"Ai-je verrouillé ma porte ?" ou quand le doute vire à l'obsession

Publié par Adrien le 15/11/2019 à 08:00
Source: Université de Montréal
3
Restez toujours informé: suivez-nous sur Google Actualités (icone ☆)

Ai-je bien verrouillé la porte en partant de chez moi ? Cette question banale devient une véritable hantise chez les personnes aux prises avec un trouble obsessionnel-compulsif (TOC). "Certains sujets d'un de nos projets de recherche sont arrivés avec deux heures de retard au rendez-vous fixé. Ils vérifiaient et contre-vérifiaient ce genre de choses sans parvenir à calmer leur incertitude", relate Catherine Ouellet-Courtois, étudiante au doctorat (Le doctorat (du latin doctorem, de doctum, supin de docere, enseigner) est généralement...) en psychologie à l'Université de Montréal (L’Université de Montréal est l'un des quatre établissements d'enseignement...).


Ai-je bien verrouillé la porte en partant de chez moi ? Cette question banale devient une véritable hantise chez les personnes aux prises avec un trouble obsessionnel-compulsif. Crédit: Getty

Dans sa recherche qui inclut une méta-analyse de 36 études internationales et une étude inédite auprès de 128 sujets montréalais atteints d'un TOC, la jeune femme s'est intéressée à ce que les chercheurs nomment la "confiance cognitive". "Il s'agit de ce doute que vous avez lorsque vous avez accompli un geste jugé important. Les personnes avec un TOC sont persuadées d'avoir une mauvaise mémoire (D'une manière générale, la mémoire est le stockage de l'information. C'est aussi le souvenir...) ‒ c'est ce qu'on appelle la faible confiance cognitive. Les personnes qui ont un TOC doutent tellement d'elles-mêmes qu'elles n'arrivent pas à être rassurées."

Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le TOC se caractérise par la présence d'obsessions (pensées ou impulsions récurrentes) perçues comme intrusives et inappropriées, et qui engendrent une détresse importante. Les personnes qui souffrent d'un TOC présentent souvent aussi des compulsions, soit des comportements irrépressibles destinés à repousser les pensées obsédantes et à réduire la détresse ressentie. Certaines des obsessions et compulsions les plus répandues consistent à se laver les mains de façon répétée (parfois jusqu'au sang) pour éviter les contaminations courantes; faire le ménage sans arrêt; ranger ses objets personnels de façon maniaque; prendre exactement le même chemin d'un point à l'autre... Les obsessionnels craignent d'avoir perdu leurs clés ou une carte de crédit, d'avoir contracté un virus, qu'un malheur arrive à leurs proches, etc.

Un mal traitable

Les TOC toucheraient 2,5 % de la population, des hommes comme des femmes de toutes conditions socioéconomiques et de scolarité variable. Ce mal est courant, mais demeure malgré tout nimbé de mystère. "C'est un problème qu'on peut parvenir à traiter en l'espace de 12 à 20 séances de thérapie (Une thérapie est un ensemble de mesures appliquées par un thérapeute à une...) cognitivo-comportementale", résume la chercheuse, qui a travaillé sous la direction de Kieron O'Connor, professeur au Département de psychiatrie (La psychiatrie est une spécialité médicale traitant de la maladie mentale ou des...) et d'addictologie (L'addictologie est l'étude des addictions, c'est-à-dire de la dépendance physiologique et...) de l'UdeM et directeur du Centre d'études sur les troubles obsessionnels-compulsifs et les tics. "Apprécié de tous", selon la doctorante, le chercheur (Un chercheur (fem. chercheuse) désigne une personne dont le métier consiste à faire de la...) est décédé en août dernier.

Dans le cadre de son doctorat, Catherine Ouellet-Courtois a produit trois articles scientifiques: le premier est paru dans le Journal of Obsessive-Compulsive and Related Disorders et les deux autres ont été soumis à des revues spécialisées. "Il s'agit d'une recherche fondamentale (La recherche fondamentale regroupe les travaux de recherche scientifique n'ayant pas de finalité...), mais j'ai le sentiment que, en comprenant mieux les mécanismes derrière les TOC, on va peut-être parvenir à mieux traiter les personnes qui en sont atteintes."

Clinicienne et "génie du mois"

C'est durant ses études de baccalauréat (Le baccalauréat (altération du bas-latin bachalariatus, désignant un rang de...) en psychologie à l'Université Concordia (L’Université Concordia (dérivé de la devise de Montréal, Concordia...) que Catherine Ouellet-Courtois plonge dans les TOC. "J'étais auxiliaire de recherche dans une étude sur les troubles alimentaires et nous avons recruté des sujets qui souffraient aussi d'un TOC. J'ai été aussitôt fascinée par la complexité (La complexité est une notion utilisée en philosophie, épistémologie (par...) de ce trouble, mais aussi par la créativité et l'imagination dont font preuve ceux et celles qu'il affecte."

La recherche était menée en collaboration avec celui qui allait devenir son directeur de thèse. L'étudiante fera, entretemps, une maîtrise (La maîtrise est un grade ou un diplôme universitaire correspondant au grade ou titre de...) en recherche à Maastricht, aux Pays-Bas, qui la mènera à effectuer un séjour de recherche à Londres.

Parallèlement à ses travaux de recherche, elle a travaillé comme évaluatrice clinique au Centre de recherche de l'Institut universitaire en santé mentale (La santé mentale est un terme relativement récent et polysémique. Habituellement...) de Montréal (Montréal est à la fois région administrative et métropole du Québec[2]. Cette grande...) et elle est clinicienne en thérapie de couple au Centre universitaire de santé McGill et au département des troubles alimentaires de l'Institut universitaire en santé mentale Douglas.

Au cours des dernières années, ses travaux lui ont valu plusieurs distinctions, dont le prix Relève étoile Paul-Gérin-Lajoie (2019) du Fonds de recherche du Québec - Société et culture. Elle a même été nommée "génie du mois" par l'association étudiante de psychologie en 2017 et en 2019 pour deux de ses articles scientifiques.
Page générée en 0.269 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise