Vue du site des Prés de Laure en cours en fouille (2015) et détail sur le secteur ayant livré les restes de chevaux associés à l’arme de chasse Crédit image : ©Photographie du site de Guillaume Porraz (CNRS), ©Relevé photogrammétrique de Sabine Sorin (CNRS)
En 2015, les archéologues ont fait une découverte exceptionnelle avec la mise au jour d’une concentration de 11 petites pointes en silex distribuées de part et d’autre des restes d’un élément en os d’une dizaine de centimètres de longueur. Il aura fallu trois années d’étude aux chercheurs de toutes disciplines et de différents laboratoires pour recomposer l’objet et s’assurer de la validité de leur découverte. Dans un cadre interdisciplinaire associant géoarchéologie, analyse spatiale, études paléontologique (micro- et ultramicroscopiques, analyses ZooMS), pétrographique, technologique, fonctionnelle (analyse des fractures, des traces et des résidus) et expérimentale, les chercheurs ont pu reconstituer une arme de chasse prenant la forme d’une pointe en os armée sur ses bords de 11 barbelures fixées au moyen d’une colle. S’il était entendu que nos ancêtres gravettiens étaient chasseurs, la nature et la composition de leurs équipements nous échappaient encore en raison de la rareté de tels vestiges archéologiques.
Le site des Prés de Laure fournit à ce jour le plus ancien témoignage d’une arme de chasse composite (une pointe de nature organique doublée de barbelures d’origine minérale) et ouvre des perspectives de discussion nouvelles sur l’origine, la composition et l’évolution des armes de chasse au cours de la Préhistoire. Quant au mode de projection employé, l’arc, le propulseur ou à la main, il s’agit d’une question qui reste à élucider. Néanmoins, les éléments archéologiques à disposition conduisent les chercheurs à envisager des armements divers et des pratiques de chasse tout aussi variées qui s’adaptaient au milieu et à la nature des proies recherchées.
Détail sur les 11 barbelures en silex retrouvées en cours de fouille et proposition de reconstitution de l’arme de chasse après étude Crédit image : ©Dessins lithique des barbelures de Michel Grenet (atelier des Tilleuls), ©reconstitution graphique de l’arme de Carole Cheval (artcheograph.fr)
Antonin Tomasso, Veerle Rots, Louise Purdue, Sylvie Beyries, Mike Buckley, Carole Cheval, Dries Cnuts, Justin Coppe, Marie-Anne Julien, Michel Grenet, Christian Lepers, Mondher M’hamdi, Patrick Simon, Sabine Sorin, Guillaume Porraz. Gravettian weaponry : 23,500-year-old evidence of a composite barbed point from Les Prés de Laure (France). Journal of Archaeological Science
Contacts chercheurs:
- Louise PURDUE - Cultures et Environnements. Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge - CEPAM (Université Nice Sophia Antipolis/CNRS)
- Guillaume PORRAZ - Archéologie et Sciences de l’Antiquité (ArScAn)/Anthropologie des Techniques et des Territoires (AnTET) (Université Paris Ouest/CNRS)
- Antonin TOMASSO - TracéoLab / Préhistoire(Université de Liège)
Source: CNRS INEE