MIGRATION DES GÈNES NOMADES

Les sciences et techniques du passé...

Modérateur : Modérateurs

cpqt
Messages : 30
Inscription : 24/08/2014 - 19:59:07
Activité : Retraité

MIGRATION DES GÈNES NOMADES

Message par cpqt » 14/03/2021 - 17:49:18

Lorsque nos chemins se sont séparés des chimpanzés il y a 7 à 8 millions d'années, nos gènes ont également pris leur indépendance. Le prouve FOXP2, gène impliqué dans l'élocution qui a préféré se développer pour notre plus grand bonheur dans la branche des préhumains qui gambadaient en Afrique.

Il n'y a en effet plus de doute possible, notre berceau est bien africain puisqu'en étudiant les génomes contemporains, on a découvert que c'est sur ce continent que la diversité génétique est la plus importante : l'arbre des Homo Sapiens (à partir de 300 000 ans av. J.-C.) contient plusieurs branches de groupes africains, tandis que les non-africains n'ont droit qu'à une unique branche. Alors que foisonnaient les Sapiens dans tous les coins de l'Afrique, un groupe de fugueurs a décidé d'aller voir ailleurs. Connaissez-vous les Khoisans ? Non ? Pourtant, ils ont fait le succès du film Les Dieux sont tombés sur la tête (1980). Selon une étude génétique récente, ces habitants du nord du Botswana seraient les descendants les plus directs de nos ancêtres à tous, les Sapiens africains, apparus il y a 300 000 ans. Ne possèdent-ils pas un des plus anciens chromosomes Y jamais trouvé sur un homme d'aujourd'hui ?

Ainsi, il y a 200 000 ans, les aïeux des Khoisans se seraient installés en Afrique de l'Est, région autrefois verdoyante, et n'y auraient pas bougé pendant 70 000 ans, leur génome restant identique. Puis, rebutés par l'assèchement de la région, vers 70 000 ans av. J.-C, des petits groupes de quelques dizaines de personnes tout au plus se seraient déplacés jusqu'à franchir l’isthme de Suez et atteindre le Moyen-Orient puis l’Europe. 30 000 ans pour aller du Moyen-Orient en Europe, soit près de 3 km par génération ! Ce ne fut pas une migration mais un déménagement de proche en proche, le fils ou la fille quittant le foyer parental pour s’installer un peu à l’écart. Lorsque Sapiens, lors de sa longue marche, met le pied au Proche-Orient, il découvre vite qu'il n'est pas le premier occupant. Est déjà là, à l'observer, un individu à l'aspect trapu, au front fuyant et au menton inexistant. Original, ce Néandertal !

L'ADN nous indique que l'Asie aurait été peuplée en deux vagues principales. La première serait allée jusqu'en Australie en se mêlant au passage à l'homme de Denisova, un cousin de Néandertal. Mais elle aurait été submergée par la seconde, il y a 40 000 ans, de sorte que le code génétique des Asiatiques est plus proche de celui des Européens que de celui des Australiens, qui possèdent jusqu'à 6% de gènes denisoviens. Enfin, l'Amérique aurait été, quant à elle, peuplée par de petits groupes venus d'Asie il y environ 20 000 ans. Ils auraient profité de ce qu'à l'époque, on pouvait traverser à pied sec le détroit de Béring du fait des grandes glaciations. Sautons les millénaires et entrons dans un monde plus familier, celui des agriculteurs et des artisans. C'est encore, notons-le, l'ADN qui a permis de dater avec précision la naissance de l'agriculture grâce au séquençage des graines fossiles. Elle remonterait à 8 000 ans environ avant notre ère.

Mais c'est seulement entre 6 000 et 3 000 ans avant notre ère que l'agriculture a gagné l'Europe avec l'arrivée d'agriculteurs venus d'Asie mineure (la Turquie actuelle). Pour mieux comprendre l'évolution des populations de notre cher Vieux Continent, les paléogénéticiens ont encore bénéficié d'un cadeau du ciel avec la découverte d'Ötzi, en 1991, dans le Tyrol. D'après son ADN, il est apparu que ce chasseur de l'Âge du cuivre, qui a vécu il y a 5300 ans, avait peu à voir avec les habitants actuels des Alpes. La clé de l'énigme tient à ce que les populations européennes du Néolithique, dont il faisait partie, ont été en tout ou partie submergées par des populations d'éleveurs venues du nord de la mer Caspienne, il y a 5000 à 3000 ans, à l'Âge du Bronze. Ces populations pourraient être à l'origine de nos langues indo-européennes.

L'Odyssée des gènes (Évelyne Heyer – Flammarion) se poursuit jusqu'à nous, en revisitant aussi bien les Bantous (noirs d'Afrique centrale), les juifs de Boukhara que les Québécois et les Afro-Américains. Nous ne sommes sans doute qu'au début de nos surprises. La génétique appliquée à l'Histoire et aux migrations pourrait bousculer beaucoup de certitudes...
Source : https://www.herodote.net/L_ADN_fossile_ ... 05-554.php
https://www.herodote.net/Notre_Histoire ... ossier=554

Répondre