L'exposition au plomb, notamment par les gaz d'échappement des voitures, aurait des conséquences bien plus profondes qu'on ne le pensait.
De récentes recherches suggèrent qu'elle serait responsable de centaines de millions de troubles psychiatriques à travers le monde, affectant particulièrement les générations ayant vécu avant la fin de l'usage de l'essence au plomb. Mais comment un simple élément chimique a-t-il pu marquer à ce point notre santé mentale ?
Le plomb est un neurotoxique puissant, capable de détruire des cellules cérébrales et d'altérer la fonction cognitive. Une étude menée par des chercheurs de Duke et de l'Université d'État de Floride révèle que l'exposition à ce métal lourd pendant l'enfance pourrait avoir des effets durables sur la
santé mentale des adultes, en particulier ceux nés entre les années 1966 et 1986.
Au cœur de l'étude se trouve l'idée que l'introduction du plomb dans l'essence en 1923 n'a pas seulement eu pour effet d'améliorer la performance des moteurs, mais aussi d'exposer des générations entières à des niveaux de plomb dangereux. Malgré l'interdiction de cette substance dans l'essence, les traces de cette toxicité continuent d'affecter des millions d'individus.
Les chercheurs ont estimé que l'exposition au plomb, notamment par les gaz d'échappement, serait à l'origine de 151 millions de cas de troubles mentaux sur le seul territoire des États-Unis. Anxiété, dépression, TDAH, voire altérations de la personnalité sont parmi les conséquences les plus graves relevées. Pour comprendre l'ampleur du phénomène, l'équipe a analysé des
données historiques sur les niveaux de plomb dans le sang des enfants américains de 1940 à 2015.
L'impact du plomb ne s'arrête pas aux maladies psychiques. Le métabolisme du plomb perturbe les fonctions cérébrales essentielles au développement de l'enfant. Cela entraîne des effets non seulement sur l'intelligence, mais aussi sur la personnalité et les comportements des individus exposés.
Une des conclusions marquantes de l'étude est que la génération la plus affectée par cette pollution est celle de la génération X, les personnes nées entre 1966 et 1986. Ces derniers ont vécu dans un contexte où les niveaux de plomb étaient particulièrement élevés. En conséquence, cette génération aurait été particulièrement vulnérable à des troubles mentaux et comportementaux.
Pourtant, l'exposition au plomb ne se limite pas à l'essence. Le métal était aussi présent dans les peintures, les canalisations, et certains produits de consommation courante, ce qui a accentué les risques sanitaires à grande échelle. Ces découvertes mettent en
lumière les effets pernicieux d'un contaminant longtemps sous-estimé.
L'enquête rappelle également l'importance de surveiller les sources d'exposition actuelles. Bien que l'essence au plomb soit désormais interdite, de nombreuses vieilles infrastructures contiennent encore ce métal lourd, ce qui demeure une menace, notamment dans les maisons anciennes.
Les chercheurs insistent sur la nécessité de comprendre les effets à long terme du plomb pour protéger les générations actuelles. Ils soulignent l'urgence de renforcer la prévention et la surveillance des risques liés à l'exposition à ce métal, pour éviter qu'il n'engendre encore plus de problèmes de santé publique.