Une équipe de psychologues de l'Université de Manchester, au Royaume-Uni, en collaboration avec un collègue de l'Université Mohammed VI Polytechnique, au Maroc, a exploré comment la présence d'un partenaire influence le comportement des enfants lors de l'expérience du marshmallow.
Leur étude, publiée dans Royal Society Open Science, révèle des nuances inattendues dans la capacité des enfants à retarder la gratification.
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L'expérience du marshmallow menée à Stanford en 1970 par Walter Mischel évaluait la capacité des enfants à différer la gratification. Chaque enfant devait choisir entre manger un marshmallow immédiatement ou attendre quinze minutes pour en recevoir un deuxième. La majorité céda rapidement, tandis qu'environ un tiers patienta grâce à des stratégies comme se couvrir les yeux ou chanter. Cette aptitude à l'autocontrôle fut liée à de meilleurs résultats scolaires et une santé plus stable plus tard.
Cette expérience a marqué la psychologie en démontrant l'importance de la gratification différée. Les enfants qui attendaient une récompense plus importante montraient par la suite de meilleures compétences sociales et académiques. La nouvelle recherche revisite ces conclusions avec une approche moderne et interactive.
L'étude a été menée en ligne, avec des enfants placés dans des situations où ils devaient coopérer avec un partenaire inconnu. Contrairement aux expériences traditionnelles, les enfants pouvaient voir si leur partenaire promettait d'attendre ou semblait hésiter. Cette configuration a permis d'observer comment la confiance interpersonnelle affecte la patience.
Les résultats montrent que les enfants sont plus enclins à attendre une récompense supérieure si leur partenaire affirme également vouloir patienter. En revanche, l'incertitude du partenaire réduit cette tendance. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les plus jeunes, pour qui la promesse d'un pair a un impact significatif.
Cette recherche souligne l'importance du contexte social dans le développement de la maîtrise de soi. Les enfants ne prennent pas seulement des décisions basées sur leurs propres désirs, mais aussi en fonction des actions anticipées des autres. Cela ouvre de nouvelles perspectives sur l'apprentissage de la patience et de la coopération.
Les implications de ces découvertes sont vastes, notamment dans les domaines de l'éducation et du développement de l'enfant. Comprendre comment les interactions sociales influencent la gratification différée pourrait aider à concevoir des programmes éducatifs plus efficaces, favorisant des compétences essentielles pour la vie adulte.
L'étude offre ainsi un éclairage précieux sur les mécanismes psychologiques sous-jacents à la coopération et à la maîtrise de soi chez les enfants. Elle rappelle que nos choix sont souvent le reflet de notre environnement social, et non uniquement de notre volonté individuelle.