Le VIH favorise sa dissémination en reprogrammant les capacités migratoires des macrophages

Publié par Adrien,
Source: CNRS-INSBAutres langues:
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L'équipe d'Isabelle Maridonneau-Parini à l'Institut de pharmacologie et de biologie structurale, révèle que l'infection des macrophages par le VIH reprogramme, par l'action de la protéine virale Nef, leur capacité migratoire in vitro et in vivo. Chez la souris, l'infiltration tissulaire des macrophages favorisée par l'expression de Nef suggère une stratégie de dissémination du virus. La mise en évidence de l'activation par Nef de la kinase Hck, spécifique des macrophages, permet de proposer cette interaction comme une nouvelle cible pharmacologique pour limiter la dissémination du VIH chez les patients. Cette étude est publiée dans la revue Blood.

Les macrophages sont des cellules du système immunitaire ciblées par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) de type 1 qui survivent à l'infection. De ce fait, ces cellules constituent des réservoirs viraux persistants, qui restent toutefois peu étudiés dans le contexte de l'infection par le VIH.


Figure: Images de microscopie électronique à balayage permettant de visualiser des macrophages humains déposés à la surface de matrices extracellulaires denses. Les macrophages infectés par le VIH (image de droite) sont beaucoup plus aptes que les macrophages non-infectés (image de gauche) à faire des trous (tête de flèche blanche) dans la matrice extracellulaire.

© R. Poincloux et C. Vérollet, IPBS.

L'équipe "Migration et différenciation des phagocytes", dirigée par Isabelle Maridonneau-Parini, étudie les mécanismes utilisés par le VIH pour moduler les fonctions des macrophages et les effets de l'infection virale sur leur migration. Elle a acquis une position de leader dans le domaine de la migration des macrophages à travers des environnements en trois dimensions et mis en évidence le rôle des podosomes, structures capables d'adhérer et de dégrader les matrices extracellulaires, dans la migration de ces cellules à travers les environnements les plus denses.

Des expériences d'infection par le VIH de macrophages humains ont été menées au sein du laboratoire de niveau de confinement 3 de la plate-forme BIVIC de l'Hôpital de Purpan à Toulouse. Ceci a permis de démontrer que le VIH reprogramme les capacités migratoires des macrophages en favorisant un mode migratoire permettant l'infiltration de tissus denses et en réduisant un mode utilisé dans des environnements poreux. L'équipe d'Isabelle Maridonneau-Parini, en collaboration avec les équipes de S. Benichou (Institut Cochin, Paris), O. Fackler (University of Heidelberg, Germany) et P. Jolicoeur (Université de Montréal, Canada), a mis en évidence que la protéine virale Nef est responsable de cette reprogrammation de la migration. In vivo chez la souris, ceci se traduit par une infiltration tissulaire accrue de macrophages exprimant Nef. Nef agit notamment sur les podosomes et sur des protéines du macrophage précédemment identifiées par l'équipe d'Isabelle Maridonneau-Parini comme des régulateurs de la migration, telles que la tyrosine kinase Hck (Hematopoeitic cell kinase) et WASP (Wiskott-Aldrich Syndrome protein). Ceci permet de proposer que le virus favorise sa dissémination chez l'hôte en modifiant les capacités migratoires des macrophages.

Le contrôle de l'infiltration des macrophages pourrait ainsi constituer une approche thérapeutique originale pour inhiber la propagation du virus dans les tissus. Dans ce contexte, l'interaction Nef/Hck représente une cible pharmacologique potentielle pour limiter la dissémination du VIH chez les patients.
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