sa trajectoire vers la Terre.

"C'est loin d'être évident: on ne peut pas détruire les astéroïdes avec des armes atomiques ou nucléaires," reconnaît Ralf Jaumann. "Donc on doit vraiment les connaître: leur composition, c'est ce qu'il y a de plus important pour comprendre comment les dévier, comment stopper leur rotation pour avoir plus de rayonnement solaire sur un côté et les éloigner de la Terre," poursuit-il avant de conclure: "Donc connaître leur composition et leurs propriétés physiques, cela nous aidera beaucoup pour déterminer des stratégies qui visent à limiter l'impact d'un tel événement."

"Nous sommes sans arrêt bombardés d'objets provenant de l'espace"

Aujourd'hui, il n'y a pas de danger imminent. Mais il faut avoir en tête qu'un astéroïde relativement petit peut avoir des conséquences catastrophiques s'il percute la Terre, comme on peut le voir sur cette simulation où un corps rocheux de 100 mètres de long s'abattrait sur Vienne et rayerait la capitale (Une capitale (du latin caput, capitis, tête) est une ville où siègent les pouvoirs,...) autrichienne de la carte.

"Il suffit de regarder la Lune, l'objet le plus proche de nous dans l'espace: elle est couverte de cratères d'impact," fait remarquer Christian Köberl. "On ne voit pas cela aussi bien sur Terre parce que notre planète a une surface géologique active, mais en réalité, nous sommes sans arrêt bombardés d'objets - gros ou petits - provenant de l'espace. Les plus gros sont un peu plus rares, les plus petits sont très fréquents," insiste-t-il. "C'est quelque chose qui s'est produit dans le passé et évidemment, ça arrivera de nouveau dans l'avenir," reconnaît-il.

Les scientifiques s'accordent à dire que 90% des astéroïdes dont la taille menacerait la vie sur Terre ont été repérés.

Mais seule une petite part de ceux de taille inférieure, mesurant de 5 à 500 mètres, a été identifiée. Localiser le reste, c'est le grand défi qui est en train d'être relevé aujourd'hui.

Vous pouvez voir la vidéo de ce reportage ici: lien
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