Konrad Lorenz - Définition

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Introduction

Konrad Zacharias Lorenz
Konrad Lorenz.JPG
Biographie
Naissance : 7 novembre 1903
Décès : 27 février 1989
Nationalité : autrichien
Vie universitaire
Formation : Vienne
Titres : Prix Nobel de physiologie ou médecine (1973)
Approche disciplinaire : globale
Principaux travaux
éthologie

Konrad Zacharias Lorenz (Vienne, 7 novembre 1903 - Vienne, 27 février 1989), plus connu sous le nom de Konrad Lorenz, est un biologiste et zoologiste autrichien titulaire du prix Nobel. Lorenz a étudié les comportements des animaux sauvages et domestiques. Il a écrit de fameux livres tels que Il parlait avec les mammifères, les oiseaux et les poissons ou L'Agression, une histoire naturelle du mal.

Biographie

Fiche d'identifiant Konrad Lorenz en 1944

Il fait des études de médecine et à trente-quatre ans, il enseigne la psychologie animale et l'anatomie comparée à Vienne pendant trois ans. En 1940, il devient professeur à l'université de Königsberg où il occupe la chaire d'Emmanuel Kant.

Il est mobilisé en 1941 dans l'armée comme médecin psychiatre auprès des soldats allemands souffrant de chocs traumatiques. Il est fait prisonnier par les Russes en 1942 et déporté en Arménie soviétique jusqu'en 1948. Dans ses travaux ultérieurs, Lorenz se servira de cette expérience (enthousiasme nationalisme et constats des dégâts du lavage de cerveaux chez les allemands nazifiés et les russes communisés) pour élaborer une critique des dérives de l'instinct d'agression chez l'homme. De 1949 à 1951, il dirige l'institut d'éthologie comparée d'Altenberg puis l'Institut Max Planck de physiologie comportementale (un des 80 instituts de recherche de la Société Max Planck) de Buldern (1951-1954) puis celui de Seewiesen (Bavière) (1954). Il reçoit en 1973, conjointement avec Karl von Frisch et Nikolaas Tinbergen, le prix Nobel de physiologie ou médecine pour leurs découvertes concernant «l'organisation et la mise en évidence des modes de comportement individuel et social»; il s'agit du seul prix Nobel jamais remis à des spécialistes du comportement. Leurs travaux constituent les fondements d'une nouvelle discipline de la biologie : l'éthologie.

À la fin de sa vie, Lorenz, proche des mouvements écologistes et anti-nucléaires, consacre sa recherche à une réflexion humaniste sur le devenir de l'humanité. Il est décédé le 27 février 1989.

Généalogie et parenté

Le Père de Konrad Lorenz

Adolf Lorenz est né à Silésie, petite ville de l'Autriche à l'époque. Fils d'un bourrelier, il connut une enfance difficile et souffrit de la pauvreté. Malgré ses origines modestes, il devint anatomiste puis chirurgien. L'utilisation répétée du phénol, utilisé comme antiseptique à l'époque, lui brûla les mains. À l'age de trente ans il réorienta sa carrière et devint orthopédiste, il ouvrit un cabinet à Vienne, se maria et découvrit le village d'Altenberg lors de son voyage de noces.

Pratiquant toujours des opérations ouvertes (il utilisait désormais de l'alcool à la place du phénol), il développa une nouvelle technique pour le traitement du déboîtement congénital de la hanche. Chirurgien à la popularité croissante, il acheta une maison paysanne à Altenberg (Basse-Autriche) puis acheta progressivement des parcelles de terrain et agrandit son domaine. La maison d'Altenberg devint la maison natale de leur premier fils, Albert.

À l'approche de la cinquantaine, il devint une sommité dans son domaine. Il fit alors fortune en se déplaçant aux États-Unis pour opérer la fille d'un riche industriel (Armour). Il obtint près d'un million de dollars pour ses honoraires. Il devint alors une véritable célébrité médicale, invité partout à faire la démonstration de sa méthode. C'est à cette époque, vingt ans après la naissance d'Albert, que naquit Konrad.

Il perdit entièrement sa fortune dans la crise monétaire qui secoua l'Autriche et l'Allemagne pendant la première guerre mondiale. Il refit fortune après la guerre, puis reperdit tout pendant la crise monétaire mondiale de 1929. Seul le manoir d'Altenberg, bien que dévalisé trois fois, resta toujours une propriété familiale. Konrad ne conserva que très peu de souvenirs de ces années de privation.

Adolph Lorenz fut sélectionné pour le prix Nobel et, à la demande du comité, il leur communiqua l'ensemble de ses travaux concernant l'opération à la hanche sans hémorragie. Malheureusement, il manqua le prix par une seule voix.

Adolf Lorenz raconte sa vie dans une autobiographie : La Recherche du Gant Perdu.

