On considère à présent quatre conditions d’habitabilité: la présence d’eau liquide, une source d’énergie (comme la tectonique des plaques ou les forces des marées), la présence de nutriments comme les 6 éléments chimiques majoritaires chez les êtres vivants, et enfin, un environnement stable. De plus, l’existence d’un champ magnétique s’avère importante pour protéger la vie du vent solaire qui détruit les atmosphères.
Dessin d'artiste d'Europe (au premier plan), de Jupiter (à droite) et de Io (au milieu)
© NASA/JPL-Caltech
Pour un grand nombre de scientifiques, Europe est la meilleure chance de trouver de la vie dans le Système solaire. Sur la surface glacée, on aperçoit un réseau de fissures qui sont vraisemblablement des résurgences d’eau, comme on en voit en Arctique. Des geysers jaillissent de temps à temps. Ces observations suggèrent la présence d’un océan d’eau liquide souterrain mais proche de la surface, et possiblement en contact avec le coeur silicaté. Si les très fortes radiations de Jupiter exterminent toute forme de vie ou de précurseur à sa surface, ne peut-on espérer trouver sous la surface des écosystèmes comme ceux des sources hydrothermales de nos océans, qui s’avèrent grouiller de vie malgré des conditions inhospitalières ?
Les observations du télescope Hubble ont permis de montrer que certaines régions reflétaient une composition dominée par du chlorure de sodium, ce qui suggère justement une circulation hydrothermale ! La sonde Europa Clipper en effectuera une reconnaissance détaillée afin de déterminer les caractéristiques de son océan et son niveau d'habitabilité. Elle étudiera également les panaches de vapeur d’eau. S'ils sont liés à l'océan interne d'Europe, on pourra en savoir plus sur la composition chimique de l'environnement d'Europe sans avoir à forer à travers des couches de glace.
Ganymède, le plus gros satellite naturel du système solaire, est la cible principale de la mission spatiale Juice. Son champ magnétique induit témoigne de la présence à l’intérieur d’un milieu conducteur qui pourrait être un océan d’eau liquide, d’un volume bien supérieur à celui des océans terrestres et piégé entre deux couches de glace. Ce champ magnétique interagissant avec la magnétosphère jovienne produit des aurores., dont les faibles oscillations confortent la théorie de l’océan souterrain. Juice devra donc mesurer avec précision les caractéristiques de l’océan et du champ magnétique de Ganymède.
Ganymède, le satellite de Jupiter, vu par la sonde Galileo de la NASA.NASA/JPL
Athéna Coustenis, chercheuse CNRS au Laboratoire d'études spatiales et d'instrumentation en astrophysique (LESIA - Observatoire de Paris)
Tutelles: CNRS/Observatoire de Paris.
Source: CNRS INSU