Comment influencer la sexualité de la mouche

Publié par Michel le 03/03/2008 à 00:00
Source: CNRS
Illustration: © C. Everaerts/UMR-CNRS5548 Dijon
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Un insecte hétérosexuel peut devenir temporairement bisexuel si l'on modifie la concentration d'une substance cérébrale appelée glutamate. Et ce, même s'il est adulte ! C'est ce que viennent de démontrer des chercheurs CNRS du laboratoire "Développement et communication chimique chez les insectes" à Dijon, chez l'animal star des laboratoires de génétique: la mouche du vinaigre, baptisée savamment Drosophila melanogaster, ou drosophile.


Une mouche drosophile mâle, ici en copulation, peut devenir temporairement bisexuelle
si on modifie le taux de glutamate dans le cerveau

Initiés par un ex-étudiant de Dijon en stage postdoctoral à Chicago, Yael Grosjean, et menés en collaboration avec le laboratoire des sciences biologiques de l'université de Chicago, ces travaux ont été publiés en janvier dans la revue scientifique Nature Neuroscience. "Nous avons observé qu'un mâle drosophile devient bisexuel si l'on diminue le taux de glutamate baignant ses neurones, précise Jean-François Ferveur, chercheur CNRS du laboratoire dijonnais. Alors, l'insecte est attiré par les stimuli sensoriels – ou phéromones – des autres mâles qui normalement le repoussent. Conséquence, il augmente fortement son temps de parade envers les autres mâles – de cinq fois –, sans perdre pour autant son attirance pour les femelles."

Pour arriver à cette observation, les chercheurs ont étudié des mouches génétiquement modifiées au niveau d'un gène, qui rend l'insecte bisexuel quand il est muté: le gène Genderblind, signifiant littéralement "qui ne distingue pas le sexe du partenaire". Chez les mouches bisexuelles, la mutation de Genderblind entraîne une diminution de la concentration du glutamate autour des jonctions entre neurones, les synapses. D'où la conclusion des chercheurs que c'était cette chute du taux de glutamate qui rendait les mouches mâles bisexuelles. "Notre résultat est très important, car il montre que le fait d'être attiré par l'un ou l'autre sexe n'est pas définitivement ancré chez cet insecte, et que l'on peut modifier ce comportement sans toucher à l'organisation des neurones, mais seulement en changeant l'environnement moléculaire de ces derniers", conclut Jean-François Ferveur.

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