La Mère de Konrad Lorenz

Emma Lecher, fille de bonne famille mais sans fortune, était également médecin et assistante du docteur Adolf Lorenz. Elle accoucha difficilement de Konrad à l'âge de quarante-deux ans, elle reçut congé de son travail d'assistante durant les cinq années préscolaires de Konrad.

Le frère de Konrad Lorenz

Albert Lorenz suivit les traces de son père et devint chirurgien orthopédiste. Il survécu à deux guerres et à quatre mariages, il mourut à plus de quatre-vingts ans.

La femme de Konrad Lorenz

Margarethe Gebhardt (Gretl) est l'amie d'enfance intime de Konrad qui partagea ses jeux et son attrait pour le monde animal. Son père maraîcher à Saint-Andréa (village adjacent d'Altenberg) était un autodidacte possédant une bibliothèque bien garnie, contrairement à celle du père de Konrad. Elle termina des études de médecine et se maria avec Konrad en 1927, l'année de la première publication de celui-ci : Observation sur les choucas, publiée dans le journal d'ornithologie de Leipniz. En fait, c'est elle avec un ami, Bernhard Hellmann, qui tapa à la machine le travail de Konrad et le posta à Berlin au grand spécialiste du comportement Oskar Heinroth. C'est donc grâce à sa femme que débuta sa carrière de scientifique.

Ses études

À l'âge de six ans il débuta sa scolarité primaire dans une école privée, financée par un riche maître-boulanger viennois (Mendel) et dirigée par une de ses tantes qui y était institutrice.

À onze ans, il entra au réputé lycée Schotten à Vienne, il y étudia, pour commencer, la chimie, la physique et l'histoire. Il termina sa formation comme pensionnaire et il étudia les matières classiques traditionnelles et les sciences, particulièrement la biologie.

En 1922, son père décida de l'envoyer étudier la médecine à New York, à l'université de Colombia. Il y rencontra, par hasard, le professeur Thomas Hunt Morgan, le père de la génétique moderne et eut le privilège d'observer son premier chromosome dans son microscope. Après un seul trimestre, il décida de rentrer à Vienne.

Il étudia la médecine à l'université de Königsberg et apprit l'anatomie comparative avec le professeur Ferdinand Hochstetter. Hochstetter qui était directeur de l'institut d'anatomie, lui enseigna aussi la phylogénétique comparative, c'est-à-dire, comment reconstruire l'arbre généalogique des espèces à partir des similarités et des différences anatomiques. Hochstetter fit de Konrad son démonstrateur en anatomie, l'année même où Gretl (sa future épouse) débuta sa médecine; il devint alors son instructeur.

En 1928, il obtint le titre de docteur en médecine bien qu'il n'eût aucunement l'intention d'en faire sa profession. Il devint alors assistant de Hochstetter et son travail avec celui-ci se termina à peine quelques années plus tard quand le vieil homme prit sa retraite. Lorenz ne s'entendit pas avec son successeur et décida alors d'étudier la zoologie. En 1933, lors de son second doctorat, il soutint une longue thèse qu'il avait déjà publiée sur le vol des oiseaux et à l'adaptation des différentes formes d'ailes. Fait anecdotique, il soutint sa thèse devant un professeur ne l'ayant jamais lu et qui était très attaché aux idées existantes. Il donna donc les réponses que le professeur attendait, il ne voyait pas la nécessité d'aller à contre-courant.

Sa recherche

Nikolaas Tinbergen (gauche) et Konrad Lorenz (droite), 1978

Le professeur Hochstetter considéra Lorenz comme un pionnier de l'application de ses propres méthodes à un nouveau domaine. Ce fait est également rapporté par Lorenz lui-même dans plusieurs de ses livres. L'idée principale consiste à appliquer les méthodes de l'anatomie comparative, développées par Hochstetter, à l'analyse du comportement animal.

Chaque espèce animale développe une gamme propre de comportements individuels ou sociaux. Pour l'éthologue, la connaissance du comportement animal débute par sa description, cependant, cette connaissance doit s'enrichir par des tentatives visant à expliquer le comportement. On appelle éthogramme l'ensemble des formes stables de comportement recensées dans une espèce animale. On peut les classer en quatre catégories :

  • la dimension de causalité immédiate : réaction à un stimulus.
  • la dimension ontogénétique : le comportement inné et programmé.
  • la dimension phylogénétique : les différences et ressemblances entre espèces.
  • la dimension adaptative, ou fonctionnelle : les facteurs extérieurs qui ont généré un comportement.

Les concepts fondamentaux qu'il apporta à l'éthologie sont les actions endogènes, les mécanismes innés de déclenchement, d'activités de substitution et d'Empreinte...

De son point de vue d'éthologue, Konrad Lorenz a aussi étudié le rite qu'il interpréta comme une forme adaptative qu'une culture donne à l'agressivité individuelle de ses membres pour circonscrire ses effets désordonnés et indésirables et a contrario valoriser sa contribution à la conservation du groupe.

