Reste que l'idée d'un déclin, si elle se vérifiait, pose des questions plus profondes: s'agit-il d'un déclin irréversible, ou sommes-nous juste dans un creux de la vague ? La sur-spécialisation est-elle un facteur qui nuit à la "disruption" ? La façon dont les fonds sont distribués est-elle un frein ? Ou le déluge informationnel, sachant que la communauté scientifique, elle aussi, produit beaucoup plus que ce que quiconque peut suivre dans sa propre discipline ? Enfin, d'un point de vue strictement économique -une réflexion que cette publication a entraînée ici et là- cela signifie que les investissements dans la recherche et le développement rapportent moins de "bénéfices".
Ou plus simplement, il suffit de demander aux gens concernés, c'est à dire aux chercheurs "modernes" ce qu'ils entendent par "science" et comment il s'y prennent pour coller au modèle scientifique.
La réponse est assez claire dans son ensemble... : "La science c'est du sérieux et on n'est pas là pour faire de la philosophie."
Il suffit de lire quelques pages au hasard d'un ouvrage du 19eme pour se rendre compte de l'immense écart méthodologique qui sépare la conception de leurs auteurs de celle de nos ingénieurs d'aujourd'hui.
Un exemple parmi tant d'autres : Jean-henri FABRE
La rigueur de la méthode scientifique, la recherche sur le terrain et les expérimentations, les réflexions philosophiques, y sont intégrées dans une foule de souvenirs d'enfance, de récits émouvants sur les personnages étranges du monde des insectes, mais aussi les joies de la découverte et les drames de la vie. À la fois, scientifique, poétique et lyrique, l'ensemble constitue un « hymne à la nature et à la connaissance »1,2.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Souvenirs_entomologiques
https://www.e-fabre.com/e-texts/memoire ... ologie.htm
Notez dans ce dernier document le nombre d'affirmations que l'auteur ne se prive pas de fournir, sachant que les lecteurs éduqués sauront implicitement les interpréter comme des hypothèses, ainsi que les nombreuses questions que se pose ouvertement le scientifique, sans peur de passer pour un ignorant. Un chercheur ça cherche, un ingénieur ça sait.
Comment s'étonner alors que des physiciens puissent passer leur vie à essayer de faire parler des formules (qu'on finira par déclarer caduques un jour ou l'autre), tels des voyants devant leur boule de cristal, alors qu'il leur suffirait de faire parler la Nature, concrètement, sur le terrain ?
Le gigantisme des expériences qu'ils s'imposent par manque d'imagination, et la faible portée de leurs résultats (comprendre pour comprendre pour comprendre pour comprendre...) est d'une certaine manière symptomatique de la voie empruntée.
Un petit exposé sur le Modèle Standard de la physique (en 30 minutes, c'est un tour de force) et qui met en lumière une certaine méthode rappelant étrangement les épicycles... du moins c'est ce que permet de constater "l'histoire de sciences" (totalement inutile du point de vue de la majorité des scientifiques à notre époque) :
FAUT-IL ENCORE CONSTRUIRE DES MODÈLES AU-DELÀ DU MODÈLE STANDARD EN PHYSIQUE DES PARTICULES ?
https://www.youtube.com/watch?v=zddt6MjIBnU
Les épicycles.
Le modèle héliocentrique
Avec les épicycles, les astronomes (qui à l'époque étaient aussi mathématiciens) ne réussissaient pas à prévoir parfaitement les mouvements des planètes. Au XVIe siècle, Copernic place, par ses observations, le Soleil au centre du système (héliocentrisme), ce qui supprime l'utilité de certains épicycles pour rendre compte des rétrogradations des planètes. Ce nouveau système restait complexe car les planètes suivaient toujours des mouvements circulaires et n'était pas beaucoup plus précis que le modèle de Ptolémée.
Au XVIIe siècle, Kepler argumente aussi contre les épicycles. Dans son Astronomia Nova publié en 1609, il explique que les épicycles doivent être considérés comme des artifices mathématiques. Il continue à les utiliser comme moyen de modéliser les effets de forces physiques (motrices puis magnétiques) en jeu pour lui dans le système solaire3. Son approche physique était révolutionnaire : même Galilée qualifia de puérile l'idée d'une force (que Kepler appliquait aussi à la Lune) qui agirait directement sur les eaux de la Terre pour provoquer les marées. Les travaux de Kepler sur l'orbite elliptique mettent fin à l'utilisation des épicycles.
Extension
Désigne une théorie préférée au mépris du principe d'économie ou Rasoir d'Ockham, souvent par dogme. C'est une référence à Galilée qui lutta contre cette théorie sophistiquée en expliquant le mouvement des planètes d'une façon toute simple : c'est la Terre qui tourne autour du Soleil.
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picycle