Bonjour
En principe, aucune raison fondamentale ne s’oppose à l’idée d’une intelligence mais aussi et surtout une conscience artificielle !
Pourtant, de nombreux penseurs contestent cette conclusion. Certains estiment que la conscience ne serait se réduire au seul traitement de l’information. Manipulez l’information autant que vous le souhaitez, disent-ils, jamais il n’en sortira une expérience consciente subjective. Le philosophe Ned Block, de l’Université de New York, concède que le mécanisme de l’espace de travail global pourrait expliquer l’accès à la conscience, mais il l’estime fondamentalement incapable d’élucider ce que sont les qualia -les quanta d’expérience subjective, les états d’âme à l’état brut, « ce que cela fait » de ressentir une rage de dents ou la beauté d’un coucher de soleil. David Chalmers, filosophe à l’Université d’Arizona, est célèbre pour sa distinction, dans le domaine de la conscience, entre ce qu’il appelle les problèmes faciles et le problème difficile.
Les problèmes faciles, selon lui, consistent à expliquer les nombreuses fonctions du cerveau : comment reconnaît-il un visage, un mot ou un paysage ? Comment extrait-il des informations des organes des sens et les utilise-t-il pour guider nos gestes ? Comment produisons-nous des paroles pour décrire ce que nous ressentons ? « Bien que toutes ces questions soient reliées à la conscience, écrit Chalmers, elles portent toutes sur les mécanismes objectifs du système cognitif, et par conséquent, nous avons toutes les raisons de penser que la poursuite des efforts en psychologie cognitive et en neuroscience finira par y répondre. Le problème difficile, lui, est d’une tout autre nature. Il s’agit de « savoir comment les processus physiques du cerveau engendrent l’expérience subjective, le ressenti propre à chaque personne.
Lorsque nous voyons, par exemple, nous ressentons des sensations visuelles telles qu’un bleu intense. Ou bien pensez au son ineffable d’un hautbois dans le lointain, au calvaire d’une douleur aiguë, à la chaleur d’un instant de bonheur, ou à la qualité médiative d’un moment où nous nous perdons dans nos pensées….Ce sont ces phénomènes-là qui constituent le réel énigme de l’esprit ».....
Mon sentiment est que Chalmers s’est trompé dans ses étiquettes : ce sont les problèmes supposés faciles qui présentent un vrai défi scientifique, tandis que le problème difficile ne nous paraît ardu que parce qu’il fait appel à des intuitions imprécises. Une fois revisité à l’aune des neurosciences cognitives et de l’informatique, le problème difficile de Chalmers s’évaporera sans laisser de traces.
Ce ne sera pas la première fois que la science remettra en cause nos intuitions les plus sûres (pensez au lever de soleil, qui est en fait une rotation de la Terre dans le sens opposé).
