S'il y a bien quelque chose qui peut se rapprocher du "néant", c'est l'imaginaire. Paradoxalement, l'imaginaire ouvre vers l'infini des possibles mais tout cela se passe dans un cadre où rien ne peut se créer. La plupart de notre vécu se passe dans l'imaginaire.
La réalité, elle a une particularité, c'est qu'elle résiste et gagne toujours face à l'imaginaire. Quand on rencontre la réalité (et c'est pas si fréquent), on s'y cogne et on le ressent clairement. La réalité trouve ainsi une mesure par l'expérimentation : ce qu'on imagine fonctionne ou pas ; cela donne la possibilité d'analyser le phénomène. L'imaginaire est positif car il nourrit, active l'action de l'individu vers le réel. Il a un peu les qualités d'un jeu virtuel. Un individu normal ("idéal") passe facilement de l'imaginaire à l'analyse de la réalité. Il distingue et confronte les deux et donne la préférence à la réalité. Il fait des maths ou de la physique par exemple... ou du bricolage. Il travaille, etc.

La folie, c'est quand l'imaginaire fait irruption là où devrait se situer le réel et prend sa place sans que l'individu ne le maîtrise. Son délire se présente à lui alors sous le déguisement de la réalité. Dans la paranoïa hallucinatoire, le moment déclencheur, c'est justement l'apparition d'un élément imaginaire qui s'impose comme réel et qui se déclenche "comme un éclair dans un ciel sans nuages". L'individu qui passe par cette expérience en témoigne comme le moment qui pour lui a correspondu à "la destruction totale du monde". A partir de là, il mettra toutes ses forces pour reconstruire la réalité en lui recherchant un sens. Il le fera par le délire, d'abord. S'il raisonne et analyse, il le fait sans remettre jamais en cause les prémices de son délire qu'il défend comme si son existence même en dépendait. Ce qu'il faut préciser, c'est que tout cela est provoqué par son désir inconscient de toute puissance : pouvoir maîtriser la réalité. C'est cela qui le condamne à y rester. Pour en sortir, faut qu'il dé-construise sa construction "artefact" et accepte finalement le réel basiquement réel, et son impuissance.
15 lignes - j'arrête ici ce hors sujet.