Créer des souris à partir d'un gène plus vieux que les animaux eux-mêmes: une expérience inédite 🧬

Publié par Cédric,
Auteur de l'article: Cédric DEPOND
Source: Nature Communications
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Des chercheurs ont effectués une expérience impressionnante: intégrer un gène issu de micro-organismes unicellulaires, les choanoflagellés, dans des cellules de souris. Ces organismes, vieux de 600 millions d'années, sont considérés comme les plus proches ancêtres vivants des animaux multicellulaires. Ils abritent des gènes essentiels, tels que Sox, impliqués dans la pluripotence des cellules souches.

Cette capacité des cellules à se transformer en n'importe quel type cellulaire n'était jusque-là associée qu'aux organismes multicellulaires. Or, la découverte de ces gènes dans des organismes unicellulaires remet en question cette vision, indiquant que les bases de la pluripotence précèdent l'apparition des animaux.


Souris chimériques issues de lignées iPSC Salhel-Sox-I complètes, présentant des taches noires sur le pelage et des yeux noirs (flèches), contrastant avec une souris sauvage au pelage blanc et aux yeux rouges.

L'équipe a donc entrepris une expérience audacieuse. Elle a substitué le gène Sox2 des cellules souches de souris par son équivalent chez les choanoflagellés. Ces cellules reprogrammées ont ensuite été injectées dans des embryons, donnant naissance à des souris chimériques. Une prouesse qui valide la fonctionnalité de ces gènes ancestraux.

Les souris ainsi créées présentaient des traits hybrides, témoins visibles de la présence des gènes choanoflagellés. Cette continuité fonctionnelle illustre la réutilisation évolutive de mécanismes primitifs dans des organismes plus complexes, une idée qui bouscule les hypothèses traditionnelles.

Ces travaux éclairent aussi le rôle de l'évolution dans le recyclage de gènes anciens pour répondre à de nouveaux besoins biologiques. Les gènes Sox, à l'origine liés à des processus cellulaires simples, seraient adaptés pour construire les organismes multicellulaires actuels.

Leur étude ouvre des perspectives inédites en médecine régénérative. Comprendre comment ces gènes ancestraux influencent la pluripotence pourrait optimiser les techniques de reprogrammation cellulaire, essentielles pour traiter des maladies comme les troubles neurodégénératifs ou régénérer des tissus endommagés.

Ces découvertes marquent un tournant dans l'étude des origines évolutives des mécanismes cellulaires. Elles démontrent que l'évolution n'est pas linéaire, mais exploitante: elle façonne le vivant en réutilisant et perfectionnant d'anciennes stratégies.

Qu'est-ce que la pluripotence ?

La pluripotence désigne la capacité unique de certaines cellules à se transformer en n'importe quel type de cellule du corps. C'est un processus fondamental dans la biologie du développement.

Chez les mammifères, elle apparaît naturellement dans les cellules souches embryonnaires. Ces cellules, présentes au tout début du développement, peuvent donner naissance aux différents organes et tissus. Ce potentiel repose sur des gènes spécifiques, comme les Sox et POU. Ils agissent comme des interrupteurs, activant ou désactivant les mécanismes qui façonnent les cellules.

Comprendre la pluripotence permet de mieux manipuler les cellules souches, avec des applications prometteuses pour régénérer les tissus ou traiter des maladies.
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