De l'or dans les yeux

Publié par Adrien le 19/08/2018 à 00:00
Source: Jean Hamann - Université Laval
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Les nanoparticules d'or promettent d'améliorer le diagnostic et le traitement des maladies oculaires

Quiconque a déjà eu un problème oculaire nécessitant la prise d'un médicament sous forme de gouttes sait comment le corps réagit à de tels traitements: l'œil pleure abondamment et la paupière bat frénétiquement pour chasser les larmes. "Cette réaction est une adaptation qui sert à prévenir l'entrée de corps étrangers dans l'œil, explique Élodie Boisselier, professeure à la Faculté de médecine. Le résultat est que le pourcentage (Un pourcentage est une façon d'exprimer une proportion ou une fraction dans un ensemble. Une...) des molécules actives qui atteignent la cible est très bas, souvent moins de 1%."

Les choses pourraient toutefois changer si les travaux que cette chercheuse mène au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval (L’Université Laval est l'une des plus grandes universités au Canada. Elle a comme...) livrent les résultats espérés. En effet, la professeure Boisselier a obtenu un brevet pour une technologie (Le mot technologie possède deux acceptions de fait :) permettant à un médicament (Un médicament est une substance ou une composition présentée comme possédant...) ophtalmique d'adhérer à la muqueuse de l'œil, ce qui faciliterait son entrée dans l'œil. Cette technologie repose sur des composés peu banals qui seraient présents dans les gouttes: les nanoparticules d'or.

Apparues dans le paysage biomédical à la fin des années 1990, les nanoparticules d'or suscitent un grand intérêt en recherche depuis quelques années. À preuve, le nombre d'articles scientifiques consacrés au sujet a augmenté de façon exponentielle, souligne la chercheuse. La professeure Boisselier et ses collaborateurs Florence (Florence (en italien Firenze) est une ville d'Italie, capitale de la région de Toscane et...) Masse, Mathieu Ouellette et Guillaume (Guillaume est un prénom masculin d'origine germanique. Le nom vient de Wille, volonté et Helm,...) Lamoureux ont jugé que le moment était venu de faire le point sur l'avenir des nanoparticules d'or en ophtalmologie (L’ophtalmologie est la branche de la médecine chargée du traitement des maladies...). Cette équipe vient de publier dans la revue Medicinal Research Reviews une synthèse des connaissances sur le potentiel de ces nanoparticules dans le diagnostic (Le diagnostic (du grec δι?γνωση, diágnosi, à partir de...) et le traitement des maladies oculaires.

Les nanoparticules d'or sont toujours composées d'un cœur d'or entouré de molécules – des ligands– qui servent à les stabiliser et qui leur confèrent des propriétés inédites, rappelle la professeure Boisselier. "Leur intérêt dans le domaine biomédical vient du fait que l'or est bio-inerte, c'est-à-dire qu'il n'interagit pas avec les composantes du corps, et que ces nanoparticules sont hautement modulables, ce qui en multiplie les usages potentiels", poursuit-elle. Selon la méthode de synthèse adoptée, il est possible de fabriquer des nanoparticules de différentes tailles, charges, polarités ou formes – des bâtonnets, des cubes, des sphères ou des étoiles – et ainsi d'en moduler les propriétés.

Jusqu'à présent, les tests menés in vitro et sur des modèles animaux suggèrent qu'on peut envisager leur utilisation à de multiples fins. Elles pourraient servir comme outil diagnostic, notamment pour amplifier les signaux émis par les molécules d'un microorganisme dont on tente de détecter la présence dans les larmes, pour mesurer l'expression de gènes dans les tissus de l'œil, comme agent de contraste en imagerie médicale (L'imagerie médicale regroupe les moyens d'acquisition et de restitution d'images à partir...) ou pour améliorer l'efficacité de la radiothérapie (La radiothérapie est une méthode de traitement locorégional des cancers, utilisant...) pour les cancers de l'œil. Elles pourraient aussi servir à livrer des médicaments dans des parties difficilement accessibles de l'œil ou encore à remplacer les virus comme vecteurs de transport (Le transport est le fait de porter quelque chose, ou quelqu'un, d'un lieu à un autre, le plus...) de gènes. Leurs propriétés anti-inflammatoires et anti-angiogéniques – elles préviennent la formation de vaisseaux sanguins – pourraient être salutaires dans le traitement et la prévention (La prévention est une attitude et/ou l'ensemble de mesures à prendre pour éviter...) de nombreuses maladies oculaires.

"Les nanoparticules d'or ont donc un potentiel indéniable en ophtalmologie, mais il reste à définir et à optimiser les paramètres de leur utilisation pour des applications précises chez l'humain, résume la professeure Boisselier. Avec le vieillissement de la population, la prévalence des problèmes oculaires risque d'augmenter et les nanoparticules d'or pourraient nous aider à améliorer le diagnostic et le traitement de ces maladies."

Le recours à des nanoparticules d'or risque-t-il de faire exploser le coût des traitements en ophtalmologie ? "Je ne crois pas, répond la chercheuse. D'abord, ces nanoparticules sont synthétisées à partir de sels d'or dont le prix est très abordable. Ensuite, les quantités d'or administrées sont extrêmement faibles. Enfin, comme ces nanoparticules augmentent l'entrée des molécules actives dans l'œil, la dose de médicaments qu'il faudra utiliser sera moindre. Tout compte fait, ça ne risque donc pas de changer de manière draconienne le coût des traitements."
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