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Demander à un vieil orateur indien aymara "de faire face à son passé" et vous n’obtiendrez qu’un regard vide pour toute réponse… tout simplement parce qu’il le fait déjà. Une nouvelle étude portant sur le langage et la gestuelle du peuple aymara en Amérique du Sud démontre que ces gens possèdent une conception inversée du temps. Les scientifiques ont toujours pensé que la métaphore spatiale de la notion du temps, basée en partie sur l'orientation et le mouvemen...

Il se trouve que traditionnellement, dans la Chine classique, on situait (je ne sais pas si c'est encore vivace) ses ancêtre devant et sa descendance derrière soi.

François Cheng en donne un exemple dans son Écriture poétique chinoise (Points) chez le poète Chen Zi-Ang, dans « Du haut de la terrase de You-Zhou » :

[Devant], je ne vois pas l'homme passé
[Derrière], je ne vois pas l'homme futur
Songeant au ciel-terre vaste et sans fin
Solitaire, amer, je fonds en larmes

Une note explique : « L'homme chinois [...] se place d'instinct dans la grande lignée humaine ; ainsi, il voit ceux qui l'ont précédé devant soi et il se voit entraîner derrière soi ceux qui vont venir. » Dans la traduction de François Cheng, « devant » et « derrière » sont traduits dans le respect du sens occidental, du reste.

Cela ferait quelque peu mentir l'article auquel je réponds, qui affime l'originalité de cette manière de concevoir le monde. Bien sûr, la vision chinoise des choses ne va pas jusqu'à inverser le point de vue autant que les Aymaras.

Merci de cette précision très intéressante