Audiodescription - Définition

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L'audiodescription est une sorte de sous-titrage[1] adapté aux déficients visuels (non-voyants et malvoyants).

Elle consiste à ajouter sur la bande son d'une production audiovisuelle (télévision ou cinéma) des commentaires vocaux qui en décrivent les éléments visuels (action, décors), afin de la rendre accessible aux déficients visuels sans qu'ils n'aient à demander l'aide de qui que ce soit.

Au théâtre, le processus est différent. Les audiodescripteurs doivent en effet tenir compte d'autres paramètres, les spécificités cinématographiques n'étant pas les mêmes que les spécificités théâtrales.

Enfin, il existe une forme d'audiodescription destinée aux visiteurs de musées[2].

Origine

L’audiodescription est apparue aux États-Unis, en 1975. Gregory Frazier, professeur à la San Francisco State University (School of Creative Arts) a été frappé de constater que l’épouse de son meilleur ami aveugle lui décrivait ce qu’il ne voyait pas alors qu’ils regardaient la télévision. Il a fait part de cette constatation au doyen de l’université, qui n’est autre qu’August Coppola, le frère de Francis Ford Coppola, le célèbre réalisateur. Ce dernier a décidé de mettre sur pied un programma académique.

Processus

On pourrait diviser le processus d'une audiodescription cinématographique en 4 parties :

  • La traduction:
  1. analyse de l'image (extraire le sens)
  2. déverbalisation du sens
  3. priorisation, c'est-à-dire sélection des éléments audiodécrits en fonction du temps imparti
  4. reformulation (travail de concision et de précision quant au choix des mots)
  • L'enregistrement dans cabine insonorisée
  • Le mixage (ajuster la bande son, placer les audiodescriptions au bon moment, etc.)
  • Le pressage (avant mise en commerce ou avant mise à disposition dans les vidéothèques spécialisées)

En France, le coût moyen d'une audiodescription est de 7 500 euros pour 30 jours de travail[3]. Selon d'autres sources (entretien avec Patrick Saonit), audiodécrire un film coûterait entre 4.000 et 6.000 euros, pour un processus d'audiodescription qui dure en moyenne 1 mois.

Pour le théâtre, il faut compter 10 à 14 jours. En réalité, cela varie selon la technique utilisée :

  1. audiodescription totalement en direct,
  2. audiodescription en semi-direct (traduction faite au préalable),
  3. audiodescription enregistrée sur MiniDisc.

La plupart du temps, les audiodescriptions sont réalisées en tandem (très souvent mixte) : deux audiodescripteurs se partagent la traduction (les audiodescripteurs sont souvent appelés traducteurs d'image). Ensuite, ils mettent en commun, et corrigent ce qui devient alors la version finale.

Cette traduction sera enregistrée idéalement par un homme et une femme (très souvent les audiodescripteurs eux-mêmes) : les alternances correspondent alors aux scènes de la production audiovisuelle considérée.

Les guidelines sont les "règles" à appliquer lors de l'étape traduction. Celles que l’on connait ont été écrites en anglais. Il y a notamment les ITC Guidelines[4], publiées par l’OFCOM (anciennement ITC) qui est un organe de régulation du paysage audiovisuel britannique.

Distribution

Les productions ainsi doublées peuvent être distribuées de différentes manières :

  • dans les salles de cinéma qui disposent d'un équipement adéquat (sièges pourvus de casques audios) qui peut être permanent ou installé de manière temporaire par une unité mobile ;
  • dans les salles de théâtre qui disposent aussi de l'équipement adéquat, également permanent ou installé de manière temporaire par une unité mobile ;
  • par certaines chaînes de télévision, grâce au télétexte ;
  • par le circuit de distribution sur support vidéo (VHS, DVD et probablement, dans un futur proche, Bly-Ray Disc et HD DVD).

Les œuvres vendues dans le commerce utilisent rarement la 8e plage audio des DVD. Cependant, même lorsque c’est le cas, à cause de la manipulation à effectuer pour l'activer, la fonction audiodescription reste bien souvent inaccessible pour les personnes mal ou non-voyantes.

