VIH: des trous laissés dans le système immunitaire malgré la trithérapie

Publié par Adrien le 17/07/2019 à 08:00
Source: Université de Montréal
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S'ils ne reçoivent pas de traitement antirétroviral (ART), la majorité des patients infectés par le VIH voient leur système immunitaire s'affaiblir progressivement. Mais une très petite proportion d'entre eux (0,3 %) parviennent à freiner spontanément le virus (Un virus est une entité biologique qui nécessite une cellule hôte, dont il utilise...), sans antirétroviraux. Une partie de l'explication pourrait-elle tenir aux ensembles de gènes exprimés par les rares globules blancs reconnaissant le VIH ? Oui, d'après une étude publiée dans Nature Immunology et menée par des chercheurs du Centre de recherche (La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue...) du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (L’Université de Montréal est l'un des quatre établissements d'enseignement...) (CRCHUM).


Essentiels pour la coordination des réponses immunitaires, les lymphocytes T CD4 sont d'importants globules blancs qui contribuent au contrôle des infections chroniques comme le VIH. Crédit: Getty

Essentiels pour la coordination des réponses immunitaires, les lymphocytes T CD4 sont d'importants globules blancs qui contribuent au contrôle des infections chroniques comme le VIH. Mais, en moyenne, une seule cellule sur 1000 dans la population de lymphocytes T CD4 peut reconnaître le virus.

"Avec mon équipe de recherche et mes collaborateurs, nous avons caractérisé l'ensemble des gènes exprimés par ces cellules rares, extraites du sang de personnes présentant une infection chronique par le VIH et chez qui le virus était abondant avant le traitement antirétroviral (Un antirétroviral (ARV) est une classe de médicaments utilisés pour le traitement...), a déclaré le Dr Daniel Kaufmann, chercheur (Un chercheur (fem. chercheuse) désigne une personne dont le métier consiste à faire de la...) au CRCHUM et spécialiste des maladies infectieuses. Nous avons alors comparé ces gènes avec ceux des cellules des “contrôleurs du VIH”, des personnes infectées dont le virus est contenu malgré l'absence de traitement. Cette opération, qu'on appelle également profilage de transcription à l'échelle du génome (Le génome est l'ensemble du matériel génétique d'un individu ou d'une...), permet de mesurer simultanément l'activité (Le terme d'activité peut désigner une profession.) de milliers de gènes, créant ainsi un tableau (Tableau peut avoir plusieurs sens suivant le contexte employé :) du fonctionnement cellulaire."

Utilisant des techniques sophistiquées d'analyse cellulaire, la principale auteure de l'étude, Antigoni Morou, chercheuse postdoctorale au laboratoire du Dr Kaufmann, a mis au jour des différences fonctionnelles majeures entre les deux groupes de patients de l'étude. Les contrôleurs du VIH avaient des réponses immunitaires, connues sous les noms de Th17 et Th22, beaucoup plus marquées: ces réponses sont importantes pour la protection du tractus digestif par exemple. Mais les personnes ayant une infection chronique avec des niveaux élevés de réplication virale présentaient des lymphocytes T CD4 dérégulés ciblant le VIH. Certains sous-groupes de cellules affichaient même des signes de fonctionnement anormal.

De nouveaux traitements en vue ?


Daniel Kaufmann
Poursuivant leurs investigations, les chercheurs du CRCHUM se sont demandé si le traitement antirétroviral n'entraînait pas une réponse immunitaire équivalente à celle observée chez les contrôleurs du VIH. "Chez des patients atteints d'une infection chronique par le VIH et soumis à l'ART, nous avons vérifié si le traitement pouvait “réparer leur système immunitaire” et leur permettre d'avoir des lymphocytes T CD4 aux caractéristiques semblables à celles des contrôleurs du VIH", a dit le Dr Kaufmann, professeur à l'Université (Une université est un établissement d'enseignement supérieur dont l'objectif est la...) de Montréal (Montréal est à la fois région administrative et métropole du Québec[2]. Cette grande...).

Le résultat s'est avéré nuancé: certains modules de gènes étaient sensibles à l'ART tandis que d'autres sont exprimés très différemment dans les deux groupes.

"Nous avons montré que l'ART laisse des trous non réparés dans les défenses du système immunitaire, a mentionné le Dr Kaufmann. Nos résultats indiquent que certains de ces vides peuvent contribuer dans la durée à l'absence de contrôle viral lorsque le traitement antirétroviral est interrompu. Nous savons maintenant quelles brèches se cachent dans le système immunitaire. Devons-nous les combler et, si oui, comment ? C'est une autre question."

Ouvrant la voie à de nouveaux traitements complémentaires au traitement antirétroviral, l'équipe du Dr Kaufmann a désigné les caractéristiques importantes d'une réponse immunitaire spécifique et efficace contre le VIH comparativement à une réponse dysfonctionnelle. Elle a montré comment la réponse pouvait être modifiée par l'ART.

L'étape suivante consistera à étudier la programmation sous-jacente de ces lymphocytes T CD4 (épigénétique) dans l'espoir d'élaborer de nouvelles stratégies ciblées pour inverser le dysfonctionnement immunitaire et pour compléter l'ART. Le laboratoire de Daniel Kaufmann utilise actuellement la même approche pour évaluer des candidats-vaccins contre le VIH.

En 2017, près de 37 millions de personnes vivaient avec le VIH. Tous les jours, 5000 nouvelles infections sont déclarées aux autorités sanitaires dans le monde.
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