Alors que les Nations Unies ont annoncé un plan pour éradiquer la tuberculose d'ici 2030, une nouvelle étude démontre l'émergence de souches multirésistantes de cette maladie, non détectées par les tests approuvés par l'
Organisation (Une organisation est) mondiale de la santé (OMS). Ces travaux d'une équipe internationale codirigée par Philip Supply,
chercheur (Un chercheur (fem. chercheuse) désigne une personne dont le métier consiste à faire de la...) CNRS au Centre d'infection et d'immunité de Lille (CNRS/Inserm/Institut Pasteur de Lille/Université de Lille), sont publiés dans
The Lancet Infectious Diseases le 18 octobre 2018. Ils font écho à un autre article paru dans
The New England Journal of Medicine le 26 septembre, proposant un nouvel algorithme de détection de résistances de souches de
tuberculose (La tuberculose est une maladie infectieuse transmissible et non immunisante, avec des signes...).
Détection de multirésistance aux antibiotiques chez une souche sud-africaine de tuberculose par le test moléculaire Deeplex-MycTB®. Les secteurs en rouge et en bleu indiquent des mutations avérées ou probables de résistance aux antibiotiques de première intention et à la bédaquiline, respectivement.
© Genoscreen Lille
Le 26 septembre dernier, les Nations Unies ont convenu de lever 13 milliards de dollars annuels afin d'éradiquer la tuberculose d'ici 2030. Avec 10 millions de nouveaux cas et 1,6 millions de morts en 2017, elle est la première maladie infectieuse au monde, devant le VIH. Plus de 450 000 nouveaux cas de tuberculose multiresistante aux antibiotiques sont apparus, dont seulement 25% ont été détectés. Une étude d'une équipe de
recherche (La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue...) internationale
(1) co-dirigée par Philip Supply, chercheur CNRS au Centre d'infection et d'immunité de Lille (CNRS/Inserm/Institut Pasteur de Lille/Université de Lille), souligne la
gravité (La gravitation est une des quatre interactions fondamentales de la physique.) de ce problème de sous-détection, notamment en Afrique du Sud.
Ces travaux publiés dans
The Lancet Infectious Diseases montrent que des souches de
Mycobacterium tuberculosis (bactérie responsable de la maladie) isolées dans ce pays portent une
combinaison (Une combinaison peut être :) particulière de mutations les rendant résistantes notamment aux deux antibiotiques principaux prescrits en première intention, la rifampicine et l'isoniazide. Cette résistance combinée n'est pas détectée par les tests standards recommandés par l'OMS: la région
génétique (La génétique (du grec genno γεννώ = donner naissance) est...) portant une mutation singulière de résistance à la rifampicine n'est pas couverte par le test ADN, et la résistance au traitement associée à cette mutation n'est pas repérée par le test de culture.
Cette non-détection entraîne des traitements de première intention inefficaces chez les patients, une mortalité et une contagion accrues, et l'
acquisition (En général l'acquisition est l'action qui consiste à obtenir une information ou à acquérir un...) de résistances additionnelles à d'autres antibiotiques. Les chercheurs ont notamment détecté la présence de mutations probables de résistance à la bédaquiline, la
molécule (Une molécule est un assemblage chimique électriquement neutre d'au moins deux atomes, qui...) la plus récente pour traiter les tuberculoses multirésistantes, apparues juste après le début de son utilisation dans le pays en 2013.
Cette découverte a été réalisée notamment grâce à un nouveau test de dépistage de multirésistance de la bactérie, développé par Genoscreen
(2) avec la collaboration de P. Supply. Contrairement au test ADN standard, ce test analyse un large panel de gènes cibles de la bactérie et permet d'identifier des résistances à plus d'une dizaine d'antibiotiques simultanément. Ces résultats peuvent être obtenus en seulement un à trois jours, au lieu des semaines nécessaires aux tests de culture. Ce test aidera donc à remédier à la sous-détection problématique des multirésistances.
Il bénéficiera d'un nouvel algorithme de détection de mutations de résistance, dont l'efficacité vient d'être démontrée dans une publication dans
The New England Journal of Medicine par un autre consortium (CRyPTIC)
(3) auquel le Dr Supply et Genoscreen ont participé. Cette étude s'est basée sur l'analyse de 10 000 génomes, ce qui en fait un des plus grands projets de
séquençage (En biochimie, le séquençage consiste à déterminer l'ordre linéaire des...) d'ADN bactérien réalisés à ce jour.
Notes:
(1) National Health Laboratory Service, Dr George Mukhari Tertiary Laboratory, Pretoria, Sefako Makgatho Health Sciences University, Pretoria, and Gauteng Department of Health, Hatfield, Afrique du Sud ; National Reference Laboratory, Ministry of Health, Mbabane, Swaziland; Forschungszentrum Borstel and German Center for Infection Research, Borstel Site, Borstel, Allemagne ; Institute of Tropical Medicine and University of Antwerp, Antwerp, Belgique ; Université Catholique de Louvain, Bruxelles, and Katholieke Universiteit Leuven, Leuven, Belgique
(2) Entreprise spécialisée en génomique, située sur le campus de l'Institut Pasteur de Lille (L'Institut Pasteur de Lille (Pasteur-Lille) est l'un des centres de recherche du Réseau...).
(3) Voir Consulter le site web