🦕 Quand les dinosaures ont oublié comment voler !

Dans l'est de la Chine, des fossiles de dinosaures appelés Anchiornis ont été découverts avec leurs plumes intactes. Ces spécimens, âgés de 160 millions d'années, offrent une occasion unique d'étudier l'anatomie des ailes de l'époque.

Les chercheurs se sont en particulier penchés sur un détail souvent négligé: la mue des plumes. Chez les oiseaux actuels, la manière dont les plumes sont remplacées peut indiquer si l'animal dépend du vol (explication en fin d'article). Un processus ordonné maintient la symétrie des ailes, alors qu'une mue irrégulière est typique des espèces incapables de voler. En examinant les fossiles, l'équipe a pu observer ce schéma.

Le Dr Yosef Kiat et ses collaborateurs ont analysé neuf fossiles d'Anchiornis. La préservation des plumes a permis d'identifier la structure des ailes et de nouvelles plumes en croissance. Leur étude montre un motif de mue désordonné, indiquant que ces dinosaures ne pouvaient pas voler, une interprétation basée sur des comparaisons avec les oiseaux actuels.


Cette observation nous renseigne sur le groupe des Pennaraptora, des dinosaures à plumes ancêtres des oiseaux actuels (voir ci-dessous). À l'instar des autruches ou des manchots contemporains, certains membres de cette lignée ont pu abandonner le vol suite à des changements dans leur environnement. Cela montre comment des adaptations peuvent être réversibles au cours du temps.

La recherche, publiée dans Communications Biology, démontre que l'évolution des ailes était plus diverse qu'on ne le pensait. Le simple détail de la mue des plumes permet de reconstituer des comportements fonctionnels chez des créatures anciennes, offrant une nouvelle perspective sur la faune préhistorique et ses capacités.

La mue des plumes chez les oiseaux

La mue est le processus par lequel les oiseaux remplacent leurs plumes usées. Elle est essentielle pour maintenir l'efficacité du vol ou de l'isolation thermique. Chez les espèces volantes, la mue se déroule de manière graduelle et symétrique pour ne pas compromettre la capacité de vol. En revanche, chez les oiseaux incapables de voler, comme l'autruche, la mue peut être plus aléatoire et moins organisée.

Ce phénomène est régulé par des facteurs hormonaux et environnementaux. La fréquence et le motif de mue diffèrent selon les espèces et leurs besoins. Par exemple, les oiseaux migrateurs synchronisent souvent leur mue avec leurs cycles de migration pour éviter de perdre des plumes importantes pendant le vol.

L'étude de la mue dans les fossiles, comme pour Anchiornis, permet aux paléontologues de déduire des traits fonctionnels. En comparant avec les oiseaux modernes, ils peuvent inférer si un dinosaure était capable de voler ou non. Cette approche offre un outil précieux pour reconstruire l'évolution des comportements et des adaptations.

Les Pennaraptora, un chaînon clé

Les Pennaraptora sont un groupe de dinosaures à plumes qui a émergé il y a environ 175 millions d'années. Ils incluent des espèces comme Anchiornis et sont considérés comme les ancêtres directs des oiseaux actuels. Ce lignage est le seul parmi les dinosaures à avoir survécu à l'extinction massive de la fin du Mésozoïque, il y a 66 millions d'années.

Ces créatures présentaient des caractéristiques transitionnelles, telles que des plumes complexes et des structures squelettiques adaptées au vol. Leur étude permet de retracer comment les traits aviaires, comme les ailes et le bec, se sont progressivement développés. Les fossiles de Pennaraptora, souvent bien préservés en Chine, fournissent des indications importantes sur cette évolution.

La diversité au sein des Pennaraptora indique que l'évolution n'était pas uniforme. Certaines espèces ont pu développer des capacités de vol primitives, tandis que d'autres les ont perdues en réponse à des pressions environnementales.