Par pays

L'audiodescription est une pratique courante depuis des années en Grande-Bretagne[5][6], au Canada[7], et aux États-Unis[8].

En France, l'audiodescription a fait son apparition il y a une bonne vingtaine d'années[9].

Elle est également bien implantée en Allemagne et en Espagne.

Enfin, il semblerait que l'Australie[10] promeuve elle aussi l'audiodescription.

En Grande-Bretagne

L’audiodescription a fait son apparition dans le milieu théâtral : dans les années 1980, dans le Nottinghamshire, un petit théâtre familial a donné une représentation audiodécrite pour un public aveugle. Le directeur de ce théâtre, conscient du potentiel, a inspiré le Theatre Royal Windsor qui a, à partir du 6 février 1988, traduits des pièces régulièrement.

La pratique y est aujourd’hui très répandue : près de 8% des programmes sont audiodécrits. Diverses associations promeuvent l’audiodescription (le RNIB[11], VocalEyes[12]), ainsi que des figures importantes (Veronika Hyks, Andrew Holland pour ne citer qu’eux). La BBC, ITV et Channel 4 ont-elles aussi tenté de sensibiliser la population par le biais de spots explicatifs.

La 1996 Broadcasting Act stipule que dix ans après avoir obtenu sa licence, une chaine de télévision numérique terrestre doit audiodécrire 10% de ses émissions. La 2003 Communications Act a ensuite étendu cette règle aux chaines de télévision numérique par satellite. Cependant, les chaines ont considéré les rediffusions, ainsi que les programmes diffusés à des heures creuses, comme partie intégrante du pourcentage, et ce, afin de limiter leurs coûts de production. Un des objectifs actuels du RNIB reste toujours de mettre un frein à cette tendance. De plus, le RNIB se bat pour que le minimum légal passe de 10 à 20%.

En ce qui concerne les cinémas, aucune disposition légale n’a été mise en place. Tout ce qui se fait actuellement est donc le fruit de la volonté des différents acteurs du monde du 7e art :

  • 8% des films sont audiodécrits.
  • 1% des films de Buena Vista International et de Warner Brothers distribués sur le territoire britannique sont audiodécrits, y-compris les films étrangers. Il ne faut pas perdre de vue qu’un film incluant des dialogues en langue étrangère et sous-titrés ne permet pas aux spectateurs mal et non voyants de suivre le film sans aide extérieure. Grâce à l’audiodescription, les dialogues en langue étrangère sont donc lus à voix haute, ce qui solutionne le problème.

Grâce à des casques à infrarouges, l’audiodescription est en quelques sortes superposée à la bande son du film (qui passe, elle, via l’installation sonore de la salle).

Au Canada

Le CLT (Centre for Learning Technology, Ryerson University, Toronto) a étudié diverses méthodes qui résoudraient quelques uns des problèmes liés à l’audiodescription, tels que des menus interactifs parlants (audio navigation), différents degrés de description, la narration à la première personne ou encore la description en direct.

Aux États-Unis

Aux États-Unis, la technique utilisée est le Descriptive Video Service (DVS), créée par la chaîne WGBH basée à Boston. Le réseau PBS diffuse de tels programmes depuis 1990, ils sont accessibles aux personnes équipées d'un récepteur MTS.

La Federal Communications Commission (commission de régulation) avait exigé des 25 plus gros diffuseurs d'utiliser ce système, mais une cour fédérale a jugé en 2002 que cette décision ne relevait pas de sa juridiction.

En Belgique

Il y a lieu de faire la distinction entre les parties francophone et néerlandophone du pays.

