Racine de l'unité - Définition

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En mathématiques, étant donné un nombre entier naturel non nul n, une racine n-ième de l'unité (parfois appelée nombre de de Moivre du nom d'Abraham de Moivre) est un nombre complexe dont la puissance n-ième vaut 1. Pour un entier n donné, toutes les racines n-ième de l'unité sont situées sur le cercle unité et sont les sommets d'un polygone régulier à n côtés ayant un sommet d'affixe 1.

L'expression " racine n-ième " n'a pas valeur de norme, elle provient de l'habitude qu'ont les mathématiciens, souvent, de nommer un entier naturel n. Si l'entier en question est noté p, on parlera de " racine p-ième ", etc.

Définition

Pour un entier naturel non nul n donné, on appelle racine n-ième de l'unité toute solution complexe de l'équation

z^n=1\,

d'inconnue z. Il existe exactement n racines n-ièmes de l'unité. Les racines n-ièmes de l'unité forment un groupe cyclique d'ordre n pour la multiplication des nombres complexes avec 1 comme élément neutre.

Chaque racine du groupe a pour ordre l'entier d défini comme le plus petit entier strictement positif tel que z^d=1\,. L'ordre d de la racine est un diviseur de n. Une racine n-ième de l'unité est dite primitive quand elle est d'ordre exactement n, c'est-à-dire quand c'est un générateur de ce groupe cyclique.

Exemples

Les racines troisièmes (ou cubiques) de l'unité sont

\left\{ 1, \frac{-1 + i \sqrt{3}}{2}, \frac{-1 - i \sqrt{3}}{2} \right\}

Les racines primitives troisièmes de l'unité sont

\left\{ \frac{-1 + i \sqrt{3}}{2}, \frac{-1 - i \sqrt{3}}{2} \right\}

La première est habituellement notée j et la seconde, son conjugué, \bar{j}.

Les racines quatrièmes de l'unité sont

\left\{ 1, +i, -1, -i \right\}

Les racines primitives quatrièmes de l'unité sont

\left\{ +i, -i \right\}

Propriétés

Expression complexe

Le racines n-ièmes de l'unité peuvent s'écrire sous la forme

e^{\frac{2 k \pi i} {n}}=\cos\left(\frac{2k \pi}{n}\right) +i\sin\left(\frac{2k \pi}{n}\right) \qquad (k,n \in \mathbb{N}  \mbox{ et } 0\le k < n)

Lorsque l'entier n est supérieur ou égal à 2, la somme de ces nombres est égale à 0, un fait simple qui est souvent utile en mathématiques. Il peut être démontré de différentes manières, par exemple en reconnaissant une somme d'une progression géométrique.

Les racines primitives n-ièmes de l'unité sont exactement les nombres de la forme e^{\frac{2k i \pi}{n}}k et n sont premiers entre eux. Par conséquent, il y a \varphi(n)\, racines primitives n-ièmes de l'unité différentes, où \varphi\, désigne la fonction φ d'Euler.

Polygones réguliers

Dans le plan complexe, les points dont les affixes sont les racines n-ièmes de l'unité sont les sommets du polygone régulier à n côtés inscrit dans le cerlce de centre O (le point d'affixe zéro) et de rayon 1.

L'étude de ces nombres, grâce aux puissants outils de l'algèbre, facilite donc celle, beaucoup plus ancienne, des polygones réguliers.

Polynôme cyclotomique

Article détaillé: Polynôme cyclotomique

Les racines n-ièmes de l'unité sont précisément les racines du polynôme P(X)=X^n-1\,. Les racines primitives n-ièmes de l'unité sont exactement les racines du polynôme d'indice n suivant :

\Phi_n(X) = \prod_{k=1}^{\varphi(n)}(X-z_k)\;

z_1, \ldots, z_{\varphi(n)}\, sont les racines primitives n-ièmes de l'unité et \varphi(n) la fonction indicatrice d'Euler. Le polynôme \Phi_n(X)\, a des coefficients entiers et est irréductible sur l'ensemble des rationnels (c’est-à-dire qu'il ne peut pas être écrit comme produit de deux polynômes de degré strictement positif à coefficients rationnels). Le cas particulier où n est premier, plus simple que le cas général, se déduit du critère d'Eisenstein (effectuer le changement de variable X = T+1, alors \quad\Phi_n(X)=((T+1)^n-1)/T se traite immédiatement par le critère d'Eisenstein).

Chaque racine n-ième de l'unité est une racine primitive d-ième de l'unité pour exactement un diviseur positif de n. Cela implique que

X^n - 1 = \prod_{d|n} \Phi_d(X).\;

Cette formule représente la décomposition du polynôme X^{n} - 1\, en produits de facteurs irréductibles et peut également être employée pour calculer récursivement les polynômes cyclotomiques. Par ailleurs elle permet récursivement de prouver que les polynômes cyclotomiques sont à coefficients entiers et unitaires (la division de \quad X^n - 1 par un polynôme à coef. entiers et unitaire donne bien un quotient également à coefficients entiers et unitaire.

Corps cyclotomiques

Article détaillé: Polynôme cyclotomique

En adjoignant une racine primitive n-ième de l'unité à \mathbb{Q}, nous obtenons le corps n-cyclotomique \mathbb{F}_n. Ce corps contient toutes les racines n-ièmes de l'unité et est le corps de décomposition sur \mathbb{Q} du polynôme cyclotomique d'indice n. L'extension de corps \mathbb{F}_n/\mathbb{Q} est de degré \varphi(n) et son groupe de Galois est naturellement isomorphe au groupe multiplicatif des inversibles de l'anneau \mathbb{Z}/n\mathbb{Z}.

Comme le groupe de Galois de \mathbb{F}_n/\mathbb{Q} est abélien, c'est une extension abélienne. Tout sous-corps d'un corps cyclotomique est une extension abélienne du corps des nombres rationnels. Dans ces cas, la théorie de Galois peut être écrite tout à fait explicitement en termes de périodes gaussiennes : cette théorie tirée du Disquisitiones Arithmeticae de Gauss fut publiée beaucoup d'années avant la théorie de Galois.

Réciproquement, chaque extension abélienne du corps des nombres rationnels est un sous-corps d'un corps cyclotomique - un théorème de Kronecker, habituellement appelé le théorème de Kronecker-Weber parce que Weber en a établi la démonstration.

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