Konrad Lorenz a passé une grande partie de sa vie à l'étude des oies cendrées, réalisant alors le travail le plus complet à l'heure actuelle sur cette espèce.

Controverse sur son affiliation nazie

Konrad Lorenz fut un partisan nazi, comme la majorité des citoyens de la grande Allemagne de l'époque, et il possédait en 1938 sa carte de membre du parti nazi (Parti national-socialiste des travailleurs allemands) comme plusieurs millions de concitoyens (plus de quatre millions dès 1933). Il fut également mobilisé lors de la guerre germano-soviétique et envoyé sur le front de l'est. Par contre, selon ses dires, il ne prit conscience des atrocités commises par le nazisme qu'« étonnamment tard ». Ce fut vers 1943-44, près de Poznan, lorsqu'il vit des trains de détenus tziganes à destination des camps de concentration. C'est seulement alors qu'il comprit, dans toute son horreur, la « totale barbarie des nazis ». Lorenz a longtemps porté la honte nationale sur ses épaules.

La controverse sur l'affiliation de Konrad Lorenz au parti nazi prit naissance lors de sa nomination pour le prix Nobel. Cette controverse porta sur un article publié dans le Journal de psychologie appliquée et d'étude du caractère (Zeitschrift für angewandte Psychologie und Charakterkunde) en 1940, « Désordres causés par la domestication du comportement spécifique à l'espèce » (Durch Domestikation verursachte Störungen arteigenen Verhaltens). Cet article, dont jamais Lorenz ne se cacha, qu'il cita abondamment et dont il reprit les idées dans la plupart de ses livres, développe le concept de l'auto-domestication de l'homme, soit le fait que la pression de sélection de l'homme par l'homme a conduit à une forme de dégénérescence de l'espèce humaine dont les plus touchées sont les races occidentales. Les souches primitives étant celles qui ont été épargnées par cette dégénérescence.

Il s'agit d'un article foncièrement anti-suprémacisme aryen, cette publication lui retira toute possibilité d'une carrière politique et signa son abandon de tout contact avec la vie politique. Il dit à ce propos :

« L'essai de 1940 voulait démontrer aux nazis que la domestication était beaucoup plus dangereuse que n'importe quel prétendu mélange de races. Je crois toujours que la domestication menace l'humanité ; c'est un très grand danger. Et si je peux réparer, rétrospectivement, l'incroyable stupidité d'avoir tenté de le démontrer aux nazis, c'est en répétant cette même vérité dans une société totalement différente mais qui l'apprécie encore moins. »

Ce fut le style pro-nazi de cet article, adoptant un ton délibérément politique et non scientifique, publié dans un contexte de haine raciale que les détracteurs de Lorenz soulevèrent. La remise du prix Nobel à Lorenz entraîna un grand remous dans la communauté des sciences humaines, en particulier au sein de l'école de behaviorisme américain. En effet, le long combat que Lorenz fit contre les théories de cette école, en ce qui concerne les comportements innés et acquis, lui procura beaucoup d'ennemis. Remarquons, entre autres, l'article de Lehrman dans Quarterly Review of Biology : « Une critique de la théorie du comportement instinctif de Konrad Lorenz » citant le caractère et les origines « nazis » des travaux de celui-ci.

La controverse au sujet de l'article de 1940 prit véritablement racine après la publication dans Sciences en 1972 d'un discours prononcé au Canada par Léon Rosenberg, de la faculté de médecine de Harvard, et la publication par Ashley Montagu, un anthropologue opposé à la théorie des instincts de l'homme de Lorenz, de la conférence d'Eisenberg : « La Nature humaine de l'homme ». Dans cette conférence, l'article de 1940 est critiqué comme s'il s'agissait d'un article à caractère scientifique et actuel. Il s'agit d'une demi-page (sur plus de 70) des pires passages politiques cités hors contextes et se terminant par : « Nous devons - et nous le ferons - compter sur les sentiments sains de nos meilleurs éléments pour établir la sélection qui déterminera la prospérité ou la décadence de notre peuple… ». Si cette dernière proposition semble prôner un eugénisme nazi, l'affirmation que les meilleurs éléments ne soient pas nécessairement aryens et donc que certains Aryens devraient céder leur place à des représentants d'autres races, était totalement suicidaire à l'époque.

Les médias s'emparèrent de ce scandale et le montèrent en épingle. Lorenz fut alors présenté comme un partisan pro-nazi. Comble de malheur, il accepta innocemment le Prix Schiller qui lui avait été proposé par un vieux membre conservateur de l'Académie bavaroise des sciences. Lorenz apprit trop tard que ce prix provenait d'un groupe néo-nazi. Complètement dégoûté et horrifié, il prétexta être alité et envoya son fils Thomas et son ami Irenäus Eibl-Eibesfeldt annoncer que les 10 000 marks de ce prix seraient versés au compte de Amnesty International. Finalement, l'argent du prix ne fut jamais versé.

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