Les crues éclairs affectent fréquemment les régions Méditerranéennes, surtout pendant l'automne. Elles représentent 66% du coût total des dommages causés par les inondations aux propriétés privées en France. Face à l'augmentation des sinistres liés à ces épisodes, il est crucial de savoir si le changement climatique est susceptible d'aggraver ces phénomènes.
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Les épisodes de fortes précipitations observés dans les régions méditerranéennes comptent parmi les phénomènes météorologiques les plus extrêmes en France métropolitaine, avec des cumuls sur 24 h qui dépassent fréquemment les 100 mm. Plusieurs travaux menés dans le cadre du programme
HyMeX ont montré une augmentation de l'intensité (c'est à dire le cumul de
pluie sur une journée) des pluies extrêmes, en particulier depuis les années 80.
On estime la hausse de l'intensité lors de ces épisodes à une valeur située entre +7 % et +39 % sur la période 1961-2015. Cette fourchette d'incertitude traduit la difficulté à quantifier précisément le changement climatique dans les séries observées, du fait de la variabilité naturelle du climat, qui
joue de manière particulièrement forte pour les événements extrêmes. Si la plupart des projections
convergent désormais vers une augmentation probable de l'intensité des pluies extrêmes, elles varient fortement en fonction des régions et des saisons. Des études à des échelles plus fines s'avèrent donc nécessaires.
Comment se traduit cette intensification de pluies extrêmes sur les crues et inondations ? Paradoxalement, on ne retrouve pas de hausse généralisée des épisodes de crues dans le sud de la France. Pour certains bassins méditerranéens en effet, l'augmentation des fortes précipitations est associée à un
nombre réduit de
jours de pluie et une évapotranspiration plus intense, liée à la hausse des températures. De ce fait, la teneur en
eau du sol diminue et le ruissellement également. En revanche, dans des zones urbanisées ou encore sur des sols nus, soumis à l'érosion, des pluies plus intenses peuvent augmenter l'ampleur des inondations. Ainsi l'intensification observée des pluies extrêmes se répercute très différemment selon les bassins versants, en fonction de leur
topographie et des types de sol, avec néanmoins une tendance à la diminution de la
fréquence des crues fluviales. Les scénarios
futurs sur les crues demeurent donc pour le moment incertains, en particulier pour les plus petits bassins soumis aux crues torrentielles.
Si l'absence de tendance à la hausse des crues est une bonne nouvelle, elle doit cependant être nuancée en raison d'une vulnérabilité accrue des territoires à ces épisodes. Les régions Méditerranéennes ont connu une forte densification de la population et une extension des zones urbanisées dans les dernières décennies, augmentant ainsi l'exposition au risque de crue. La mise en place de systèmes de prévision, d'alerte et de gestion de crise efficaces pour la protection des biens et des personnes, associée à une
urbanisation maîtrisée, sont les clefs pour réduire la vulnérabilité des populations aux épisodes de pluies intenses et aux crues qu'elles génèrent.
Auteures et Auteurs:
Yves Tramblay , Aurélien Ribes , Juliette Blanchet , Samuel Somot , Freddy Vinet.