Une "échelle de la grimace" mesurera la douleur chez le chat

Publié par Adrien le 04/02/2019 à 08:00
Source: Université de Montréal
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Quand un chat a les oreilles rabattues, les yeux clos, les moustaches tournées vers l'avant, le museau en pointe et la tête rentrée entre les épaules, il ressent fort probablement de la douleur. "Les vétérinaires savent en général reconnaître la souffrance chez les animaux domestiques, mais c'est souvent plus difficile chez le chat. Il n'existe pas d'échelle basée sur les expressions faciales, permettant une évaluation précise; c'est pourquoi nous travaillons à un outil qui pourrait la faciliter", explique la vétérinaire Marina Cayetano Evangelista, qui fait actuellement des études de doctorat sur ce sujet à l'Université de Montréal.


À la différence du chat de gauche, en pleine santé, celui de droite présente plusieurs signes de souffrance: ses yeux sont partiellement fermés et sa tête est enfoncée entre les épaules. La position des oreilles, tournées vers l'arrière, dénote aussi un malaise. Crédit: Marina Cayetano Evangelista

Dans le cadre d'une expérience effectuée au Centre hospitalier universitaire vétérinaire, de la Faculté de médecine vétérinaire à Saint-Hyacinthe, l'étudiante brésilienne a observé pendant plusieurs mois des chats atteints de différentes maladies. Avec l'accord de leurs propriétaires et de l'équipe soignante, elle a sélectionné 35 chats exprimant de la douleur à diverses intensités; elle a complété sa recherche par l'observation de 20 chats bien portants. Elle les a filmés et photographiés sous plusieurs angles et à plusieurs moments de leur traitement et elle en a tiré suffisamment d'informations pour mettre au point son nouvel outil.

Il est parfois ardu pour le propriétaire et pour le vétérinaire de savoir à quoi s'en tenir, puisque le chat est un animal discret qui a tendance à se cacher quand il ressent de la douleur. L'outil de mesure de Mme Cayetano Evangelista donne rapidement une idée de l'état de souffrance de l'animal. "La position des oreilles, la fermeture des paupières, les tensions dans la région du museau, la position des moustaches et le port de la tête étaient différents entre les groupes", a-t-elle fait valoir dans deux conférences auxquelles elle a participé à Grenade (Association of Veterinary Anaesthetists) et à Venise (World Congress of Veterinary Anaesthesiology). Un article sur le sujet est en cours de rédaction et sera publié sous peu dans un journal international.

Un outil facile à utiliser


Marina Cayetano Evangelista Crédit: Aida Mínguez Menéndez
L'échelle de la grimace du chat (Feline Grimace Scale) se présente comme un tableau que l'utilisateur peut remplir après quelques minutes d'observation. Entre 0 (aucun signe) et 2 (signe très net), le vétérinaire évalue si le chat a les yeux ouverts (0), partiellement fermés (1) ou fermés (2); si sa tête est dressée au sommet du cou ou si elle a plutôt tendance à s'enfoncer entre les épaules. Il note également la position des moustaches (tendues et orientées vers l'avant ou rabattues, elles dénotent un malaise) et des oreilles: lorsque celles-ci sont tournées vers l'avant et pointées vers le haut, c'est signe que le chat se sent bien. Le museau est un peu plus difficile à observer; quand il forme des angles arrondis, c'est bon signe; un museau triangulaire pourrait être un indicateur de douleur. Plus la note totale s'approche de 10, plus la douleur de l'animal est aiguë.

Dans la littérature scientifique, l'étude approfondie des signes de douleur, à partir d'une grille semblable, est bien documentée pour les animaux de laboratoire (souris, rats) et les chevaux, mais elle n'avait jamais été menée de cette façon auprès de chats domestiques. Pourrait-on l'adapter aux chiens ? La Dre Cayetano Evangelista répond que ce serait difficile, compte tenu du fait que les morphologies canines sont extrêmement variées en raison des multiples races, qu'on prenne seulement la forme du museau comme exemple. Un tel outil serait donc beaucoup plus complexe à mettre au point.

De São Paulo à Saint-Hyacinthe

C'est l'amour des animaux qui a conduit Marina Cayetano Evangelista à Saint-Hyacinthe. Après avoir suivi sa formation de vétérinaire à l'Université de São Paulo, elle y a fait une résidence en anesthésie vétérinaire, puis a entrepris des études de maîtrise au département de chirurgie vétérinaire de l'établissement brésilien.

C'est son directeur de recherche, Paulo Steagall, Brésilien d'origine et aujourd'hui professeur agrégé à l'Université de Montréal, qui l'a incitée à venir étudier au Québec. En dépit du froid de l'hiver (elle n'avait jamais vu la neige avant son arrivée en 2015), elle s'est bien acclimatée. Son adaptation linguistique, en tout cas, est remarquable, puisqu'elle parle un très bon français et s'apprête à rédiger une thèse dans cette troisième langue.
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