Idole de Pachacamac. Sur la dernière image, les flèches rouges marquent la présence de pigments rouges à base de mercure.© Marcela Sepulveda/Rommel Angeles/Museo de sitio Pachacamac
Grâce à une collaboration étroite avec le musée du site archéologique de Pachacamac (Pérou), une équipe de recherche internationale a pu mener des premières analyses inédites, non invasives et non destructives, de la polychromie de l’idole. Celles-ci ont tout d’abord révélé que le rouge n’est pas la seule couleur présente sur la pièce de bois: on trouve du blanc sur les dents d’un personnage et du jaune sur certaines coiffes.
Plus intéressant encore, les chercheuses et chercheurs ont pu déterminer la composition chimique des pigments et montrer que le rouge n’est pas du sang mais du mercure, sans doute issu de cinabre, un minerai de mercure connu depuis plus de 2.000 ans dans la région. Or, les sources de cinabres des Andes se trouvent à près de 400 km de Pachacamac, en altitude. L’idole a donc bien été peinte avec une intention, sans doute celle de montrer un pouvoir économique et politique en acheminant un pigment d’une région lointaine alors que d’autres étaient disponibles sur place.
Enfin, l’idole de Pachacamac a été datée au carbone 14 pour la première fois. L’objet a été façonné aux alentours de 731 après JC, probablement par les Waris, soit environ 700 ans avant l’apogée de l’empire Inca. Cela confirme que le site de Pachacamac avait déjà une importance rituelle locale avant l’arrivée des Incas, qui en feront par la suite l’un de leurs principaux centres de pèlerinage, au point d’abriter un oracle conseillant l’empereur lui-même.
Ces résultats s’inscrivent dans une large étude des objets et murs peints du site archéologique de Pachacamac visant à mieux comprendre les matériaux, pratiques et connaissances liés à la couleur dans les Andes, au cours de la période préhispanique.
Bibliographie:
Unraveling the Polychromy and Antiquity of the Pachacamac Idol, Pacific coast, Peru. Marcela Sepúlveda, Denise Pozzi-Escot, Rommel Angeles Falcon, Nicolas Bermeo, Matthieu Lebon, Christophe Moulhérat, Philippe Sarrazin et Philippe Walter.
PLOS ONE, le 15 janvier 2020: https://journals.plos.org/plosone/artic ... ne.0226244.
Source: CNRS