A la fin des années 1990, deux pôles wallons importants ont relayé l'audiodescription en Belgique:

  1. L'ASBL Les Amis des Aveugles[13],
  2. L'ASBL La Lumière[14].

La première association s'est attelée à audiodécrire des films. La première audiodescription a été réalisée en 1999, en collaboration avec le Centre provincial d’Enseignement Spécial de Mons, et concernait le film Forrest Gump. Vu le succès de l’expérience, l’ASBL décide de prendre contact avec un studio professionnel (le One Two, situé à Bruxelles) ainsi qu’un comédien (Philippe Dreck). Leur premier film audiodécrit a été Le Jaguar, pour lequel ils ont reçu une aide financière de la Fondation Jeanne et Pierre Beeckman. A ce jour, Les Amis des Aveugles a réalisé une trentaine de traductions[15]. Les films ainsi doublés étaient projetés au sein de l'association. Par la suite, une collaboration a vu le jour entre l'association et le Plazza Arts (cinéma d'art et essai situé à Mons).

Deux festivals de cinéma ont également projeté des films audiodécrits. Il s’agit du festival international du film d'amour et le film La Mandoline du Capitaine Correli et du Festival du Film Francophone de Namur avec le film Le Vélo de Ghislain Lambert. Les Amis des Aveugles a contacté Belgafilms pour obtenir l’autorisation d’audiodécrire le film K-Pax avant sa sortie, afin qu’il puisse être présenté, dans sa version audiodécrite, en avant-première mondiale à Imagibraine.

Quant à la seconde ASBL, elle organisait des séances dans le complexe cinématographique Churchill (situé à Liège), du groupe Les Grignoux. Pour se faire, La Lumière faisait appel à l’AVH. A cause des coûts trop élevés, les projections sont tombées en désuétude, faisant de l'audiodescription une pratique inexistante en Belgique jusqu'à 2007.

En effet, en septembre 2007, une formation à l'audiodescription a été rendue possible grâce aux Fonds Elia[16]. Celle-ci est organisée par l'ABCD[17] et l'ONA[18], et vise à apprendre à 12 futurs traducteurs d'image les rudiments de l'audiodescription. L'apprentissage arrivera à terme en octobre 2008. La longueur du projet est principalement due au caractère bénévole de la démarche, contrairement à ce qui se fait en France ou au Royaume-Uni, où il existe des programmes académiques, et où les audiodescripteurs officient de manière professionnelle.

En 1995, l’association flamande Blindenzorg Licht en Liefde[19] [Association d’aveugles Lumière et Amour] a d’abord eu des contacts avec Markus Weiss, attaché au RNIB. La même année, un épisode de Langs de kade [Le long du quai], ainsi qu’une pièce, Driekoningenavond [La nuit des rois, Shakespeare], ont été audiodécrits. Pour la pièce, cela a eu lieu au City Theatre d’Anvers.

En 2006, le 16 janvier, après une période d’accalmie, une autre expérience a été menée à Bruxelles : un épisode de F.C. De Kampionen [Football Club Les Champions] a été audiodécrit pour un public de 120 mal et non voyants. En octobre, lors du Ghent International Film Festival, le film flamand De Zaak Alzheimer [L’affaire Alzheimer] (Van Looy, 2003) a été présenté dans sa version audiodécrite.

En France

Les précurseurs en France sont Maryvonne Simoneau-Joërg (maître de conférences à l’École supérieure d'interprètes et de traducteurs, Sorbonne, Paris III), son frère Jean-Yves Simoneau ainsi que Marie-Luce Plumauzille. Ils ont été invités à suivre la formation prodiguée par August Coppola, qui voulait que la France soit le premier pays européen à développer la technique de l’audiodescription.

En France, ainsi qu'au Canada, on trouve souvent le terme "Audiovision". Il s'agit d'une marque appartenant à l'Association Valentin Haüy. Le procédé existe depuis 1989 et a permis de doubler quelques 200 films[20] et une centaine de pièces de théâtre.

Depuis 1995, la chaîne de télévision Arte[21], diffuse régulièrement des productions audiodécrites, accessible par le télétexte pour les personnes équipées d'un récepteur Nicam.

A ce jour, il n'existe pas encore de guidelines (recommandations) en français.

Pour le théâtre, deux grandes organisations font de l'audiodescription théâtrale :

  1. l'AVH[22], qui utilise la technique en semi-direct ;
  2. Accès culture[23], qui préfère la technique avec MiniDisc.
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