Des signaux de fumée en provenance du trou noir super-massif de la Galaxie

Publié par Adrien le 23/03/2019 à 08:00
Source: CNRS-INSU
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Une équipe internationale impliquant des chercheurs du CEA et du CNRS, vient de découvrir l'existence de deux bulles de gaz chaud s'échappant jusqu'à des distances d'environ 500 années-lumière, de part et d'autre de l'environnement (L'environnement est tout ce qui nous entoure. C'est l'ensemble des éléments naturels et...) du trou noir massif situé au centre de notre Galaxie. Ces résultats sont publiés dans la revue Nature du 21 mars 2019.

Tout comme les messages des amérindiens transmis par des bulles de fumée visibles de loin, les "cheminées de gaz chaud" s'échappent de part et d'autre de l'environnement du trou noir massif situé au centre de notre galaxie, jusqu'à des distances d'environ 500 années-lumière. Ces bulles de gaz chaud, qui nous renseignent sur l'activité passé intense du trou noir et des régions centrales galactiques, viennent d'être découvertes par une équipe internationale dont fait partie le département d'astrophysique (L’astrophysique (du grec astro = astre et physiqui = physique) est une branche...) du CEA-Irfu et des chercheurs du CNRS.

Un monstre endormi

Les régions situées au centre de la Voie lactée (La Voie lactée (appelée aussi « notre galaxie », ou parfois...) représentent un véritable laboratoire pour l'astrophysique des hautes énergies (L’astrophysique des hautes énergies est la science qui étudie les objets astrophysiques...). Elles ont déjà fait l'objet de nombreuses études, notamment en rayons X, qui permettent de détecter les phénomènes les plus énergétiques de la région dont le gaz très chaud dans les environs immédiats du trou noir supermassif (En astrophysique, un trou noir supermassif est un trou noir dont la masse est d'environ un million...) Sagittarius A*, situé au centre de notre galaxie. Ce trou noir central, de plus de 4 millions de fois la masse du Soleil, est actuellement largement inactif. Jusqu'ici, il est responsable seulement d'un fort rayonnement (Le rayonnement, synonyme de radiation en physique, désigne le processus d'émission ou de...) d'ondes radio et d'une très faible émission de rayons X.

Pourtant, l'observation récente par le satellite gamma de hautes énergies Fermi de larges structures vers le centre galactique, baptisées "bulles de Fermi", laisse soupçonner une possible violente activité dans le passé.


Image en rayons X de basse énergie de la région autour du centre galactique, obtenue avec les données XMM-Newton entre 2016 et 2018, ainsi que des données d'archive [le code couleur indique l'énergie des rayons X détectés: rouge (1.5-2.6 keV), vert (2.35-2.56 keV) et bleu (2.7-2.97 keV)]. Les sources ponctuelles ont été masquées et apparaissent comme des cercles blancs. La région totale couvre une dimension (Dans le sens commun, la notion de dimension renvoie à la taille ; les dimensions d'une...) de 1 800 par 1 600 années-lumière) autour du trou noir massif Sgr A* au centre (marqué par un losange). Le plan de notre Galaxie est indiqué au milieu par la ligne horizontale (en pointillés blancs) ansi que la base des grandes "bulles de Fermi". Les deux ellipses blanches de part et d'autre ellipses (en pointillés) montrent les nouvelles structures en forme de cheminées mises en évidence par cette étude. © 'Ponti et al. Nature 2019, XMM-Newton

Des cheminées de gaz chaud

De 2016 à 2018, une équipe de chercheurs a mobilisé le satellite européen XMM-Newton pour établir une carte à grande échelle (La grande échelle, aussi appelée échelle aérienne ou auto échelle, est un...) de l'émission en rayons X de la région du centre de la galaxie. Cette équipe, composée d'astrophysiciens du département d'astrophysique du CEA-Irfu, du CNRS, du laboratoire Astroparticule et cosmologie (La cosmologie est la branche de l'astrophysique qui étudie l'Univers en tant que système...) de Paris (APC, CNRS/Université Paris Diderot/CEA/Observatoire de Paris) et de l'Institut de planétologie (La planétologie est la science de l'étude des planètes. La discipline recouvre de nombreuses...) et d'astrophysique de Grenoble (IPAG, CNRS/Université Grenoble Alpes) avec le soutien du Centre national d'études spatiales (CNES), ont établi près de cinquante nouvelles observations sur une durée de plusieurs dizaines d'heures. Ces dernières se sont jointes aux observations déjà acquises par le satellite, en orbite depuis près de vingt ans, et ont permis d'aboutir à une image spectaculaire.

La carte de l'émission en rayons X couvre une région de 1800 par 1500 années-lumière à la distance du centre galactique. Elle a révélé l'existence de véritables "cheminées" de gaz, deux structures en forme de cylindres, qui semblent remplies d'un gaz très chaud à des températures de plusieurs millions de degrés, et s'échappant de part et d'autre du centre de la galaxie. Ces cheminées culminent jusqu'à une hauteur d'environ 500 années-lumière, perpendiculairement au-dessus du plan galactique, exactement dans l'axe des bulles de Fermi.


En haut: image du plan galactique en lumière visible. Au centre de l'image, le centre de la Galaxie abritant le trou noir (Le Trou noir (The Black Hole) est un film de science-fiction réalisé par Gary Nelson,...) massif est totalement obscurci par les poussières.En bas: image de la Galaxie observée en rayons gamma de très hautes énergies par le satellite Fermi. Du centre de la Galaxie de part et d'autre du plan galactique, deux grandes zones d'émission baptisées "bulles de Fermi" (soulignées par les ellipses) ont été découvertes en 2010. © Fermi/Nasa

Pour Andrea Goldwurm, du Département d'Astrophysique du CEA au laboratoire Astroparticule et cosmologie de Paris, et co-auteure de cette étude: "L'hypothèse la plus convaincante est que les cheminées de gaz chaud que nous avons découvertes pourraient être le canal qui transporte l'énergie de la région active du centre de la Galaxie vers l'extérieur, alimentant ainsi les bulles de Fermi, comme le suggère leur morphologie."

Néanmoins, le lien immédiat avec le trou noir super-massif n'est pas totalement éclairci, comme le rappelle Maïca Clavel, chercheure CNRS à l'Institut de planétologie et d'astrophysique de Grenoble et co-auteure de cette publication: "Bien que ce lien ne puisse pas être entièrement exclu, en raison de l'intermittence probable de l'injection d'énergie provenant des régions centrales, la carte de l'émission radio du trou noir n'appuie pas directement l'idée que les cheminées sont une continuation (En informatique, la continuation d'un système désigne son futur, c'est-à-dire la...) des lobes radio internes."

En dehors du trou noir massif, le centre de la galaxie est en effet très riche en étoiles. Il ne peut être exclu que l'explosion en chaine d'étoiles (supernovae) ou qu'un vent de particules issu d'étoiles très massives, soit également une source d'énergie importante alimentant le gaz chaud des cheminées.

Néanmoins, le lien établi entre les cheminées de gaz découvertes par XMM et les grandes bulles de Fermi est un indice important démontrant que l'activité du centre de notre galaxie été très intense dans le passé, il y a seulement quelques millions d'années. Le trou noir central est plus que jamais sous surveillance.
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