Observer un poisson glisser dans l'eau donne l'impression qu'il évolue dans un monde étranger au nôtre. Mais si nous avons besoin d'air pour vivre, comment ces animaux parviennent-ils à respirer sous la surface, là où nos poumons seraient inutiles ? La réponse tient dans un organe dont on a tous entendu parlé: les branchies.
Image d'illustration Pixabay
Contrairement aux mammifères terrestres, qui utilisent leurs poumons pour extraire l'oxygène de l'air, les poissons tirent cet oxygène directement de l'eau. Or, l'eau en contient beaucoup moins que l'air: environ 30 fois moins, et sous une forme dissoute. Pour réussir cette prouesse, les poissons font passer de grandes quantités d'eau sur une surface d'échange très fine et riche en vaisseaux sanguins: les lamelles branchiales.
Les branchies sont abritées de chaque côté de la tête, sous un opercule mobile. Lorsque le poisson ouvre la bouche, il laisse entrer l'eau, puis referme la bouche tout en ouvrant les opercules. L'eau circule alors sur les branchies, qui captent l'oxygène et rejettent le dioxyde de carbone. C'est l'équivalent de notre inspiration et expiration, mais adapté à un fluide beaucoup plus dense que l'air.
Ce système repose sur un principe très efficace: l'échange à contre-courant. Le sang des branchies circule dans la direction opposée à celle de l'eau, ce qui maximise la diffusion de l'oxygène vers le sang. Ce mécanisme permet au poisson d'extraire jusqu'à 80 % de l'oxygène dissous dans l'eau qu'il filtre, une performance bien supérieure à celle de nos poumons dans l'air.
Certains poissons disposent même d'adaptations supplémentaires. Les espèces vivant dans des eaux pauvres en oxygène, comme certains poissons de mangrove ou d'Amazonie, peuvent avaler de l'air et utiliser des organes proches des poumons, ou respirer par la peau. D'autres, comme les requins, doivent nager en permanence pour que l'eau circule sur leurs branchies.
La respiration aquatique n'est pas sans contraintes. Comme l'eau est beaucoup plus dense et visqueuse que l'air, pomper ce fluide demande plus d'énergie. C'est l'une des raisons pour lesquelles les poissons limitent souvent leurs déplacements rapides et alternent entre activité et repos.
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Ce mode de respiration a aussi des conséquences directes sur l'environnement des poissons: une eau trop chaude ou polluée peut contenir moins d'oxygène, ce qui stresse les populations marines. C'est pourquoi les changements climatiques et les rejets industriels peuvent affecter gravement la vie aquatique.
Au-delà de la biologie, la respiration des poissons inspire même les ingénieurs. Des systèmes de filtration d'eau et d'extraction d'oxygène pour les sous-marins se sont inspirés des branchies naturelles. La nature, encore une fois, avait trouvé la solution bien avant nous.
La prochaine fois que vous verrez un poisson ouvrir et fermer la bouche dans un aquarium ou en plongée, vous saurez qu'il n'est pas en train de "boire" l'eau, mais de réaliser un échange vital, adapté à un univers où l'air est invisible mais omniprésent.